Ordonnance de Kaltenbrunner, chef de l’Office central de sécurité du Reich du 3 décembre 1943

Ordonnance contre « l’activité de l’action catholique française parmi les travailleurs français dans le Reich ».

« En toute hypothèse, il est certain que, depuis les démarches [du père Jean] Rodhain[, aumônier général des prisonniers de guerre,] à Berlin au tournant de 1942-1943 et les renseignements qu’il avait alors communiqués à ses interlocuteurs, la Gestapo a pu prendre une conscience de plus en plus nette du désir, inlassablement exprimé, d’une aumônerie française pour les Zwangsarbeiter français dans le Reich. Il est certain que la messe du 16 mai 1943 à la Piuskirche avait manifesté la vitalité du catholicisme français, tandis que les infiltrations de l’action catholique berlinoise avaient fait connaître à la police allemande bien des éléments de l’apostolat catholique français parmi les travailleurs requis et même la venue de prêtres clandestins. C’en était déjà assez pour que le 30 juin Himmler énonçât des directives relatives à l’assistance des Églises aux travailleurs étrangers présents dans le Reich et l’interdiction de messes dans les églises d’Allemagne (ce qui incluait interdiction aux prêtres prisonniers s’ils sont “transformés en travailleurs civils”).

(...) le 15 décembre 1943, [à la suite du décret de Kaltenbrunner du 3 décembre 1943,] deux circulaires d’application sont adressées ; l’une, allemande, par le Front allemand du travail aux Lagerführer “en vue de sanctions immédiates” ; l’autre, “française”, aux délégués locaux d’usine et des camps ainsi qu’aux présidents d’amicales (...). » [1]


Ordonnance de Kaltenbrunner

Direction de la Sûreté du Reich
IV B1-1255/43

Berlin, le 3 décembre 1943

À tous les postes de direction de la police d’État
les Chefs de la police de sécurité et du service de sécurité

Aux agents du Chef de la police de sécurité et du service de sécurité
Bruxelles
les commandant de la police de sécurité et du service de sécurité

pour avis
Aux inspecteurs de la police de sécurité et du service de sécurité
Aux groupes ci-désignés IV D 4, IV A 1, IV C 2, IV D – travailleurs étrangers –, III B, III D et VI B

Concerne : Activité de l’action catholique française parmi les travailleurs français dans le Reich

Référence : Néant

Du fait de la venue croissante de travailleurs civils français dans le Reich, l’Église catholique de France a essayé d’obtenir, d’abord par voies de négociation, une assistance morale régulière de ses compatriotes en Allemagne par des prêtres français. Ces demandes ont été repoussées par principe, en raison de l’attitude germanophobe manifestée dès le début par les cardinaux, évêques et prêtres français et à cause du sabotage constant de leur emploi par les travailleurs français dans le Reich. Le secours religieux des travailleurs civils français, belges, hollandais etc., par des ecclésiastiques de leurs pays est et reste interdit et doit être jugulé par tous les moyens.

Par de nombreux renseignements récents il est désormais établi que l’Église catholique de France a entrepris sur une vaste échelle, non seulement par des procédés illégaux de gagner aux idées catholiques les travailleurs civils français, mais encore de les influencer d’une façon intensive dans le sens de leurs objectifs politiques anti-allemands et de les rassembler dans des groupes avec une association fortement organisée.

L’action catholique française cherche à atteindre son but :
1° par l’engagement de nombreux prêtres et séminaristes français venus dans le Reich, camouflés en travailleurs civils volontaires ;
2° par l’association catholique de jeunes travailleurs « Jeunesse ouvrière chrétienne » (J.O.C., nommée aussi « jocistes »).

