Homélie de Mgr Laurent Ulrich - Appel décisif des catéchumènes adolescents à Saint-Roch
Samedi 15 mars 2025 - Saint-Roch (1er)
– Voir l’album-photos de la célébration.
– Lc 19, 1-10
Samedi dernier, nous étions à Notre-Dame avec 670 adultes de ce diocèse de Paris qui veulent, comme vous, être baptisés. Et, à ce chiffre, s’ajoute le vôtre, cet après-midi, qui nous dit combien le baptême est aujourd’hui désiré par beaucoup dans une société qui n’aime pas trop entendre parler de Dieu. Et pourtant, il y a un mouvement important qui se dessine dans notre pays, et probablement dans d’autres, pour dire : « Ce n’est pas parce que la société ne veut pas entendre parler de Dieu, de l’Évangile, de Jésus-Christ, que Dieu, l’Évangile et Jésus-Christ ne se font pas entendre eux-mêmes ! » Ils sont capables de passer par des cœurs comme les vôtres, qui cherchent, qui attendent une vie qui ait du sens, qui attendent une vie qui soit capable de se donner, qui attendent une vie qui soit capable d’aimer non pas simplement de façon passagère mais de façon durable.
Le texte de l’évangile de saint Luc, que nous venons d’entendre, que l’on connaît bien sous le nom du récit de Zachée qui cherchait à voir Jésus, en est l’illustration et montre combien, de siècle en siècle depuis que l’Évangile est annoncé, l’exemple de Zachée peut servir, peut être comme une image portée devant nous pour nous faire comprendre comment se passe ce chemin avec Jésus, et comment la recherche de Dieu, avec la personne de Jésus-Christ, s’accomplit.
Le personnage de Zachée est interpellé par Jésus qui lui dit : « Zachée, il faut que je descende chez toi ». C’est la première chose que nous entendons. Je laisse de côté dans le commentaire d’aujourd’hui, le fait qu’il soit de petite taille, qu’il coure…etc. Ce qui m’intéresse à l’instant, c’est Jésus qui le remarque et qui lui dit : « Je dois descendre chez toi ». Et un certain nombre d’entre vous, dans les lettres que vous m’avez adressées, disent quelque chose comme cela : « Jésus m’a fait signe. » Je l’ai lu au moins dans une lettre, et beaucoup le disent à leur façon : « Il m’a donné de la joie, dans la vie que je mène : une vie encore jeune mais qui n’en est pas moins une vie qui a eu des souffrances, qui a eu des difficultés, qui a rencontré des soucis, des peines, des maladies, des désaccords familiaux. Car voilà que, de quelque façon que ce soit, par le fait d’un ou d’une amie, par le fait d’un adulte avec qui on a parlé, par le fait d’une rencontre d’aumônerie ou de pastorale, la rencontre de Jésus a été au plus profond de moi. Et j’ai découvert qu’il y avait avec lui de la joie à vivre, à aimer, à se donner, à écouter les autres. Il y avait de la joie à travers même les souffrances que l’on peut vivre. Chez Zachée, il y avait la souffrance d’être méprisé à cause de son métier mal vu. Alors, nous pouvons retenir cela : Jésus déjà introduit dans le cœur une joie que, semble-t-il, rien ne pourra faire disparaître.
Il est clair qu’à travers l’histoire chrétienne, des millions et des millions de gens ont pu dire cela : « J’ai découvert Jésus, il m’a donné de la joie, même dans les circonstances difficiles de l’existence. » Cela est premier.
Ensuite, il y a une deuxième chose que l’on entend dans ce texte. C’est qu’il y a des gens qui ne sont pas d’accord avec l’attitude de Jésus qui vient à la rencontre de tout le monde, quelle que soit la situation d’un homme, d’une femme, d’un jeune, d’un moins jeune, d’un malade, d’un handicapé, de quelqu’un qui est méprisé. Quelle que soit sa situation, Jésus est capable de s’introduire dans son cœur et de le faire vivre. Mais il y a des gens pour penser que c’est une erreur, qu’il aurait mieux fait de s’adresser à d’autres, qu’on n’en est pas digne. Et pourtant il le fait.
