Accompagner la mort : une mission d’une grande richesse

Paris Notre-Dame du 28 octobre 2010

P.N.-D. - Que signifie « accompagner chrétiennement » la mort ?

P. Jean-Michel Albert, responsable diocésain de la Pastorale des funérailles.
© Pierre-Louis Lensel

P. Jean-Michel Albert - Il s’agit d’accompagner à la fois un défunt et sa famille. Celui qui meurt est entouré par la prière de toute l’Église. Les chrétiens, en effet, prient tous les jours pour les morts, afin de tous les confier à l’amour de Dieu. Lorsqu’un décès survient, cette prière culmine au moment de la célébration des obsèques : le défunt est conduit pour entrer une dernière fois dans l’église, et les proches se réunissent autour de lui. Là, les rites de l’Église permettent d’exprimer la prière en faveur du défunt et aussi d’honorer son corps en signe du respect que l’on continue d’avoir pour celui qui nous a quittés. La famille et les proches se trouvent dans l’épreuve et ont besoin d’être soutenus. Cela fait aussi partie de la solidarité à laquelle les chrétiens sont appelés. Il s’agit d’apporter un soutien fraternel par une présence, une écoute, une disponibilité ; il s’agit de permettre à la famille de partager une peine parfois lourde à porter, mais aussi de donner un témoignage de l’espérance chrétienne, celui de la résurrection et de la vie éternelle.

P.N.-D. - Quelles évolutions ont marqué dans ces dernières décennies le rapport des Parisiens à la mort et quelles en ont été les conséquences ?

P. Jean-Michel Albert - Depuis quelques décennies, on assiste à une évolution profonde. Beaucoup des traditions qui encadraient la période du deuil ont quasiment disparu. La mort d’un proche est vécue comme quelque chose de déstabilisant : on ne sait pas très bien comment se comporter, ni comment en parler. Parfois même, elle n’est pas annoncée à une partie de l’entourage, par peur de provoquer une gêne. C’est le signe que la société a perdu la familiarité qu’elle avait avec la mort. Cela est d’autant plus vrai dans nos grandes villes et, en particulier, à Paris. La démarche religieuse a aussi évolué et s’en est trouvée appauvrie. Le plus souvent, elle est réduite à une célébration unique, et même, des contraintes horaires l’empêchent parfois de se déployer. Tout cela ne fait qu’accroître la difficulté de la famille en deuil, qui se retrouve dans une certaine solitude et qui porte plus longtemps une douleur qu’elle n’a pas pu assez partager.

P.N.-D. - Que proposer face à cela ?

P. Jean-Michel Albert - L’Église a un magnifique témoignage à donner, à la fois de fraternité humaine et de foi chrétienne. Mais nous devons nous adapter à une situation nouvelle. Nous pourrions par exemple être plus audacieux en proposant davantage aux familles tout ce que permet le parcours funéraire prévu par l’Église. Celui-ci comporte non seulement le passage par l’église,mais aussi plusieurs étapes avant et après. Un tel parcours permet de vivre la séparation avec le défunt de façon plus progressive et plus apaisée.Nous devons aussi veiller à accueillir les familles en deuil dans les meilleures conditions. C’est une mission qui demande du tact, de l’écoute, et aussi une disponibilité suffisante, ce qui est parfois une difficulté.Mais c’est aussi une mission d’une grande richesse humaine et spirituelle, à laquelle certains peuvent se sentir appelés. • Propos recueillis par Pierre-Louis Lensel

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