Annexe 1. Au début de cette année, le cardinal de Paris Suhard a invité tous les évêques français à donner pour chaque diocèse les noms de 15 prêtres aptes à agir, qui soient prêts, camouflés en travailleurs civils français, à venir en Allemagne pour y prendre la direction illégale de l’assistance religieuse de leurs compatriotes. À la suite de cela, au milieu d’avril le cardinal Suhard a officiellement salué avant leur départ les prêtres signalés par leur évêque et il leur a alors donné les directives suivantes pour leur activité dans le Reich :

« Vous êtes soldats de Dieu et irez bientôt dans un pays où la puissance mauvaise est très forte. Vous partirez de façon illégale sous le couvert de travailleurs civils ; et officiellement vous ne devez pas dire de messe ni dire à quiconque que vous êtes prêtres, car nous ne voulons pas avoir de conflit diplomatique avec le Reich. Votre départ est connu du Vatican par un prêtre qui pour l’instant s’y trouve en mission spéciale. Mais j’espère obtenir pour certains d’entre vous une autorisation officielle de séjour en Allemagne. Votre mission là-bas est de prendre contact avec l’Église allemande. Là-bas vous devez vous efforcer de nous apporter toujours des informations, qui nous permettront de détruire définitivement les fausses théories de ces hommes. Les peuples doivent voir à quel abîme les conduit le national-socialisme. Vous devez faire se rencontrer les ouvriers français et ramener à l’Église les ouvriers qui en ont perdu le chemin. Ce travail ne sera pas spécialement difficile, car les gens se trouvent seuls et souffrent beaucoup, de sorte qu’il est ainsi facile à l’Église de les ramener à elle. » [2]

Ainsi, plusieurs centaines d’ecclésiastiques français et de prêtres ou séminaristes formés pour cette tâche sont venus en Allemagne, parce qu’ils ont caché leur profession réelle, une partie d’entre eux ont eu la facilité d’être affectés dans les camps de travailleurs civils français, comme chefs de camp ou dans quelque autre emploi administratif, ils y ont exercé un vaste travail de subversion sous le couvert de la religion, selon leur mission secrète, en quoi ils ont été souvent aidés énergiquement dans leurs activités illégales par des ecclésiastiques catholiques allemands.

De plus, avec l’envoi des ecclésiastiques français a commencé l’organisation du service social français sous la direction de l’assistante sociale de La Morlais [3], et des informations irrécusables montrent que ce service social sert les aspirations sus-indiquées de l’action catholique française. Là de La Morlais avait la mission d’établir dans les camps de travailleurs civils français des ecclésiastiques camouflés en travailleurs civils, de les intégrer à son service social et de les embaucher comme délégués sociaux dans les directions provinciales de la D.A.F. pour leur permettre une plus grande liberté de mouvement et faciliter leur influence auprès des travailleurs dans le sens des cardinaux français germanophobes. Au cours de réunions régulières des délégués sociaux, par exemple à Düsseldorf, on attaqua très ouvertement l’Allemagne national-socialiste et on mena une propagande gaulliste.

Annexe 2. C’est en liaison étroite avec l’engagement illégal des ecclésiastiques français et des prêtres et séminaristes que se forment les groupes de l’organisation française des jeunes travailleurs J.O.C. dans les camps des travailleurs civils français dans le Reich. Dans la tâche des ecclésiastiques camouflés en travailleurs civils, qui pour leur travail ont été lancés avec d’importants instruments de propagande et de moyens financiers, ont aussi leur place l’organisation et l’assistance habituelle des groupes de J.O.C.

Cette association qui, en raison de son activité véritablement anti-allemande a dû être interdite dans la zone occupée française comme en Belgique, était autrefois sous une forte influence anglaise, recevait de l’argent de sources anglaises pour son recrutement et déploie encore aujourd’hui une active propagande parmi les masses ouvrières en France ; elle cherche délibérément le contact avec les communistes parce que, par nature, ils sont radicalement adversaires du nouvel ordre allemand et que, pour leur propre sécurité et camouflage, elle leur conseille des contacts avec la J.O.C.

