Le Décalogue commenté par un rabbin et un prêtre
Paris Notre-Dame du 27 octobre 2016
Le Collège des Bernardins (5e) et l’Institut Elie Wiesel (10e) renforcent leur coopération. Pour la première fois, ils s’associent pour proposer au grand public un cours sur les Dix commandements avec une voix juive, le Grand Rabbin Gilles Bernheim, et une voix chrétienne, le P. Éric Morin.
Paris Notre-Dame – D’où est venue l’idée de cet enseignement sur le Décalogue ?
P. Éric Morin – De puis son inauguration en 2008, le Collège des Bernardins collabore régulièrement avec l’Institut Élie Wiesel au travers de séminaires de recherche et d’échanges d’enseignants. Ce partenariat d’amitié s’est mis en place parce que nos deux institutions se ressemblent, elles sont toutes les deux des espaces de formation et de dialogue avec le monde. Depuis longtemps, nous avions envie de construire un cours commun destiné au grand public. Cette année, nous avons décidé de sauter le pas. J’ai proposé le sujet du Décalogue, car je me souvenais d’une discussion avec le P. Jean- Marie Lustiger, en 2007, peu de temps avant sa mort : pour lui, les chrétiens et les Juifs connaissent déjà leurs différences, donc devraient se mettre non pas face à face pour discuter de ce qui les sépare, mais côte à côte, face au monde, pour donner le Décalogue. Notre monde a besoin d’entendre cette parole prophétique que Dieu adresse à l’humanité. Nous avons intérêt à unir nos forces pour annoncer le Dieu unique.
P. N.-D. - Qu’attendez-vous des échanges avec le Grand Rabbin Gilles Bernheim ?
P. É. M. – Je ne m’attends pas à de la contradiction, mais à un vrai dialogue des interprétations. Par exemple, nous pourrons approfondir la question suivante : un des dix commandements est-il plus grand que les autres ? Nos dix premières séances seront chacune consacrées à un des Dix commandements, et la dernière rencontre sera centrée sur l’étude de la phrase « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Lv 19, 18). Pour moi, les Juifs et les chrétiens peuvent s’épauler les uns et les autres pour entrer dans l’adoration du vrai Dieu unique et non pas de l’image qu’on s’en fait. Je suis intimement convaincu que nous avons besoin de nos frères et soeurs des autres religions pour ne pas tomber dans l’idolâtrie, autrement dit, pour respecter le premier commandement de Dieu : « Tu n’auras pas d’autres dieux en face de moi » (Ex 20, 3). Il y a toutes sortes de forme d’idolâtrie. Dans la religion chrétienne, il existe, par exemple, une tendance à la « christolâtrie », c’est-à-dire à une adoration du Christ qui occulte l’obéissance de celui-ci à son Père. Un chrétien peut tomber dans ce travers s’il évacue l’Ancien Testament. Le dialogue interreligieux est un lieu privilégié pour prendre conscience du manque de pureté dans notre rapport à notre propre religion, de la présence de petites idoles dans notre cœur. • Propos recueillis par Céline Marcon
Programme
Du 9 novembre 2016 au 14 juin 2017, l’enseignement sur le Décalogue sera donné conjointement par Gilles Bernheim, ancien Grand Rabbin de France et directeur de la chaire Solidarité, judaïsme et action sociale de l’Institut universitaire d’études juives Elie Wiesel, et le P. Éric Morin, coordinateur de l’École Cathédrale au sein du Collège des Bernardins. Lors des onze séances, les intervenants présenteront tour à tour un exposé, avant de prendre un temps d’échange entre eux et avec l’assemblée. Les première et dernière séances se dérouleront au Collège des Bernardins, tandis que les neuf autres auront lieu à l’Institut Elie Wiesel. On peut assister à chaque séance indépendamment des autres. • C. M.
Entrée payante. Possibilité de s’inscrire sur place dans la limite des places disponibles.
L’Institut Élie Wiesel : 119 rue La Fayette (10e) ; 01 53 20 52 61 ; www.instituteliewiesel.com
Collège des Bernardins : 20 rue de Poissy (5e) ; www.collegedesbernardins.fr