Jérémie et la gestion des émotions

Chronique de Mgr Renauld de Dinechin : « Une certitude, le Seigneur appelle. Une tentation : « surement pas moi ; parler devant les autres me fait trembler ». Voilà la tentation : s’arrêter à ses émotions. Se fier à ses ressentis intérieurs plutôt que d’accueillir l’appel extérieur. »

Chronique de Mgr Renauld de Dinechin : Jérémie et la gestion des émotions


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Chronique Jérémie et la gestion des émotions

Faut-il être fier de sa religion ? Beaucoup de chrétiens aimeraient être fier de leur foi, et se sentent timides !

Jérémie le prophète est une personnalité attachante. Un jeune homme ardent, sensible, timide. Le Seigneur va lui donner une mission. Une mission de prophète. Il devra parler devant les hommes. Paradoxe pour un Jérémie timide, hyper sensible. Emotif. Difficile pour lui de parler en public. On aurait envie de dire « erreur de casting » ! Jérémie en est conscient. Quoiqu’idéaliste, il est réaliste. Rien n’y fait ; le Seigneur l’a choisi : « Ne dis pas ‘je suis un enfant !’ Vers tous ceux à qui je t’enverrai, tu iras. Tout ce que je t’ordonnerai, tu le diras. N’aie aucune crainte en leur présence car je suis avec toi pour te délivrer » !
A sa place, on serait tenté de répondre : Seigneur, je veux bien aller vers eux. Quant à ne pas trembler devant eux… Impossible !

Souvent des adolescents disent la difficulté de s’affirmer chrétien au collège. Face aux moqueries, difficile de rester ferme ! Juliette m’écrivait : m’écrivait : « J’aimerais que ma confirmation me donne le courage de m’exprimer sans honte sur mes convictions chrétiennes. C’est le point sur lequel j’ai le plus de mal. J’ai l’impression que je ne suis pas, en quelque sorte, fière de ma religion ».

A Jérémie, le Seigneur affirme – non sans provocation - : « Ne tremble point devant eux, sinon c’est moi qui te ferait trembler devant eux ! »

[Dieu a souvent choisi des hommes qui n’avaient pas le don de la parole… au départ tout au moins : de Moïse qui disait « ma langue est malhabile » à Paul dont on se moquait « il écrit de belles lettres, mais quand il est devant nous sa parole est nulle », en passant par Jérémie qui se plaint « je ne sais pas parler je ne suis qu’un enfant », beaucoup de prophètes de premier plan n’avaient pas la parole aisée].

Une certitude, le Seigneur appelle. Une tentation : « surement pas moi ; parler devant les autres me fait trembler ». Voilà la tentation : s’arrêter à ses émotions. Se fier à ses ressentis intérieurs plutôt que d’accueillir l’appel extérieur.
Alors chaque jour : conquérir la confiance en soi. Plutôt, la confiance en Dieu présent en soi. C’est ça la crainte de Dieu. Ce n’est pas la peur de Dieu. C’est la crainte de lui manquer de respect. C’est craindre de ne pas le servir dans nos frères.

[Bienheureux es-tu si comme Juliette tu as essuyé la moquerie à cause de ta foi, ou comme Jérémie tu as tremblé à l’idée de parler devant d’autres… tu es sur le chemin du don de crainte. Si fécond chez le prophète !]

Année de l’appel (2013-2014)

Culture de l’appel : Chronique audio de Mgr de Dinechin