Or, depuis que croît le nombre de jeunes français venus pour le service du travail, un phénomène est apparu, c’est qu’en masse croissante aussi sont ceux qui appartiennent à la J.O.C. Ils se reforment immédiatement en groupes dans leurs camps et parmi leurs compatriotes déploient une ardente activité de recrutement. Ils dirigent des réunions régulières et des moments de détente avec un contenu politique anti-allemand, dans des lieux protégés en plein air, dans des pièces isolées qui sont souvent mises à leur disposition par des ecclésiastiques catholiques allemands etc., ils tiennent aussi des réunions avec des groupes de camps et de villes des environs. De plus, ils essaient d’une façon néfaste d’attirer des travailleurs allemands. Instructive et caractéristique pour le travail de la J.O.C. en Allemagne est la déclaration suivante d’un de ses membres :

« Nous (les J.O.C.) avons déjà pénétré dans 200 usines dans le Reich et avons déjà formé 50 sections parmi les travailleurs français en Allemagne. Dans ce but d’ailleurs, nous sommes aussi entrés en contact avec le clergé allemand. Les prêtres allemands sont enthousiasmés par cette régénération catholique qu’ils ne tenaient plus pour possible et qu’ils n’attendaient plus. Mais le but à atteindre ne consiste pas seulement à développer la religion, mais plutôt à diviser la classe ouvrière allemande. Avant tout nous voulons faire des travailleurs antinazis. »

En outre, les groupes de J.O.C. sont encore apparus comme en lien avec les éclaireurs français (« Scouts de France ») animés des mêmes sentiments anti-allemands. Selon une déclaration de la susdite assistante sociale Mme de La Morlais, les jeunes Français qui travaillent en Allemagne doivent être réunis solidement dans de tels groupes pour être disponibles au jour de la libération du joug allemand.

Dans de nombreux cas, il a été constaté que les ecclésiastiques français camouflés en travailleurs civils aussi bien que le membres de la J.O.C., ont procédé à la transmission d’importantes informations anti-allemandes à des officines religieuses et civiles en France. Dans leurs comptes-rendus qui fréquemment répondent à l’invitation spéciale d’organismes français, ils ne se limitent pas à des appréciations sur le traitement des ouvriers français en Allemagne ou sur la situation sociale et économique en Allemagne, mais ils donnent aussi des descriptions de leur entreprise et d’autres renseignements qui peuvent être importants pour l’ennemi.

Mesures politiques

Afin d’enrayer la dissolvante influence anti-allemande des bureaux et organismes d’Église français sur les travailleurs civils français dans le Reich, j’ordonne ce qui suit :
1° Tous les prêtres, séminaristes et étudiants en théologie français et belges, qui sont venus dans le Reich camouflés en travailleurs civils, doivent être pointés nominativement avec indication de leur lieu actuel de séjour et être signalés à la direction de la Sécurité du Reich (IV B 1).
2° La direction de la Sécurité du Reich, par l’intermédiaire du Délégué général à la main-d’œuvre, opérera leur expulsion vers la France ou la Belgique.
3° Dans la mesure où les prêtres, séminaristes etc., français se sont d’une manière ou d’une autre montrés agressifs par des actes ou des déclarations, je prie de les arrêter et de me faire un exposé de l’affaire.
4° Les ecclésiastiques français, prêtres, séminaristes, etc., qui ont été mis en place comme chefs de camp ou dans d’autres emplois administratifs doivent être immédiatement enlevés de ces postes et être employés à un travail normal jusqu’à leur expulsion vers la France qui doit être menée rapidement.
5° Je prie de dissoudre immédiatement les groupes de l’association « Jeunesse ouvrière chrétienne », qui ont été constatés dans les camps de travailleurs français, et de leur interdire toute activité ultérieure, sous peine de sévères mesures policières. Quant aux travailleurs civils français, qui se sont montrés et se montrent encore particulièrement actifs au sein de la J.O.C., dans la mesure où est notamment constatée leur activité anti-allemande ou d’espionnage, sans exiger un envoi en camp de concentration, il faut que pour une durée de 21 jours ils soient maintenus en détention et qu’à la suite d’un sévère avertissement ils soient éloignés le plus possible de leur entreprise d’origine pour être affectés à une autre.
6° Contre les ecclésiastiques catholiques allemands, qui ont soutenu la J.O.C. ou l’activité illégale des ecclésiastiques français, il faut prendre les devants par des mesures rigoureuses appropriées selon les cas et en tenant compte des contestations policières déjà établies contre eux.
7° Pour une efficace exécution des mesures édictées, il est requis qu’en ce domaine soient étendus et activés les services de répression.

