Biographie du père Henri Planchat
Henri Planchat naît à La Roche-sur-Yon (Vendée), le 8 novembre 1823.
Ses origines
Henri Planchat naît dans une famille très pieuse, dont le père est magistrat. Celui-ci est ensuite envoyé en poste à Chartres, à Lille puis nommé président du Tribunal d’Oran en Algérie. Malgré l’éloignement de sa famille, le jeune Henri poursuit à partir de 1837 ses études au collège Stanislas de Paris où il reste trois ans, puis les poursuit au collège de l’abbé Poiloup à Vaugirard, alors quartier périphérique en dehors de Paris. Il fait ses études de droit, comme le voulait son père, mais à peine son diplôme d’avocat en poche, il entre au séminaire d’Issy-les-Moulineaux.
Sa vocation
Durant ses études de théologie, il participe à l’une des Conférence de la Sociétés de Saint-Vincent-de-Paul présidée par Jean-Léon Le Prevost. C’est ainsi qu’il fait la connaissance de l’Institut des Frères de Saint-Vincent de Paul, fondé par Le Prevost en 1845, et qu’il découvre sa vocation. Il s’occupe alors des pauvres, de la bibliothèque de la paroisse et collabore au patronage des Frères de Saint-Vincent de Paul. Il est ordonné prêtre le 21 décembre 1850. Il se présente trois jours plus tard devant Jean-Léon Le Prevost pour être accueilli en tant que premier prêtre au sein de la nouvelle congrégation des qui ne comptait jusqu’alors que des frères.
Son zèle apostolique
Dès lors, il se dévoue aux populations laborieuses de Grenelle et de Vaugirard qui sont éloignées de l’Église et se montrent souvent hostiles aux prêtres. Mais son charisme, simple et humble, lui permet de conquérir le cœur des familles de ce milieu ouvrier. Son zèle débordant l’amène cependant aux limites de sa santé. S’étant dévoué depuis plusieurs années déjà, et plus encore dans sa première année de ministère, épuisé, il doit partir se reposer en Italie quelques mois. De retour en avril 1853, avec les Frères de son Institut, il poursuit son apostolat au patronage Notre-Dame de Grâces dans la formation des garçons tout en continuant à visiter les malades et assister les pauvres. Le succès de son action pastorale provoque toutefois la susceptibilité du curé de la paroisse de Grenelle. Pour calmer les choses, son supérieur, M. Le Prevost, l’envoie deux ans à Arras assister l’abbé Halluin qui dirige un orphelinat avec des ateliers d’apprentissage.
L’apôtre de Charonne
De retour à Paris en 1863, il fut désigné comme aumônier du patronage Sainte-Anne dont les Frères de Saint-Vincent de Paul avaient assumé la direction, en mars 1862, sur les instances de M. Decaux, nouveau président des Conférences de Paris et ami intime de M. Le Prevost. Cette Œuvre, fondée et patronnée par la Société de Saint-Vincent de Paul, groupait alors près de 300 enfants et jeunes gens, mais se trouvait dans l’impossibilité de prendre son plein essor. Confinée dans le rez-de-chaussée d’une modeste maison, au 81 rue de la Roquette, elle ne disposait ni de locaux suffisants, ni surtout de chapelle. Devant l’état des lieux, il comprit qu’il devait agir. Aussi insista-t-il pour que le Patronage Sainte-Anne fût transféré dans sa résidence définitive, un mois plus tard, en la fête de l’Assomption de Notre-Dame. Par sa facilité à toucher le cœur de généreux bienfaiteurs, de nouveaux locaux sont aménagés rue des Bois : salles de jeux, gymnase, ateliers pour la formation des apprentis et, surtout, une grande chapelle pour l’action pastorale qu’entreprend le Père Planchat.
Comme à Grenelle, il sillonne tout le quartier de Charonne. Si son but primordial est de prendre contact avec les familles de ses patronnés, dont la persévérance ne saurait être assurée sans le concours de leurs parents, il découvre, par surcroît, l’immense détresse qui règne en de nombreux foyers chargés d’enfants, réduits à une extrême pauvreté, privés de tous secours religieux. Cependant, il poursuit activement, avec les confrères de sa communauté, l’organisation du Patronage Sainte-Anne, ne reculant devant aucun effort pour en faire cette « Maison d’œuvres » accueillante et bienfaisante pour tous. Près de 500 garçons et apprentis qui y sont formés. Le Père Planchat se préoccupe de leur formation chrétienne en leur permettant de recevoir les sacrements de la confession et de la première communion.
Son action ne se limite pas aux enfants et adolescents, cet apôtre, que l’on surnomme parfois le « chasseur d’âmes », veut permettre à ceux qui sont exclus de la pratique religieuse de pouvoir participer aux sacrements. Il régularise les mariages, en célèbre des centaines, sans négliger de leur avoir de quoi fêter joyeusement ce grand jour : habits, nourriture… Il favorise la communion fréquente – chose qui n’était pas commune à l’époque – pour cela il prépare la communion des adultes. Connu et aimé dans ce faubourg, il secourt les pauvres en ne négligeant personne. De tous les étrangers habitant le quartier, les ouvriers italiens étaient les plus nombreux, abandonnés à eux-mêmes « comme des brebis sans pasteur ». Grâce à son long séjour de repos en Italie, le Père Planchat connaissait assez leur langue et leur mentalité pour les aborder aisément, s’entretenir avec eux de leurs affaires et mettre à leur disposition les trésors de sa charité. Il sema donc ses invitations, au gré de ses randonnées dans les ruelles environnantes, conviant les plus chrétiens à une sainte propagande auprès de leurs connaissances.
