Message du cardinal André Vingt-Trois aux catholiques de Paris : La transmission de la Bonne Nouvelle aux enfants
15 septembre 2013
À l’occasion de la Journée pour la jeunesse dans le diocèse, dimanche 15 septembre, Mgr Vingt-Trois a souhaité s’adresser à tous les catholiques parisiens.
La mission de l’Église est d’annoncer le Christ, de transmettre sa parole d’espérance, d’expliquer ses appels à la conversion de vie, de mettre en œuvre une fraternité entre ceux qui le suivent. En répondant à cette mission, l’Église contribue à une meilleure qualité de la vie en société.
En cette Année de la foi, chacun est invité à redécouvrir comment s’est éveillée sa propre expérience de foi. Pour beaucoup de chrétiens les premiers pas sur ce chemin de foi a pris forme au sein du noyau familial : initiation aux principaux signes de la foi, premières prières, découverte des grandes figures bibliques… Si cette première initiation chrétienne est appelée à se transformer au long de la vie, il est certain que c’est au cours du premier âge de la vie que se mettent en place les éléments qui vont structurer l’existence.
Aujourd’hui comment pouvons-nous permettre aux enfants tels qu’ils sont, de réaliser cette première expérience de la foi ? Beaucoup de parents sont préoccupés de la manière dont ils vont pouvoir élever leurs enfants. Conscients de leurs responsabilités, ils souhaitent leur apporter ce qu’il y a de meilleur pour leur avenir. Donner à chaque enfant la possibilité de connaître le Christ et de choisir de le suivre, fait partie de ce qui permettra à celui-ci de trouver sa pleine dimension.
Un certain nombre de parents ne savent pas très bien comment atteindre cet objectif. Des familles ne se sentent pas compétentes, ou sont peu motivées ou ne se voient pas légitimes pour leur transmettre elles-mêmes la foi. D’autres familles au contraire peuvent mieux assumer la décision prise au moment du baptême de leur procurer une éducation chrétienne. Il arrive également de plus en plus souvent que des enfants qui n’ont pas été baptisés découvrent le Christ par leurs camarades qui eux-mêmes participent au catéchisme.
Quelles que soient les situations, n’oublions pas que le premier pédagogue de la foi, c’est l’Esprit Saint qui parle au cœur de tout homme, y compris au cœur des enfants. Il leur fait entendre la parole du Christ et leur permet de comprendre ce qu’elle veut dire pour eux. Nous sommes au service de cette pédagogie de l’Esprit Saint. En découvrant la personne et le message du Christ, chaque enfant peut trouver un chemin de liberté pour orienter sa vie, parce que la vérité rend libre (Jn 8, 32).
La mise en œuvre des nouveaux horaires scolaires dans les écoles de la Ville de Paris entraîne nécessairement des changements dans la pratique hebdomadaire du catéchisme. Tous les enfants suivront des cours le mercredi matin. Ce changement de rythme, annoncé depuis plusieurs mois, a été préparé dans la plupart des paroisses. Étant donné l’enjeu considérable que représente le catéchisme, je vous propose de ne pas nous contenter de transférer les activités du mercredi matin sur un autre créneau horaire, mais de saisir cette occasion pour mener ensemble une réflexion approfondie sur notre responsabilité commune à l’égard des enfants.
En effet, l’expérience de la foi ne se réduit pas simplement à savoir que Dieu existe et à apprendre à prier, c’est aussi entrer progressivement dans le peuple de la foi qui est l’Église. La première expérience de l’enfance doit se construire et se développer à partir d’une initiation à la vie ecclésiale, c’est-à-dire s’appuyer sur la foi partagée avec d’autres, et par l’initiation à la vie des sacrements. C’est la responsabilité des communautés chrétiennes de proposer à toutes les familles, la possibilité d’emprunter ce chemin d’initiation, en soutenant la démarche des enfants et en l’accompagnant.
Ce serait une illusion de croire que la société dans laquelle nous vivons est une société neutre. Elle véhicule des valeurs, des conceptions de la vie, des choix moraux qui s’imposent progressivement à ceux qui n’ont pas la capacité de réagir. Il faut soigneusement accompagner les enfants, car ils découvriront rapidement que la vie chrétienne à la suite du Christ constitue une différence par rapport à ce que tout le monde pense. Ceci est d’autant plus vrai qu’autrefois la plupart des enfants allaient au catéchisme, alors qu’aujourd’hui beaucoup font l’expérience d’être des cas particuliers quand ils y vont.Cela suppose donc que la décision d’aller au catéchisme soit bien assumée et que l’on prenne les moyens de persévérer dans cette décision.
Chaque communauté chrétienne est solidairement responsable des générations qui viennent et nous devons tous prendre notre part de cette responsabilité selon nos moyens, soit en se formant pour être catéchiste, soit en offrant du temps pour encadrer des enfants, soit en encourageant ceux que nous connaissons à faire le premier pas.
Que sera demain ? Bien des éléments nous échappent ! Mais la question à laquelle nous devrons faire face, c’est d’abord celle de la modalité de la transmission et du témoignage de la foi. Cette question prend une coloration particulière dans chaque communauté chrétienne. C’est pourquoi je souhaite que, dans chaque paroisse, tous ceux qui ont une responsabilité à l’égard de la jeunesse (parents, membres du conseil pastoral, catéchèse, servants d’autel, pôle ado, mouvements, etc.) travaillent ensemble et partagent leur expérience ou leur questionnement, afin de mieux assumer, dans un même engagement pastoral, l’accompagnement des enfants jusqu’aux grands jeunes.
+ André cardinal VINGT-TROIS,
archevêque de Paris