Aide alimentaire en été : « la nécessité n’a jamais été aussi grande »

Paris Notre-Dame – Comment est né Août secours alimentaire ?

Jean de Lasa – Août secours alimentaire a été fondé à St-Lambert de Vaugirard, en 1994, par Pierre Lanne, diacre permanent du diocèse de Paris. Très investi auprès des malades du Sida, il s’était rendu compte combien ces personnes – particulièrement fragiles car isolées – qu’il accompagnait durant l’année, ne mangeaient pas à leur faim durant l’été. Cette réalité était partagée par de nombreuses personnes précaires vivant à Paris et en région parisienne, car les associations qui leur procuraient une aide alimentaire fermaient durant la période estivale. Comment se résoudre à priver ces personnes d’une aide vitale pendant plusieurs semaines ? Août secours alimentaire était née. Aujourd’hui, l’association a grandi. Nous distribuons plus d’un million de paniers-repas entre le 15 juillet et la fin du mois d’août, dans neuf centres différents, dont cinq à Paris. La nécessité n’a jamais été aussi grande ; de plus en plus de personnes se retrouvent en dessous du seuil de pauvreté et les associations – qui sont de plus en plus sollicitées durant l’année – n’ont pas les moyens humains de rester ouvertes durant la période estivale, faute de bénévoles. Dans la seule ville de Paris, nous aidons plus de 15 000 personnes : des familles, mais aussi de nombreuses personnes isolées, précaires, souvent sans-abri ou en hébergement instable.

P. N.-D. – Comment s’organise la période estivale pour Août secours alimentaire ?

J. L. – L’organisation de l’été se fait avec le soutien des diocèses de la région parisienne, notamment le diocèse de Paris. Neuf paroisses franciliennes mettent à notre disposition leurs locaux pour que nous puissions y entreposer puis distribuer les produits alimentaires (environ 500 tonnes). Ces produits sont soit fournis par la banque alimentaire de Paris et d’Île-de-France soit achetés dans une centrale d’achats de grande distribution, à un prix réduit. Nous recevons aussi régulièrement des livraisons de produits frais, tels que des fruits et des légumes. Cette année, dans Paris, nous serons présents à St-Lambert de Vaugirard (15e) en juillet, et à St-Léon (15e), St-Hippolyte (13e), N.-D.-de-la-Croix (20e) et St-Joseph-des-Épinettes (17e), en août. Dans les quatre centres parisiens du mois d’août, avec les 450 bénévoles, nous effectuons quatre distributions par semaine : deux distributions à l’intention des personnes seules et deux distributions à l’intention des familles. Cette organisation nous permet de prendre plus de temps pour les personnes seules, parce que, dans leur cas, il n’y a pas seulement un enjeu alimentaire, il y a également un enjeu de solitude.

P. N.-D. – Est-il envisageable pour l’association de continuer à s’étendre au-delà de l’Île-de-France ?

J. L. – La situation à laquelle fait face Août secours alimentaire n’existe pas seulement à Paris ou en Île-de-France. Nous en sommes conscients mais notre association a ses limites. Nous trouvons suffisamment de bénévoles – grâce aux appels au bénévolat et à notre réseau en place depuis trente ans –, mais nous avons en revanche beaucoup de difficultés à trouver des personnes capables d’être chefs de centre, afin de gérer les distributions et l’organisation. Ce sont des profils particuliers, qui nécessitent des capacités administratives et humaines de management, et qui sont extrêmement difficiles à trouver, d’autant plus en été.

Propos recueillis par David Bini

Pour en savoir plus
aout-secours-alimentaire.org ; fondationnotre dame.fr

Article extrait de Paris Notre-Dame du 17 juillet 2025

Sommaire

Icônes : Par les huit points cardinaux, la rose d’Orient • Solidarité : « La nécessité n’a jamais été aussi grande » • Culture : Le Mystère Mozart, un spectacle enchanté • Série d’été : Marie-Eugénie de Jésus, contemplation et action

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