Pourquoi est-il important de connaître le judaïsme ?
Paris Notre-Dame du 21 mai 2009
Connaître le judaïsme, pour mieux connaître Jésus. Au-delà d’un strict intérêt intellectuel, une meilleure compréhension du judaïsme constitue une richesse spirituelle inépuisable pour le catholique qui souhaite approfondir sa foi dans le Christ. Rencontre avec Sœur Dominique de La Maisonneuve du S.I.D.I.C. [1], qui enseigne l’hébreu à l’École Cathédrale, et le P. Patrick Faure, curé de St-Eugène-Ste-Cécile et responsable de la section « Le judaïsme » à l’École Cathédrale.
P.N.-D. : Qu’apporte spirituellement à un catholique d’aujourd’hui une connaissance profonde du judaïsme ?
P. Patrick Faure – Il s’agit de trouver l’être juif de Jésus. Se rapprocher du judaïsme, c’est connaître la religion de Jésus. C’est découvrir sa famille après l’avoir rencontré lui. C’est donc mieux le connaître.
Sœur Dominique de La Maisonneuve – Connaître le judaïsme est une question de vérité vis-à-vis de mon christianisme. Dans le premier Testament [Ancien Testament], Dieu a d’abord confié le projet de salut de l’humanité au peuple juif. Cette charge s’accompagne d’une exigence : demeurer fidèle à sa parole, à la Tora. C’est cette exigence incarnée par le peuple juif, pour l’annoncer à toutes les nations, qui explique l’hostilité de celles-ci à son égard depuis toujours. Dans la continuité de ce projet de salut, c’est dans le peuple juif que Jésus naîtra. Si Dieu a un projet pour l’humanité, je ne peux pas ne pas le connaître dans son ensemble pour y adhérer pleinement.
A quand remonte le dialogue entre juifs et catholiques ?
P. Patrick Faure – Il y a toujours eu des échanges. Dès le Moyen-Âge, des relations étroites ont été nouées entre des ecclésiastiques et des instances rabbiniques. Mais c’est sans doute le paragraphe 4 de la déclaration Nostra Aetate (Cf. encadré) du concile Vatican II qui marque le commencement d’un véritable dialogue, non plus individuel, mais au niveau de l’Eglise catholique dans son ensemble.
Sœur Dominique de La Maisonneuve – Mais le grand déclencheur reste le scandale de la Shoah. Drame qui émane d’un peuple chrétien... Et bien que la déclaration Nostra Aetate du concile Vatican II ait pu être considérée comme trop pâle par nombre de Juifs qui lui reprochent notamment de ne jamais citer la Shoah, cette déclaration n’en demeure pas moins une réelle avancée en ce qu’elle est un texte officiel.
Quelle est sa portée ?
P. Patrick Faure – Tout rapprochement entre l’Eglise et le peuple juif est au bénéfice des relations interreligieuses en général, à la fois parce que des conflits séculaires ont déchiré les Juifs et les chrétiens, et aussi parce que le christianisme ayant sa racine en Israël le judaïsme est la religion qui lui est la plus proche et la plus intime.
Qu’avons-nous à apprendre des Juifs afin de vivre pleinement notre christianisme ?
Sœur Dominique de La Maisonneuve – Ils nous apprennent à attendre, à faire, pour faire advenir le Royaume. L’attente du Messie est palpable chez beaucoup de Juifs qui considèrent que par l’accomplissement de la Tora, ils accomplissent le dessein de Dieu. Eux sont à l’œuvre lorsque nous risquons d’être un peu passifs. Car si Jésus est l’Alpha et l’Oméga, l’origine et le terme, nous avons à contribuer comme chrétiens, à l’accomplissement déjà acquis en Jésus.
P. Patrick Faure – Être un peuple élu, c’est avoir une responsabilité vis-à-vis des autres. Cette notion de responsabilité est fondamentale, car elle détermine la relation à Dieu. Le judaïsme suscite un débat fécond sur la façon dont le croyant se situe par rapport à la Grâce de Dieu.
Il met l’accent sur l’agir de l’homme, qu’il ne faut pas comprendre comme un légalisme mal placé. Le judaïsme insiste beaucoup sur la contribution de l’homme à sa relation à Dieu. C’est d’ailleurs une religion qui donne à Dieu un nom propre : Adonaï, ce qui dénote une relation très personnelle et très particulière.
Quelle porte d’entrée conseilleriez-vous pour découvrir le judaïsme ?
Sœur Dominique de La Maisonneuve – Les portes d’entrée sont nombreuses. Chacun peut trouver la sienne. Pour un linguiste, l’hébreu ; pour un historien, la permanence d’Israël à travers les siècles ; pour un sociologue : les multiples facettes de la communauté juive ; pour tous, c’est l’immersion dans la parole de Dieu donnée à son peuple.
P. Patrick Faure – Une autre porte d’entrée, et des plus simples, est de lier relation avec des amis juifs. • Recueilli par Guillaume Desanges
Voir aussi
– Les fêtes juives.
[1] Service Information Documentation Juifs et Chrétiens