Pour l’exécution de ces dispositions j’attends un rapport en temps voulu.

signé : Dr KALTENBRUNNER
certifié conforme
le service de la chancellerie

Source : Version française avec la note parue dans Mgr Charles Molette, La “Mission Saint Paul” traquée par la Gestapo – Persécution et déportation des militants de l’apostolat catholique français en Allemagne, François-Xavier de Guibert, 2003.


Reichssicherheitshauptamt
IV B 1 - 1255/43

Berlin, den 3. Dezember 1943

An alle
Staatspolizei-leit-stellen

die Befehlshaber der Sicherheitspolizei und des SD

den Beauftragten des Chefs der Sicherheitspolizei und des SD
Brüssel
die Kommandeure der Sicherheitspolizei und des SD

nachrichtlich
den Inspekteuren der Sicherheitspolizei und des SD

den Gruppen bzw. Referaten IV D 4, IV A 1, IV C 2, IV D - ausl. Arbeiter -, III B, III D und VI B

Betrifft : Tätigkeit der französischen katholischen Aktion unter den französischen Zivilarbeitern im Reich.

Bezug : Ohne.

Mit dem zunehmenden Einsatz französischer Zivilarbeiter im Reich hat die katholische Kirche in Frankreich versucht, zunächst auf dem Verhandlungswege eine regelmässige seelsorgerische Betreuung ihrer Landsleute in Deutschland durch volkstumseigene Geistliche zu erwirken. Diese Anträge sind im Hinblick auf die von Anfang an offen zutage tretende deutschfeindliche Einstellung der französischen Kardinäle, Bischöfe und Geistlichen und wegen der fortlaufenden Sabotage des Einsatzes französischer Arbeiter im Reich durch diese deutscherseits grundsätzlich abgelehnt worden. Eine religiöse Betreuung französischer, belgischer, holländischer usw. Zivilarbeiter durch volkstumseigene Geistliche ist nach wie vor unstatthaft und mit allen Mitteln zu unterbinden.

Aus zahlreichen Meldungen der letzten Zeit geht nun hervor, dass die kath. Kirche in Frankreich auf breiter Grundlage dazu übergegangen ist, auf illegalem Wege die französischen Zivilarbeiter im Reich nicht nur für den katholischen Gedanken zu gewinnen, sondern sie auch im Sinne ihrer politisch-deutschfeindlichen Zielsetzung in intensiver Weise zu beeinflussen und sie in Gruppen mit festem organisatorischem Zusammenschluss zu sammeln.

Ihr Ziel versucht die katholische Aktion in Frankreich zu erreichen
1.) durch den Einsatz zahlreicher französischer Geistlicher und Seminaristen, die als freiwillige Zivilarbeiter getarnt ins Reich gekommen sind, und
2.) durch die katholische Arbeiterjugendvereinigung “Jeunesse ouvriere chretienne” (J.O.C., auch “Jocisten” genannt).

Zu 1.) Anfang dieses Jahres hat der Pariser Kardinal Suhard alle französischen Bischöfe aufgefordert, ihm aus jeder Diözese ca. 15 geeignete Geistliche namhaft zu machen, die bereit seien, als französische Zivilarbeiter getarnt nach Deutschland zu gehen, um dort illegal die religiöse Betreuung ihrer Landsleute zu übernehmen. Die ihm daraufhin durch die Bischöfe benannten Geistlichen hat Kardinal Suhard vor ihrer Abreise nach Deutschland Mitte April offiziell verabschiedet und ihnen dabei für ihre Tätigkeit im Reich folgende Richtlinien gegeben :

