« Les laïcs doivent prendre toute leur place dans l’Église »

Paris Notre-Dame du 26 juin 2025

Agnès Le Camus, laïque et enseignante au Collège des Bernardins, prendra, à la rentrée, la tête de la Formation ecclésiale des baptisés. Une nomination inédite qui marque la place croissante des laïcs dans l’Église et souligne l’importance d’une formation des baptisés enracinée dans l’écoute de la Parole.

Agnès Le Camus est la directrice nommée de la Formation ecclésiale des baptisés.
© Mathilde Rambaud

Paris Notre-Dame – Qu’est-ce que la Formation ecclésiale des baptisés (FEB) ?

Agnès Le Camus – La FEB, anciennement Formation des responsables, est un parcours en deux ans proposé par le diocèse de Paris. Il est unique pour trois raisons principales : la première est que son enseignement s’appuie sur le travail des étudiants ; chaque semaine se déroule en deux temps : le premier en sous-groupe de quatre à six personnes, le deuxième en séance générale. Sont étudiés tant des textes issus de la Tradition que de l’Écriture, notre souci étant que les étudiants apprennent à lire et écouter la parole de Dieu et ce que chacun d’eux en comprend. C’est, à bien des égards, une expérience formatrice ! La deuxième raison est que chaque cours est dispensé, en séance générale, par un binôme de deux enseignants – toujours les mêmes – l’un en Écriture, l’autre en Tradition ; une manière incarnée de manifester aux étudiants que la parole de Dieu est une. Et la troisième raison est que ces enseignants sont issus de deux états de vie différents : il y a toujours un prêtre et un – souvent une… – laïc. Cette complémentarité démontre, sans le dire, que la parole de Dieu s’adresse à tout le monde.

P. N.-D. – Quel est le profil type des personnes qui s’engagent dans ce parcours ?

A. L. C. – Le plus jeune étudiant que j’aie eu avait 18 ans et le plus âgé plus de 70 ans ! C’est aussi un élément que je trouve extrêmement riche. Les étudiants, hommes et femmes, ont tous les âges ; ils ont des origines, des cultures et des formations très diverses. Beaucoup souhaitent suivre la FEB car ils sont déjà en mission dans l’Église et éprouvent le besoin de se nourrir spirituellement pour toujours mieux rendre compte de l’espérance qui est en eux. Cette formation sur deux ans n’est pas diplômante mais sa pédagogie, mise en œuvre depuis plus de quarante ans, est bien un véritable engagement !

P. N.-D. – Vous êtes la première femme et, qui plus est, laïque à prendre la tête de la FEB. Que cela représente-t-il pour vous ?

A. L. C. – Il n’y avait aucun empêchement structurel à ce qu’un laïc soit nommé directeur de la FEB puisqu’il ne s’agit pas de donner des sacrements mais de donner le goût des sacrements. Et il se trouve que je connais très bien la FEB pour l’avoir suivie et, surtout, pour y enseigner depuis six ans. Cette nomination est pour moi un message envoyé à tous : il est urgent que les laïcs prennent, selon leurs possibilités, toute leur place dans l’Église.

P. N.-D. – À la veille de votre prise de fonction, quels sont les principaux défis que vous identifiez ?

A. L. C. – Les mêmes défis que ceux auxquels mes prédécesseurs ont dû faire face et qui se renouvellent sans cesse ! Un défit nouveau concerne sans doute la demande croissante de sacrements. On peut légitimement penser que le besoin de former et accompagner ces nouveaux chrétiens va augmenter. Tous ne viendront pas se former à la FEB mais celle-ci est le lieu idéal pour tous ceux qui sont habités par cette soif de sens et souhaitent se mettre au service de ces néophytes. L’expérience de la FEB les aidera alors à accueillir ces nouveaux venus dans la douceur et le respect. Car c’est à l’amour que l’on se porte les uns aux autres que nous serons reconnus comme disciples auprès de ceux qui arrivent à nous. C’est ce que j’aime dans cette formation : la charité que l’on y expérimente nous envoie ensuite vers le monde. Cette formation est un cadeau qui est proposé. C’est ainsi que je l’ai vécu et que, je l’espère, les étudiants et les enseignants le vivent aussi.

Propos recueillis par Mathilde Rambaud

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« Rejoindre les situations humaines de ceux qui ne nous demandent plus rien »

Paris Notre-Dame – 5 août 2025

« L’Église doit être missionnaire ou elle ne sera plus rien en ce monde. […] Une foi qui ne se propose pas et ne se partage pas est une foi qui se dessèche et qui n’intéresse plus, même les croyants. » Ainsi s’exprimait Mgr Vingt-Trois dans sa lettre Notre mission à Paris, publiée les premiers jours de son épiscopat parisien, ajoutant, quelques lignes plus loin, cette formule que personne n’a oubliée : « Nous devons chercher, dans notre travail pastoral habituel, comment nous pouvons rejoindre les situations humaines de ceux qui ne nous demandent plus rien. » L’exhortation à cet élan missionnaire – pour lequel il avait défini quatre champs prioritaires, à savoir, la famille, la jeunesse, la solidarité et l’éthique – est le fil rouge de son ministère à Paris, en témoigne l’organisation des Assises de la mission, en 2008 et 2009, et les trois années placées sous le sigle de « Paroisses en mission », de 2009 à 2012, avec, comme point d’aboutissement, l’opération Avent 2014 qui permettra de déployer plus de 500 projets missionnaires durant le mois de décembre 2014. Son dernier programme pastoral diocésain, de 2015 à 2018, s’appuiera toujours sur la mission, autour des axes « Annoncer, partager, transmettre ». Entretien avec Mgr Bruno Lefèvre Pontalis, curé actuel de St-François- Xavier (7e), qui fut vicaire général du diocèse de Paris 2012 à 2016. Charlotte Reynaud

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