Robert Beauvais

Scout, reconnu martyr en haine de la foi, il sera béatifié le 13 décembre 2025 à Notre-Dame de Paris.

Une foi vécue dans les actes les plus simples de la vie

Robert Beauvais
© D. R.

Biographie

Né à Paris le 5 octobre 1922, baptisé le 5 novembre suivant en l’église Saint-Merry, Robert reçut une solide formation chrétienne communion et confirmation à Saint-Germain-l’Auxerrois, études secondaires chez les Frères des Écoles chrétiennes, à l’école des Francs-Bourgeois, scout à 14 ans, dans la troupe de la Madeleine. « Il s’est toujours montré très bon chrétien », dira de lui son aumônier d’alors, le Père Villette. Il se préparait au service des Douanes, lorsqu’il fut déporté du travail, le 5 mars 1943, et affecté, le 10, à la gare de Berlin-Tempelhof.

On a peu de détails personnels sur sa vie à Berlin, sinon qu’il participe comme scout à l’Action catholique, alors en plein développement, en dépit de mille difficultés. C’était un scout très modeste, mais particulièrement actif. Le 21 avril 1944, trois jours après la nuit d’adoration dans les bois pour célébrer l’anniversaire du scoutisme à Berlin, Georges Gandon, fut arrêté dans le quartier de Mariendorf, en sortant de la Reichsbahn de Berlin-Mariendorf, où il était allé voir Robert qui, malheureusement, venait de lui remettre des photos « des rassemblements routiers » et des papiers susceptibles de compromettre ses camarades. Georges fut immédiatement incarcéré et Robert dûment fiché.

Quatre mois plus tard, le 9 août, Robert est arrêté à son tour « pour distribution de photographies aux membres d’un groupe appartenant à une société chorale. » Après l’interrogatoire, on « l’inculpa de menées anti-nazies par affiliation au “mouvement secret de résistance” qu’est le scoutisme ».

À la prison de Gross-Hamburger-Strasse, avec Lucien Croci et Marcel Touquet, il retrouve l’abbé René Giraudet, le 24 septembre, pour être intégré au groupe d’Alexander-Strasse, arrêté en juin. Les groupes sont alors envoyés au camp de concentration d’Oranienburg-Sachsenhausen. Puis Robert fut transféré à celui de Neuengamme-Hamburg, le 16 octobre : il y meurt, le 10 janvier 1945, comme le confirme un certificat de l’Amicale de Neuengamme et de ses kommandos.

On a peu de témoignages sur ce garçon effacé. Cependant, son ami Georges Gandon, qui eut la chance de revenir en France, déclarait le 20 février 1991 :

« Le souvenir que je garde de Robert est celui d’un garçon tout à fait convaincu pour qui la foi était quelque chose qui se vit tous les jours dans les actes les plus simples de la vie. Pour lui, la prière scoute était un engagement personnel, total, impliquant tout l’homme. Il l’a vécu jusqu’au bout. »

Et l’abbé Grisel, séminariste à Berlin :

« Il fut arrêté comme chrétien, scout, militant de base dans son camp [...] N’est-ce pas suffisant ? Il doit figurer sur la liste des “béatifiables”. »

Le 31 mai 1944, déjà, le Commissaire de Province de Berlin certifiait que

« Robert Beauvais, dans le mouvement scout routier en Allemagne, routier de Mariendorf, a servi avec honneur et fidélité le mouvement d’Action Catholique et le mouvement scout durant son séjour dans la capitale du Reich. Il a été arrêté et envoyé en camp de concentration. Disparu. »

Retenons l’expression de l’abbé Grisel : « militant de base dans son camp ». Robert n’était pas un « grand chef » du scoutisme ni de l’action catholique : c’était un de ces « petits », de ces « humbles », qui vécut « un engagement personnel, total, impliquant tout l’homme » ; et son scoutisme l’ayant fait repérer par la police nazie, c’est « jusqu’au bout » qu’il fut fidèle à sa promesse d’offrir le sacrifice de sa vie pour sa foi et son apostolat.

Robert Beauvais sera béatifié le samedi 13 décembre 2025 à Notre-Dame de Paris avec 49 autres Français morts par haine de leur foi sous le régime nazi en 1944 et 1945.

Source
 Armand Duval, Missionnaires et martyrs, 51 témoins du Christ face au nazisme, François-Xavier de Guibert, 2005

Béatification de Raymond Cayré, Gérard-Martin Cendrier, Roger Vallée, Jean Mestre et de leurs 46 compagnons