Le Téléthon en question, note de Mgr Michel Aupetit
Novembre 2006. Ces jours-ci, le Téléthon est l’objet d’un débat public. Par le passé, la critique a pu venir d’un scientifique comme Jacques Testard, exprimant ses doutes sur « la mise en scène triomphaliste de victoires toujours promises » [1].
Depuis ces dernières années et aujourd’hui, elle émane de plusieurs associations et de catholiques.
Les chrétiens se sont associés dès le départ à cette œuvre généreuse. Des congrégations qui prennent en charge les handicapés ont aidé à la réalisation initiale, en particulier les frères de Saint Jean de Dieu. Depuis, la plupart se sont retirées de l’opération car les fonds recueillis étaient de plus en plus destinés à des travaux scientifiques éthiquement discutables.
Quels sont les problèmes ?
1. Le Téléthon finance l’institut I-STEM qui est le premier centre français de recherche sur l’embryon humain. Or l’utilisation des cellules embryonnaires à des fins de recherche nécessite la destruction de l’embryon humain. Par ailleurs, il existe une alternative thérapeutique qui a déjà fait ses preuves : l’utilisation des cellules souches adultes prélevées sur le patient lui-même et des cellules du cordon ombilical prélevées à la naissance du bébé. Ces cellules, dont l’emploi ne pose aucun problème éthique, ont été déterminantes pour guérir des maladies du sang et 58 maladies répertoriées ont été traitées par leur biais.
2. Les « bébéthons » qui sont présentés comme un grand succès thérapeutique ne sont pas le fruit d’une guérison due à la recherche sur le génome, comme on aurait pu l’espérer, mais le fruit d’une sélection embryonnaire. On pratique une fécondation in vitro de plusieurs embryons et on sélectionne l’embryon sain en éliminant les autres. Ce n’est donc pas un bébé « guéri » mais un bébé « survivant ».
3. Le Professeur Marc Peschanski, directeur de l’institut I-STEM financé par le Téléthon, milite activement pour le clonage rebaptisé pudiquement « transposition nucléaire ». Devant le scandale provoqué par les falsifications du Professeur coréen Hwang, le but avoué du clonage n’est plus l’éventualité de guérison de maladies graves mais l’utilisation du clone pour la recherche fondamentale ou même pour l’industrie cosmétique. On est bien loin des objectifs initiaux et on comprend les sérieuses réserves de ceux qui posent la question : « La médecine est-elle au service de l’homme ou l’homme est-il au service de la médecine ? ».
Il convient de saluer l’admirable générosité qui se déploie dans la préparation et le déroulement de cette grande opération annuelle ! Mais, au-delà de la nécessaire transparence sur la destination des fonds, il est légitime de faire part ouvertement de questions de conscience face à une opération aussi médiatisée. Oui, il faut aider la recherche. Mais lorsqu’elle porte sur l’être humain, elle doit plus encore que jamais accepter une réflexion éthique approfondie. Il s’agit de garantir la finalité humaine de la science.
Lire aussi
– Extrait de l’entretien du Cardinal André Vingt-Trois sur Radio Notre-Dame le 12 novembre 2006.
[1] J.Testard, Des hommes probables, Seuil, 1999, 31.