Je crois bien que, quand vous manifestez le désir d’aller à la suite de Jésus, de l’aimer comme il vous aime, de le faire grandir en vous comme il désire que vous grandissiez, il y a forcément des gens qui trouvent cela très beau, et aussi des gens qui veulent vous en détourner. Des gens qui critiquent, qui disent que c’est une illusion, que cela ne durera pas : « Qu’est-ce que c’est que ces histoires chrétiennes qui ne tiennent pas debout ! » Cela existe dans le monde d’aujourd’hui et vous le savez, vous en avez déjà fait l’expérience. Vous avez déjà voulu montrer votre joie d’être croyant et vous avez pu être rebuté par des réactions désagréables à votre égard. Ces réactions s’appliquent à vous mais, très profondément, elles s’appliquent à Jésus et veulent l’éloigner de nous. C’est donc quelque chose qui se passe aussi dans la vie que l’exemple de Zachée nous permet de comprendre.
À partir d’un moment de la vie de Jésus, il y a une opposition croissante à ce qu’il dit et à ce qu’il fait. Quand il fait du bien, quand il guérit, quand il sort les gens qui sont en situation difficile de leur esclavage, il y a des gens que cela contrarie et qui ne peuvent pas le supporter. Et, vous gardez - et j’espère que vous garderez toute votre vie - cette assurance que Jésus est là pour vous aider à marcher, pour vous faire sortir des difficultés.
La troisième chose qui arrive à Zachée, c’est qu’ayant reçu Jésus avec joie, il lui dit : « Je vais maintenant partager, au lieu de garder pour moi, et je vais réparer si j’ai fait du mal. » De cela aussi vous êtes conscients. J’ai lu dans quelques lettres des formules que j’ai retrouvées autrement dans d’autres, qui disent : « Ayant trouvé Jésus, l’ayant accueilli dans ma vie puisqu’il a voulu y entrer, maintenant je voudrais devenir « quelqu’un de bien », quelqu’un qui soit ouvert aux autres. » Devenir un adolescent, puis un adulte ouvert aux autres, grâce à l’amour de Jésus, voilà qui est une aventure extraordinaire, qui va vous mettre devant des routes de la vie qui seront complétement changées, qui seront complétement nouvelles, qui seront jour après jour nouvelles, en permanence nouvelles. Voilà qui est étonnant ! Chaque jour vous apprendrez avec lui que c’est un jour nouveau pour aimer : c’est un jour nouveau pour rejoindre le monde autour de vous. C’est un jour nouveau pour témoigner d’un amour qui ne cesse pas et qui ne s’adresse pas à des gens biens choisis mais à tout le monde.
Alors, entendre dire : « Je voudrais devenir « quelqu’un de bien », je voudrais être ouvert aux autres » - quelqu’un d’entre vous dit cela et beaucoup le disent à leur façon - c’est très encourageant. Être prêt à se battre, un peu contre soi-même bien sûr, parce que j’ai lu aussi d’autres formules, comme « il m’a ouvert les yeux, il m’a accueilli, il est venu chez moi, il m’a fait du bien, et aujourd’hui je sais que, pour lutter contre des tendances qui sont en moi et qui veulent céder au mal, céder à des actions mauvaises que pourtant je ne veux pas faire, j’ai besoin de son secours, de sa présence, de sa force, j’ai besoin de son amour que j’ai expérimenté et je sais qu’il peut m’entrainer sur des chemins de bonté, de droiture, de vérité, de justice, d’amour fraternel, d’entraide et d’ouverture à la vie qui ne finit pas, avec lui. »
Voilà l’aventure de Zachée en trois images ; voilà l’aventure sur le chemin de laquelle vous vous trouvez. Ensemble, nous sommes là pour invoquer le Seigneur et lui dire : « Ce qui a commencé en moi, ce qui a commencé en nous - et j’espère que tous ceux qui vous accompagnent, et pas seulement vous qui demandez le baptême, peuvent entendre aussi cet appel - ce qui a commencé en moi il y a quelques semaines, quelques mois, quelques années, ce qui a commencé en moi éventuellement aujourd’hui en voyant 280 jeunes demander le baptême, pourvu que cela se continue en moi et se fortifie avec l’aide du Seigneur, la force de son Esprit et l’amour de Dieu pour tous les hommes. »
Qu’il en soit ainsi pour chacun d’entre nous.
Mgr Laurent Ulrich, archevêque de Paris