L’accompagnement comme maître-mot du Synode sur la famille

Paris Notre-Dame du 29 octobre 2015

P. N.-D. – Quelles sont les orientations prises par le Synode ?

Cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris, président délégué au Synode des évêques sur la famille.
© Trung Hieu Do / Diocèse de Paris

Cardinal André Vingt- Trois – D’abord, nous avons fait un bilan circonstancié de la situation des familles dans les différentes aires géographiques et cultures. Ensuite, nous avons appelé les Églises particulières à investir dans l’accueil des candidats au mariage et dans leur formation humaine et chrétienne, comme dans l’accompagnement des familles à travers les différentes étapes de leur histoire. Enfin, nous avons cherché ensemble comment exprimer et mettre en œuvre la miséricorde du Seigneur pour toutes les familles blessées : parents isolés, familles soumises à la violence, séparées ou recomposées, etc. Face à toutes ces contraintes qui les marquent, l’Église est appelée à se faire proche des plus fragilisés. C’est un des éléments principaux de sa mission pastorale et les familles elles-mêmes sont appelées à prendre leur part de cet engagement. L’un des maîtres-mots du Synode est celui de l’accompagnement. Nous sommes appelés à accueillir et accompagner les personnes et les familles dans ce qu’elles vivent, au point où elles en sont de leur itinéraire spirituel.

P. N.-D. – Faut-il retenir que les divorcés-remariés pourront communier ?

Card. A. V.-T. – Une participation plus forte des personnes divorcées-remariées ne se décide pas par un décret général. Nous attendons ce que le pape conclura, mais l’esprit dans lequel nous avons fait nos propositions est celui d’un accompagnement personnel de celles et ceux qui s’engagent dans une vie chrétienne régulière. Cela veut dire la relecture de leur histoire, la participation à la vie d’une communauté chrétienne, notamment par l’eucharistie dominicale, l’exercice des responsabilités à l’égard des enfants et des pauvres, etc. Nous avons souhaité que certaines interdictions soient réexaminées pour exercer des fonctions dans l’Église – être parrain ou marraine par exemple – et avons invité les personnes divorcées-remariées le souhaitant à entrer dans un cheminement d’examen de conscience et de conversion avec l’aide d’un accompagnement personnel dans la durée. L’accès aux sacrements et, notamment, à la confession et à la communion en relève ainsi que d’une décision mûrement éprouvée dans l’Esprit Saint.

P. N.-D. – Allons-nous vers une évolution dans le fonctionnement de l’Église ?

Card. A. V.-T. – Le temps du Synode a été marqué par la commémoration du cinquantième anniversaire de sa création par Paul VI. Le pape a fait un discours important sur la nature « synodale » de toute l’Église. Il a insisté pour que cette pratique synodale soit appliquée, avec les aménagements qui conviennent, à tous les niveaux de l’Église : paroisse, diocèse et Église universelle, par la mise en œuvre des conseils qui associent fidèles et prêtres dans une même démarche de discernement. C’est ce que nous essayons de mettre en pratique à Paris. Dans ce contexte, le pape a situé son ministère de successeur de Pierre comme celui qui garantit l’unité de la foi dans la fidélité à la tradition vivante de l’Église et qui conclut le temps du discernement par la décision lui revenant. C’est dans l’exercice de ce ministère qu’il peut publier ses décisions dans un texte qui conclurait le Synode. • Propos recueillis par Ariane Rollier

Synodes sur la famille

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