“Sie sind Soldaten von Gott und werden bald in ein Land fahren, wo die schlechteste Kraft sehr stark ist. Sie fahren illegaler Weise unter dem Deckmantel als Zivilarbeiter hinüber und Sie müssen offiziell keine Messen lesen oder sonst jemandem sagen, dass Sie Priester sind, weil wir keinen diplomatischen Krach mit Deutschland haben wollen. Ihre Abfahrt ist dem Vatikan durch einen Priester, der sich im Augenblick im besonderen Auftrag dort befindet, bekannt. Ich hoffe aber, dass ich für einige von Ihnen eine offizielle Aufenthaltserlaubnis für Deutschland bekomme. Ihre Aufgabe dort ist es, sich mit der deutschen Kirche in Verbindung zu setzen. Sie müssen dort studieren, uns immer Nachrichten bringen, damit wir für immer die falschen Theorien dieser Menschen zerstören können. Die Völker müssen sehen, in welche Tiefe der Nationalsozialismus sie bringt. Sie müssen die französischen Arbeiter zusammenbringen und die der Kirche verlorengegangenen Arbeiter wieder zur Kirche zurückführen. Diese Arbeit wird nicht besonders schwer sein, da die Leute allein stehen und viele Schmerzen haben und es somit die Kirche leicht hat, diese wieder zur Kirche zu bringen.”

Auf diese Weise sind mehrere Hundert französische Geistliche und für diesen Zweck eigens geschulte Prie­ster­ seminaristen nach Deutschland gekommen, wurden hier teilweise, da sie ihren eigentlichen Beruf verschwiegen, als Lagerführer oder sonstwie in hervorgehobenen Stellen eingesetzt und erhielten so leicht Gelegenheit, entsprechend den ihnen erteilten Weisungen eine umfang­reiche religiös getarnte Zersetzungsarbeit in den La­gern der französischen Zivilarbeiter zu betreiben, wobei sie oft von deutschen katholischen Geistlichen in ihren illegalen Bestrebungen tatkräftig unterstützt wurden.

Auch der mit der Entsendung der französischen Geist­lichen gleichzeitig beginnende Ausbau des französischen Sozialdienstes unter Leitung der Sozialfürsorgerin de la Morlais steht nach einwandfreien Feststellungen im Dienste der vorstehend genannten Bestrebungen der französischen Katholischen Aktion. Die de la Morlais hatte die Aufgabe, aus den französischen Zivilarbeiterlagern die als Zivilarbeiter getarnten Geistlichen festzustellen, sie in ihrem Sozial-Dienst zu erfassen und deren Einstellung als Sozial-Delegierte bei den Gau­verwaltungen der DAF. zu erwirken, um ihnen dadurch eine grössere Bewegungsfreiheit zu ermöglichen und die Beeinflussung der Arbeiter im Sinne der deutsch­feindlichen französischen Kardinäle zu erleichtern. Auf den regelmässigen Zusammenkünften der Sozial-Dele­gierten beispielsweise in Düsseldorf wurde ganz offen gegen das nationalsozialistische Deutschland gehetzt und gaullistische Propaganda getrieben.

Zu 2.) In engem Zusammenhang mit dem illegalen Einsatz der französischen Geistlichen und Priesterseminaisten steht die Bildung von Gruppen der französischen Arbeiterjugendorganisation “Jeunesse ouvriere chretienne” (J.O.C.) in den Lagern der französischen Zivil­arbeiter im Reich. Zur Aufgabe der als Zivilarbeiter getarnten Geistlichen, die für ihre Arbeit mit reichlich Propagandamaterial und Geldmitteln ausgestattet worden waren, gehörte auch die Organisation und laufende Betreuung von J.O.C.-Gruppen.

Diese Vereinigung, die wegen ihrer ausgesprochen deutschfeindlichen Aktivität in den altbesetzten französischen Gebieten sowie in Belgien verboten werden musste, stand früher unter starkem englischen Einfluss, erhielt aus englischen Quellen Geldmittel für ihre Wer­betätigkeit und entfaltet auch heute noch eine rege Propaganda unter den Arbeitermassen in Frankreich, sucht bewusst Fühlung mit den Kommunisten, weil diese von Natur aus radikale Gegner der neuen deutschen Ordnung seien, und empfiehlt diesen zu ihrer eigenen Sicherheit und Tarnung den Anschluss an die J.O.C.

