"Le Mystère Mozart", un spectacle enchanté

Au cœur du Collège des Bernardins, les voûtes cisterciennes se parent de lumière et de musique pour accueillir Le Mystère Mozart, un spectacle original mêlant jeu théâtral, extraits musicaux, projections lumineuses et technologies interactives. Conçu comme un parcours à la fois ludique et instructif à travers la vie de Mozart, le spectacle étonne par sa forme autant que par son fond. Ici, pas de récital classique ni de biographie linéaire, mais une plongée vivante, parfois décalée, dans l’univers du compositeur autrichien, portée par une scénographie inventive. Dès l’entrée, des comédiens en costume d’époque accueillent le public et l’entraînent à la suite de l’histoire de Wolfgang, dont ils retracent l’itinéraire à travers ses œuvres majeures – dans un ordre chronologique, depuis ses premières pièces jusqu’au célèbre Requiem, ultime œuvre du maître, laissée inachevée et terminée par l’un de ses élèves. Pour autant, Mozart lui-même n’apparaît jamais. Tous les personnages parlent de lui, le font vivre par l’évocation, mais il demeure invisible. Une absence en écho au titre du spectacle et qui renforce le senti¬ment d’approcher une figure insaisissable.

Entre tradition et modernité

Et le spectacle immersif joue des contrastes : classique et contemporain, réel et virtuel, intime et grandiose. De quoi surprendre les puristes… mais la proposition s’avère finalement pertinente, révélant d’une manière singulière et renouvelée toutes les nuances de la musique de Mozart. La technologie contribue aussi à cette relecture : des projections vidéo monumentales habillent les voûtes jusqu’au sommet et, dans l’une des salles, un dispositif permet même de se glisser dans la peau d’un chef d’orchestre où il devient possible de battre la mesure et d’influencer, en temps réel, le tempo de la vidéo et de la bande-son qui ralentit ou accélère selon la vitesse des bras. Une expérience qui fait prendre conscience de la difficulté du rôle… surtout lorsque le métronome s’efface ! Autre moment savoureux : dans la nef même, le spectateur est invité à enfiler une perruque poudrée pour s’initier à l’art délicat du menuet. Une fantaisie légère qui plonge les volontaires dans l’élégance du XVIIIe siècle et accentue la dimension immersive et familiale du spectacle.
Ce dispositif a cependant ses limites. Si des musiciens sont présents, leur rôle reste essentiellement visuel. Dès le deuxième tableau, leur jeu devient inaudible, supplanté par une bande-son imposante – particulièrement lors du Requiem final. Si certains pourront regretter l’absence de véritable musique vivante, la présence des musiciens enrichit néanmoins l’harmonie d’ensemble, et le rythme soutenu, la richesse visuelle tout comme la variété des scènes, captivant toute l’attention, font oublier ce point. Chaque séquence est suffisamment courte pour ne jamais lasser, mais assez dense pour offrir un aperçu sensible de l’œuvre du compositeur. En faisant ainsi dialoguer les siècles, Le Mystère Mozart réussit le pari de proposer un hommage vivant, accessible et haut en couleur du génie autrichien.

Mathilde Rambaud

Pratique
Le Mystère Mozart , au Collège des Bernardins, jusqu’au 28 novembre, les samedis et dimanches, jours fériés et tous les jours pendant les vacances scolaires, de 10h à 18h ; tarifs : 32€, 30€ (réduit), 25€ (enfants jusqu’à 14 ans), 99€ (pack famille). Informations et réservations : collegedesbernardins.fr ;
20, rue de Poissy, 5e.

Article extrait de Paris Notre-Dame du 17 juillet 2025

Sommaire

Icônes : Par les huit points cardinaux, la rose d’Orient • Solidarité : « La nécessité n’a jamais été aussi grande » • Culture : Le Mystère Mozart, un spectacle enchanté • Série d’été : Marie-Eugénie de Jésus, contemplation et action

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