« Un rôle prophétique »

Paris Notre-Dame du 25 avril 2025

Dimanche 20 avril, jour de Pâques, des représentants des différentes Églises d’Île-de-France se sont retrouvées à Notre-Dame, à l’invitation de Mgr Laurent Ulrich, archevêque de Paris, et des autres évêques de la Province, pour une célébration commune. Décryptage avec le chanoine Jérôme Bascoul, vicaire épiscopal pour l’œcuménisme pour le diocèse de Paris.

© Anh de France

Paris Notre-Dame – Quel est le sens de l’initiative la célébration œcuménique de Pâques à Notre-Dame, qui se place également sous l’égide de l’anniversaire des 1 700 ans du concile de Nicée ?

P. Jérôme Bascoul – La coïncidence des calendriers julien et grégorien cette année permet à tous les chrétiens de célébrer Pâques le même jour. L’archevêque de Paris, Mgr Ulrich, et les évêques d’Île-de-France ont invité les chrétiens de toutes les Églises et leurs représentants à se réunir pour cette célébration œcuménique, et tout le monde a répondu présent. La dernière fois qu’un rassemblement de cet ordre a eu lieu à l’occasion d’une coïncidence des calendriers, c’était à La Défense en 2017. Afin de préparer ce dimanche de Pâques à Notre-Dame, nous étions une quinzaine de représentants pour élaborer cette célébration au nom des évêques et des responsables d’Églises orthodoxes, orthodoxes orientales (copte, syriaque, arménienne) et protestantes présentes en Île-de-France. Nous nous sommes accordés ensemble sur la liturgie, le choix des traductions des différents textes, le contenu des intentions de prière. Célébrer en même temps l’anniversaire du concile de Nicée, premier concile œcuménique, consolide cette initiative d’unité. Nicée est le modèle de tous les conciles ultérieurs, en amont de tous les schismes, il est la matrice pour régler les problèmes de l’Église universelle, et établir la communion par la voie synodale.

P. N.-D. – Quel message spirituel cette réunion de toutes les Églises chrétiennes pour la célébration de Pâques donne-t-elle ?

J. B. – À Notre-Dame, dimanche soir, les représentants du patriarcat de Moscou se sont assis à côté des représentants du patriarcat de Constantinople et ont célébré la Résurrection du Christ ensemble. Cela répond aux exigences de la fraternité chrétienne et rend compte également d’une attitude prophétique : « C’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres qu’ils reconnaîtront que vous êtes mes disciples » (Jn 13, 35). Les confessions chrétiennes toutes confondues ont un rôle prophétique. En tant que chrétiens, tout ce qui peut manifester entre nous une unité a une grande importance, également en contrepoint de l’aggravation des tensions internationales. À cet égard, Paris est une tribune importante où il est bon que les chrétiens expriment leurs aspirations à la paix et à la communion malgré les divisions confessionnelles et leur trop courante instrumentalisation.

P. N.-D. – Quelles sont les perspectives de l’œcuménisme près de 60 ans après la fin de Vatican II ?

J. B. – Le concile Vatican II a établi que c’est par une réforme intérieure et la compréhension de ce que l’autre peut apporter, par l’échange mutuel des dons, que l’unité entre les chrétiens pourra avancer. L’objectif de l’unité des chrétiens est un objectif à long terme et, selon la prière pour l’unité des chrétiens, c’est « comme Dieu voudra » et « par les moyens qu’Il voudra ». L’objectif de la pleine communion entre les chrétiens ne peut pas se réaliser à travers la négociation ou le compromis. Il ne s’agit pas de transiger sur la foi, mais d’approfondir la façon dont chacun la comprend, afin d’atteindre la pleine communion.

Propos recueillis par Mathilde Morandi

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