Seitdem in grösserem Umfange auch französische Jugendliche zum Arbeitseinsatz gekommen sind, sind in steigendem Masse auch Angehörige der J.O.C. in Erscheinung getreten, die sich in den Lagern sofort wieder zu Gruppen zusammengeschlossen und unter ihren Landsleuten eine eifrige Werbetätigkeit entfalteteten. Sie führen regelmässige Besprechungen und Feierstunden mit deutschfeindlich-politischem Inhalt an geschützten Orten im Freien, in abgelegenen Räumen, die ihnen oft durch deutsche katholische Geistliche zur Verfügung gestellt wurden usw., durch und halten auch Treffs mit Gruppen aus benachbarten Lagern und Städten ab. Sie versuchen des weiteren auch zersetzend auf die deutschen Arbeiter zu wirken. Aufschlussreich und kennzeichnend für die Arbeit der J.O.C. in Deutschland ist folgende Äusserung eines Mitgliedes :

“Wir (die JOC.) haben schon mehr als 200 Fabriken im Reich durchdrungen und unter den französischen Arbeitern in Deutschland bereits 50 Sektionen gebildet. Im übrigen sind wir zu diesem Zweck auch mit dem deutschen Klerus in Kontakt gekommen. Die deutschen Priester sind begeistert von dieser kathol. Wiedergeburt, die sie nicht mehr für möglich hielten und die sie nicht mehr erhofften. Aber das zu erreichende Ziel besteht nicht so unbedingt in der Religion, sondern vielmehr in der Zerspaltung des deutschen Arbeitertums. Vor allem will man aus den Arbeitern Anti-Nazis machen.

Die J.O.C.-Gruppen sind auch in Verbindung mit den ihnen in ihrer deutschfeindlichen Einstellung gleichgesinnten französischen Pfadfindern (“Scouts de France”) in Erscheinung getreten. Einer Äusserung der vorerwähnten Sozialfürsorgerin Madame de la Morlais zufolge sollen die in Deutschland tätigen jungen Franzosen in solchen Gruppen fest zusammengeschlossen werden, damit sie am Tage der Befreiung vom deutschen Joch zur Ver­fügung stünden.

In zahlreichen Fällen wurde festgestellt, dass sowohl die als Zivilarbeiter getarnten französischen Geistlichen als auch Angehörige der J.O.C. eine umfangreiche deutschfeindliche Nachrichtenübermittlung an kirchliche und zivile Stellen in Frankreich vorgenommen haben. In ihrer Berichterstattung, die häufig auf besondere Aufforderung von französischen Stellen erfolgte, beschränken sie sich nicht auf Erörterungen über die Behandlung der französischen Zivilarbeiter oder über die soziale und weltanschauliche Lage in Deutschland, sondern geben auch Beschreibungen ihrer Betriebe und sonstige Mitteilungen, die für das feindliche Ausland von Wicht­keit sein können.

Staatspolizeiliche Massnahmen.

