Bienheureuse Rosalie Rendu
Sœur Rosalie est une haute figure de Paris au XIXe siècle, aimée et vénérée par tout le petit peuple et les miséreux du quartier Mouffetard.
Jeanne-Marie Rendu est née en 1786 à Confort (canton de Gex, dans le Jura) d’une famille de cultivateurs aisés. Elle est l’aînée de quatre filles et se trouve assez vite dans l’obligation d’aider sa mère lorsque son père disparaît en 1796.
La Révolution s’est installée, et la maison Rendu devient le refuge d’un évêque et de prêtres réfractaires. Dans ce climat religieux s’est forgée l’âme de la petite fille. Sa mère la confie aux Ursulines de Gex. C’est dans l’hôpital de cette ville que Jeanne-Marie découvre les Filles de la Charité de Saint-Vincent de Paul, ainsi que les misères humaines. Elle en sera marquée pour toute sa vie. Dès lors elle attendra d’avoir l’âge requis pour faire son entrée chez les Sœurs qui l’ont tant séduite. Elle arrive le 25 mai 1802 à la Maison-mère des Filles de la Charité, rue du Vieux Colombier à Paris, pour y faire son noviciat.
Elle sera envoyée dans le quartier Mouffetard, à l’époque le plus misérable de la capitale, pour y faire son “apprentissage”. C’est là, en 1807, qu’elle prononcera ses vœux définitifs. Jusqu’à sa mort, elle restera l’apôtre et la providence de ce faubourg.
En 1815, elle devient Supérieure de la maison de bienfaisance de la rue de l’Epée-de-Bois. Toutes ses qualités de dévouement, d’autorité naturelle, d’humilité, de compassion, ses capacités d’organisation, vont pouvoir se révéler. « Ses Pauvres », comme elle les appelle, sont très nombreux en cette époque troublée. Les ravages d’un libéralisme économique triomphant accentuent la misère des laissés pour compte. Son œuvre est immense, sa notoriété gagne vite la capitale, et au-delà des villes de province. Elle envoie ses sœurs dans tous les recoins de la paroisse Saint-Médard pour apporter des vivres, des vêtements, des soins et une parole réconfortante. Elle ouvre un dispensaire, une pharmacie, une école, un orphelinat, une crèche. Bientôt tout un réseau d’œuvres charitables va s’établir pour traquer la pauvreté.
Sœur Rosalie étend ses relations sociales, mondaines pour trouver l’argent nécessaire. Les “Dames de la Charité” l’aident dans les visites à domicile. Elle apporte son soutien actif aux “Conférences de Saint-Vincent de Paul” et aux étudiants qui animent ces œuvres : Frédéric Ozanam, Jean-Léon Le Prévost, Armand de Melun, qui sera son biographe, et d’autres.
Lors des révolutions et des émeutes, on voit sœur Rosalie sur les barricades pour soigner les blessés, consoler les mourants, demander le silence des armes, braver la fusillade. « Croyez-vous que je sois désireuse de vivre quand on massacre mes enfants ? » dit-elle au milieu des combats quand on lui demande de se protéger.
Elle sauve des officiers pourchassés par la foule, cache des insurgés recherchés par les forces de l’ordre. A son corps défendant, elle devra accepter la Croix de la Légion d’Honneur, accordée par Napoléon III.
Le 7 février 1856, usée par la maladie et une vie sans repos, elle s’éteint dans sa maison rue de l’Epée-de-Bois. Le jour de ses obsèques fut chômé dans tout le faubourg. Tous, pauvres et riches, partagèrent la même émotion.
Le procès en béatification est ouvert depuis 1953. Elle a été béatifiée par Jean-Paul II le 9 novembre 2003.
– Lire l’article “Saint parisien” sur la bienheureuse Rosalie Rendu