« Au rythme du monde »
Paris Notre-Dame du 1er septembre 2016
Mgr Patrick Jacquin, recteur-archiprêtre de N.-D. de Paris.
Paris Notre-Dame – Monseigneur, vous quittez vos fonctions de recteur-archiprêtre de la cathédrale de Paris dans quelques jours. De ces treize années passées au service des Parisiens, que retenez-vous ?
Mgr Patrick Jacquin – Je suis arrivé à Notre- Dame pour les ordinations sacerdotales de 2003. Je n’oublierai pas la première fois où j’ai franchi le grand portail de la cathédrale, cette sensation d’être mangé par la foule, par les prêtres qui nous entourent. Je me rappelle avoir eu un petit moment d’angoisse et m’être posé la question : que vais-je faire ? Si on m’avait dit, à l’époque, que je resterais ici treize ans, il n’est pas sûr que j’aurais signé ! Mais j’ai vécu ici de grands moments : les obsèques de l’abbé Pierre, celles de sœur Emmanuelle. Et bien sûr, celles du cher cardinal Jean-Marie Lustiger, avec qui j’ai travaillé de longues années. C’est lui qui m’a rappelé ici, après m’avoir envoyé à Lourdes comme recteur du sanctuaire. C’est avec lui que j’ai collaboré étroitement pour l’organisation des JMJ de Paris en 1997. Parmi les autres événements marquants de ces treize années, comment ne pas évoquer aussi la mort du pape Jean-Paul II ? Les semaines précédant sa disparition, des foules considérables venaient prier tous les jours dans la cathédrale. Et puis l’élection de Benoit XVI, sa démission, l’élection de François. Et les drames qu’ont vécu notre pays et les autres nations, ces attentats terribles. Tous ces événements, nous les avons vécus ici, car la cathédrale est en quelque sorte « branchée » sur le monde, en résonance continuelle.
P. N.-D. – Ces dimensions nationale et internationale sont très présentes à Notre-Dame ?
Mgr P. J. – Oui, nous vivons ici au rythme du monde. Dès que les nouvelles cloches de la cathédrale sonnent, les journalistes se précipitent ! Mais nous vivons aussi au rythme de la communauté parisienne et régionale, avec les confirmations d’adultes, les ordinations épiscopales, sacerdotales et diaconales, les baptêmes lors de la vigile pascale. Et le quotidien, c’est la prière des vêpres chaque soir, les messes, notamment celle du vendredi, instituée pour le grand jubilé de Notre-Dame en 2013 et celle du dimanche soir, présidée par le cardinal Vingt-Trois. Tout cela diffusé en direct sur KTO, depuis notre nouveau chœur.
P. N.-D. – L’un des défis de votre fonction est de concilier ici lieu de culte et lieu touristique. Comment y parvenir ?
Mgr P. J. – J’aime bien dire qu’au centre de la nef et du chœur, les pratiquants se retrouvent pour prier au calme. Les visiteurs, eux, déambulent autour de la nef. C’est un peu l’anti-zoo : les visiteurs regardent ce qui se passe à l’intérieur et nous espérons bien, par notre exemple, les attirer à nous. De fait, il y a des choses qui se passent. Certains prêtres ne s’habituent pas à ce monde, à ce brouhaha permanent, mais ceux qui aiment les gens et qui ont envie de créer des ponts, d’aller en périphérie, sont heureux ici. On ne peut aller aux périphéries si on veut garder son silence profond. Ici, nous avons la chance immense de voir ces périphéries venir à nous. À nous de les accueillir. Deo Gratias. • Propos recueillis par Priscilia de Selve
Agenda
Une messe d’action de grâce, présidée par Mgr André Vingt-Trois, sera célébrée le dimanche 4 septembre, à 18h30, à N.-D. de Paris.
Mgr Patrick Chauvet, recteur archiprêtre nommé, sera installé le dimanche 11 septembre.