Um den zersetzenden deutschfeindlichen Einfluss französisch-kirchlicher Stellen und Organisationen auf die französischen Zivilarbeiter im Reich auszuschalten, ordne ich folgendes an :
1.) Sämtliche französischen und belgischen Geistlichen, Priesterseminaristen und Theologiestudenten, die als Zivilarbeiter getarnt ins Reich gekommen sind, sind namentlich unter Angabe ihres derzeitigen Aufenthaltsortes zu erfassen und dem Reichssicherheitshauptamt - IV B 1 - zu melden.
2.) Das Reichssicherheitshauptamt wird über den Generalbevollmächtigten für den Arbeitseinsatz ihre Rückbeförderung nach Frankreich bzw. Belgien in die Wege leiten.
3.) Soweit französische Geistliche, Priesterseminaristen usw. durch Handlungen oder Äusserungen irgendwie abträglich in Erscheinung getreten sind, bitte ich sie festzunehmen und mir unter Darlegung des Sachverhaltes zu berichten.
4.) Französische Geistliche, Priesterseminaristen usw., die als Lagerführer oder in sonstige hervorgehobene Stellungen eingewiesen worden sind, sind sofort von ihrem Posten zu entfernen und bis zu ihrer beschleunigt durchzuführenden Abschiebung nach Frankreich im normalen Arbeitsprozess zu beschäftigen.
5.) Gruppen der Vereinigung “Jeunesse ouvriere chretienne”, die in französischen Zivilarbeiterlagern festgestellt werden, bitte ich unverzüglich aufzulösen und ihnen unter Androhung schärfster staatspolizeilicher Massnahmen jede weitere Betätigung zu untersagen. Französische Zivilarbeiter, die besonders aktiv im Sinne der J.O.C. in Erscheinung getreten sind bzw. noch treten, sind, soweit ihre etwa festgestellte deutschfeindliche oder nachrichtendienstliche Tätigkeit nicht ihre Überführung in ein Konzentrationslager erforderlich macht, für die Dauer von 21 Tagen in Haft zu nehmen und dann nach scharfer Verwarnung in einen anderen, von dem ursprünglichen möglichst entfernt liegenden Betrieb zu vermitteln.
6.) Gegen deutsche katholische Geistliche, die die J.O.C. oder die illegale Tätigkeit der französischen Geistlichen unterstützt haben, ist je nach Lage des Falles und unter Berücksichtigung der bereits gegen sie vorliegenden staatspolizeilichen Beanstandungen mit scharfen geeigneten Massnahmen vorzugehen.
7.) Zur erfolgreichen Durchführung vorstehender Massnahmen ist die Ausdehnung und Aktivierung des GND. auf diesem Gebiet erforderlich.

Über das Veranlasste erbitte ich zu gegebener Zeit Bericht.

gez. Dr. Kaltenbrunner.

Beglaubigt
[Unterschrift]
Kanzleiangestellte.

Source : Das Bundesarchiv, R58/1030, fol. 263-265

[1Mgr Charles Molette, La “Mission Saint Paul” traquée par la Gestapo – Persécution et déportation des militants de l’apostolat catholique français en Allemagne, François-Xavier de Guibert, 2003, pages 143 et 146.

[2Rien ne permet d’affirmer que ce texte représente des paroles prononcées par le cardinal Suhard. La réunion des prêtres en partance pour l’Allemagne a eu lieu, non pas au « milieu d’avril », mais les 2 et 3 mars 1943 à Paris (une seconde réunion se tient à Lyon les 22 et 23 mars). Or, nous avons le texte des paroles prononcées par le cardinal Suhard, d’après les notes prises par le père Évrard, o.p. (cf. ce texte dans Charles Klein, Le diocèse des barbelés, Fayard, 1973, p. 375-378 et Charles Molette, « En haine de l’Évangile », Fayard, 1993, p. 282-284). Il n’y est pas question du rescrit pontifical, qui est d’ailleurs du 21 mars. L’allusion : « votre départ est connu du Vatican par un prêtre qui pour l’instant s’y trouve en mission spéciale » pourrait-elle alors viser la préparation du rescrit, qui devait permettre l’envoi, à défaut d’aumôniers officiels, d’aumôniers clandestins, ainsi que devaient bientôt le faire savoir la Semaine religieuse de Fribourg-Suisse du 1er juillet et l’émission de Radio Vatican en langue anglaise du 30 juillet ?

[3Madame Anne-Marie de La Morlais (1893-1967) s’engage à la légation française auprès des prisonniers de guerre en vue d’organiser un service social auprès des travailleurs français, et ainsi d’aider l’aumônerie clandestine, à la demande du père Lacour. Elle est arrêtée le 9 décembre 1943, incarcérée et torturée. Cf. Mgr Charles Molette, La “Mission Saint Paul” traquée par la Gestapo – Persécution et déportation des militants de l’apostolat catholique français en Allemagne, François-Xavier de Guibert, 2003, pages 289 à292.