Terre Sainte : « Prier pour la paix »

Paris Notre-Dame du 23 octobre 2023

Le P. Thierry Vernet, curé de St-Jean des Deux-Moulins (13e), délégué diocésain des relations avec le judaïsme et enseignant au Collège des Bernardins, revient sur les tragiques événements en Israël du 7 octobre.

Le rabbin de la grande synagogue de la Victoire, Moshé Sebbag, sonne du choffar à la fin de la prière pour les victimes en Israël.
© Alain Azria

Paris Notre-Dame – Mardi 10 octobre, vous avez partagé, avec le P. Christophe Le Sourt – directeur du Service national pour les relations avec le judaïsme (SNRJ) au sein de la Conférence des évêques de France (CEF) –, un temps de prière à la synagogue de la Victoire (9e)...

P. Thierry Vernet – Face à cette situation qui nous laisse très démunis, à l’émotion qui est la nôtre, on ne sait jamais trop quoi faire, si ce n’est prier, se tourner vers Dieu pour crier sa tristesse et son espérance. Nous étions plusieurs représentants religieux – l’imam de Drancy, Hassen Chalghoumi, Christian Krieger, président de la Fédération protestante de France, et Anthony Boussemart, co-président de l’Union bouddhiste de France – à nous unir pour prier pour les victimes, pour la communauté juive qui se trouve en France et qui a beaucoup de liens avec Israël, et, bien sûr, pour la paix. Nous avons pu constater combien les fidèles présents à la synagogue ce soir-là étaient sensibles à ce soutien spirituel et fraternel.

P. N.-D. – Par vos fonctions, vous êtes très en lien avec la communauté juive de Paris. Comment avez-vous vécu cette actualité ?

T. V. – « Sidération » est le mot qui me vient à l’esprit spontanément, face à cette horreur perpétrée le jour de Sim’hat Torah [« La joie de la Torah » NDLR], et qui touche des personnes que je connais personnellement : beaucoup de juifs autour de nous ont de la famille là-bas, beaucoup de jeunes vont être mobilisés. Comme prêtre, je me suis senti comme touché au cœur ; cela a transformé ma manière de dire la messe du jour, en priant plus spéciale- ment pour la paix. Plusieurs événements étaient organisés cette semaine-là dans le cadre du dialogue judéo-chrétien, notamment au Collège des Bernardins, avec l’exposition du Cri des Justes, d’une troublante actualité, ou encore l’inauguration du cycle de conférences « “Yeshiva” - juifs et chrétiens en dialogue », qui donne la parole à un rabbin et à un exégète chrétien pour lire l’Écriture à l’école des rabbins et permettre de faire dialoguer juifs et chrétiens à un niveau plus intellectuel, plus profond. Toutes ces initiatives, qui ont été imaginées dans un climat joyeux et relativement serein, ont pris, ces derniers jours, une autre couleur mais restent essentielles. Cela peut paraître dérisoire, mais dans le judaïsme, l’étude conduit à Dieu.

P. N.-D. – Que peut-on faire en tant que chrétiens parisiens ?

T. V. – Il est important de montrer notre soutien, d’exprimer que les chrétiens sont avec eux dans les fêtes joyeuses, mais aussi dans les difficultés, les drames et les tragédies ; que notre amitié est sincère et qu’elle ne se contente pas seulement de déclarations. Il nous faut aussi prier, avec eux et pour eux. C’est le sens de ce que nous avons vécu ce mardi 17 octobre, lorsque Mgr Laurent Ulrich, archevêque de Paris, a relayé l’appel du cardinal Pierbattista Pizzaballa, patriarche latin de Jérusalem, à vivre une journée de jeûne et de prière dans les paroisses, services, associations et mouvements de notre diocèse, et à célébrer la messe à l’intention de la paix en Terre Sainte. Prier pour la paix, c’est aussi prier pour que toutes les initiatives qui se font là- bas, dans l’ombre, entre juifs et arabes (je pense à des groupes de prières, de dialogues, ou à des associations d’actions communes) – véritables « tisserands » de paix qui raccommodent ce qui est déchiré–, ne soient pas anéanties. Il est si difficile de construire, et si facile de détruire. Prions pour que la violence n’engendre pas davantage le désir de violence, ici et là-bas.

Propos recueillis par Charlotte Reynaud

À lire
Mgr Laurent Ulrich, archevêque de Paris, relaie l’appel du pape à « une nouvelle journée de jeûne, de pénitence et de prière pour la paix ce vendredi 27 octobre, journée à laquelle [sont invités] chaque Église particulière, mais également les sœurs et les frères des différentes confessions chrétiennes, ceux qui appartiennent à d’autres religions et tous ceux qui chérissent la cause de la paix dans le monde, à s’unir. »

Article de Paris Notre-Dame – 23 octobre 2023

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