Voyage du pape en Irak, l’espoir des chrétiens exilés

Paris Notre-Dame du 11 mars 2021

Fait historique, le pape s’est rendu, du 5 au 8 mars, en Irak. Pour les chrétiens irakiens exilés à Paris et dans ses environs, ce voyage est un vrai signe de paix envoyé au monde. Une reconnaissance, aussi, de toutes les souffrances que ce peuple a endurées, et de sa force d’âme déployée.

Dimanche 7 mars, le Saint-Père sʼest rendu dans les ruines de Mossoul, en hommage aux victimes de la guerre.
© Œuvre d’Orient

Bien sûr, il y a un pincement au cœur de ne pouvoir être sur place. Mais la joie l’emporte haut la main. Voir le pape François se déplacer sur sa terre d’Irak, aller à la rencontre de ses frères et sœurs restés sur place, c’est un grand bonheur pour Shadan Khalaf, ayant quitté Mossoul, avec sa famille chaldéenne, pour Paris, en 2014, afin de fuir la guerre. Pour cette architecte âgée de 27 ans, cette visite « historique » – c’est la première fois qu’un pape se rend dans ce pays – est « sacrée ». L’occasion, aussi, que le monde entier voit les souffrances subies de ce peuple, qui, en persévérant dans leur foi, a fait preuve d’une force d’âme exemplaire. Un point que le pape François, à la veille de son départ, le 4 mars, a eu à cœur de soulever dans un message. « Je suis honoré de rencontrer une Église martyre : merci pour votre témoignage », s’était-il ainsi confié après avoir souligné le témoignage de la foi en Jésus de ce peuple « au milieu d’épreuves très dures ».

Un pays vivant
Ce voyage, du 5 au 8 mars, allant de Bagdad à Mossoul en passant par Ur, encore inenvisageable il y un peu plus d’un an (voir PND n°1800) a, jusqu’à son début, été incertain. Ceci, dû à un climat politique toujours instable, mais aussi à la crise sanitaire. Mais le pape a persévéré, envoyant un signal fort en consacrant son premier voyage depuis le début de la pandémie à ce pays. Pour Yalda Kako, père de cinq enfants ayant quitté Mossoul, en 2005, pour Qaraqosh, puis, en 2014 après la prise de la plaine de Ninive par l’État islamique, pour Sarcelles (Val-d’Oise), cette persévérance est « un geste concret de la proximité du pape pour l’Irak ». Mais aussi un pas vers la paix dans ce pays et l’instauration d’une fraternité. Il explique : « Le pape François est un homme de paix qui aime tout le monde. » En venant en tant que « frère de tous », il pourrait entraîner à sa suite un élan de fraternité. C’est aussi l’occasion de réhabiliter l’utilité et la légitimité de la présence des chrétiens en Irak, et plus largement au Moyen- Orient. Ils seraient ainsi entre 150 000 et 400 000 chrétiens aujourd’hui en Irak, contre 1 500 000 dans les années 2000. « Même si je sais que certains d’entre eux partiront encore, ce voyage donne l’envie et de l’espoir de pouvoir rester, remarque Shadan Khalaf. C’est bien pour eux. » Bien aussi de montrer une « autre image de ce pays » selon Yalda Kako. Une image autre qu’un pays bombardé et détruit. Une image d’un pays vivant. Malgré tout.

Par Isabelle Demangeat @LaZaab

Le mot du P. Momtaz Kasha, curé de N.-D. de Chaldée (18e)
« Ce voyage est un réconfort. En portant son attention sur ce pays qui porte dans son corps les cicatrices de la guerre, du terrorisme, de la violence et des affrontements, le pape reconnaît le martyre des chrétiens d’Irak. C’est un signe de bonté. J’attends de ce voyage un message de dialogue, de solidarité, d’amour, de paix pour l’Irak blessé, mais aussi pour le monde islamique et le monde entier. »

Le soutien de l’Église parisienne Plusieurs années de suite, de 2016 à 2018, l’archevêque de Paris a consacré, en partenariat avec l’Œuvre d’Orient, l’une des œuvres de Carême proposées traditionnellement par le diocèse, au soutien des étudiants d’Irak. Objectif atteint : près de 1000 jeunes ont pu reprendre le chemin des études grâce à l’argent récolté.

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