Une veillée de prière pour les chrétiens persécutés
Paris Notre-Dame du 1er mars 2018
La 10e édition de la Nuit des Témoins fait halte, le 16 mars prochain, à Notre-Dame. Durant cette veillée de prière, organisée par l’Aide à l’Église en détresse (AED), plusieurs témoignages sont attendus, dont celui de Mgr Kyrillos William Samaan, évêque copte catholique d’Assiout (Égypte).
Paris Notre-Dame – La communauté copte d’Égypte a été la cible de nombreux attentats ces derniers mois, perpétrés lors de fêtes religieuses, faisant plusieurs centaines de morts. Quel est votre état d’esprit aujourd’hui ?
Mgr Kyrillos William Samaan – Nous sommes tellement habitués que, désormais, nous attendons chaque fête en nous demandant : à qui le tour ? Grâce à Dieu, il ne s’est rien passé à Noël et au Jour de l’an cette année, mais nous vivons avec cette menace quotidienne, ne sachant jamais où les terroristes vont frapper. Cependant, nous gardons courage et nos églises sont pleines. Nos fidèles ont confiance en Dieu et en sa Providence.
P. N.-D. – Vous sentez-vous soutenus par la communauté musulmane et par le gouvernement égyptien ?
K. W. S. – Les musulmans les plus extrémistes n’acceptent pas notre présence. Pour eux, seul l’islam peut exister en Égypte, les autres religions doivent disparaître. Ils font notamment pression pour que les lois qui nous permettent de construire ou de restaurer nos églises ne soient pas respectées. Mais beaucoup de musulmans, parmi les modérés, leur répondent que l’Égypte n’est pas un pays musulman, car si la majorité des Égyptiens sont aujourd’hui musulmans, les chrétiens étaient là avant eux. Ce fanatisme se diffuse un peu partout et la violence émane principalement de Daesh, qui veut établir dans le pays un État islamique « pur », rejetant notamment les autres musulmans, qu’ils jugent trop modérés. Quant au gouvernement égyptien, il fait tout ce qu’il peut pour empêcher les attentats, en intensifiant la présence des forces armées autour des églises, lorsqu’il y a des menaces.
P. N.-D. – Vous témoignerez, le 16 mars prochain à Notre-Dame. Qu’allez-vous dire aux fidèles parisiens qui viendront vous écouter ?
K. W. S. – Je vais leur rappeler que l’Église copte a toujours été une Église de martyrs. C’est leur sang qui a sauvegardé la foi chrétienne et c’est le courage de nos ancêtres qui a permis que cette foi soit transmise. Nous devons être à leur hauteur et ne pas avoir peur. Et même si les voix des intégristes et des salafistes nous appellent à quitter le pays, nous resterons, car nous croyons que notre mission, ici, est de vivre l’Évangile, dans la paix et l’amour.
P. N.-D. – Qu’attendez-vous des catholiques parisiens et français ?
K. W. S. – Nous avons besoin de vos prières et de votre soutien spirituel. C’est pour nous d’une grande valeur. Nous les appelons également à venir nous rendre visite, en pèlerinage, sur les pas de la Sainte Famille. Lorsque nos fidèles voient des visiteurs étrangers, ils réalisent qu’il y a des chrétiens qui prient pour eux un peu partout dans le monde. Que nous ne sommes pas seuls. Pour nous, c’est très important.
Propos recueillis par Priscilia de Selve