Durant la guerre de 1870
Lorsque la guerre de 1870 éclate, il s’associe au mouvement patriotique et charitable, suscité par la guerre, en faveur des blessés évacués dans la capitale et des soldats chargés de sa défense. Sollicité par M. Decaux, président de la Société de St-Vincent de Paul, il établit une ambulance dans son Œuvre. Dès la mi-septembre en effet, le quartier de Charonne avait été envahi par des bataillons de mobiles. Installés dans des baraques de fortune, où ils ne pouvaient guère séjourner que la nuit, ceux-ci erraient le plus souvent, entre les exercices, exposés à tous les dangers de la rue. Le désœuvrement de ces hommes qui, bientôt sans doute, retourneraient au feu, émut le cœur du Père Planchat. Aussi résolut-il de prendre contact avec leurs chefs, afin d’obtenir l’autorisation de visiter chaque jour leurs troupes et de mettre à leur disposition maison, jardin, gymnase et chapelle de Sainte-Anne. Une œuvre nouvelle venait de naître : le Patronage des Mobiles.
Cet apostolat auprès des mobiles ne plut pas aux chefs de la Garde nationale. « Un jour, lisons-nous dans son journal, 200 gardes nationaux armés arrivèrent à Sainte-Anne avec leur capitaine qui désirait savoir ce que venaient faire les mobiles dans notre chapelle. “Prier, chanter, entendre une conférence, au lieu de hanter les mauvais lieux”. À cela le capitaine répondit : “Si ces sermons plaisent aux chefs des mobiles, ils ne nous plaisent pas à nous” ». Le Père Planchat ne fut ni ébranlé par la mise en demeure ni par l’attitude du capitaine. L’issue de cette nouvelle attaque contre Sainte-Anne était plutôt inattendue. Désormais, jusqu’aux premiers jours de la Commune, notre apôtre continuera son ministère au quartier de Charonne, sans être autrement inquiété.
Dans la tourmente de la Commune de Paris
Bien qu’Henri Planchat fut étranger aux luttes politiques, le jour même du début de l’insurrection de la Commune dans Paris, le 18 mars 1871, une bande d’insurgés envahissent le patronage Sainte-Anne sous prétexte d’y saisir des armes. Ils fouillent la maison de fond en comble, mais ils ne trouvent point d’armes. Totalement investi dans son ministère pastoral auprès des pauvres et préoccupé par le bien des enfants et des adultes qu’il préparait aux fêtes pascales, le Père Planchat ne songea même pas à prendre les mesures de prudence qui semblaient s’imposer, ou du moins à modérer les ardeurs de son zèle.
Le Jeudi Saint, 6 avril 1871, un groupe de fédérés pénétra à Sainte-Anne, un commissaire, revolver au poing, lui notifia alors son arrestation. Il fut conduit à la mairie du 20e où il subit un interrogatoire. Le Vendredi Saint, on lui signifie son transfert à la Préfecture de Police. C’est là que le Père Planchat va demeurer, rigoureusement seul, jusqu’au jeudi de Pâques, 13 avril 1871. Le jeudi 13 avril, avec d’autres religieux prisonniers qui l’ont rejoint, ils sont transférés à la prison Mazas : 25 ecclésiastiques, parmi lesquels le Père Planchat et les quatre Pères de Picpus. Pendant 39 jours, ils y vivront la même vie qu’ils ont menée au Dépôt de la Préfecture, et dans des conditions identiques. Aucun d’eux n’aura la consolation de célébrer la sainte messe. Du fond de sa prison il écrira plusieurs lettres qui nous révèlent une fois de plus sa délicate bonté, en même temps que sa constante préoccupation du bien spirituel des âmes.
Massacre de la rue haxo, le 26 mai 1871
Le vendredi 26 mai 1871, la Capitale vit des heures dramatiques. Le combat devient plus intense entre les “Versaillais” qui ont gagné presque tous les quartiers et les Fédérés qui se replient sur les derniers bastions et barricades. Au début de l’après-midi, le Père Planchat, avec neuf autres ecclésiastiques et une quarantaine de civils sont extraits de la prison par le Colonel Émile Gois et sont conduits de la prison de la Grande Roquette, à travers les rues de Belleville, jusqu’à la Villa Vincennes au 85 rue Haxo. Au long du chemin, des voix dans la foule les accueillirent avec des injures et des cris de mort. À six heures, lorsque les prisonniers arrivent rue Haxo, la foule regroupée dans l’allée frappait leurs victimes, les bousculant et les entraînant jusqu’au muret du terrain vague.
Soudain, un coup de revolver donna le signal du massacre. Une fusillade désordonnée éclata aussitôt. Cette tuerie dura près d’une demi-heure. Ainsi mourut, le 26 mai 1871, dans la quarante-huitième année de son âge, le Père Mathieu-Henri Planchat, Prêtre de la Congrégation des Frères de St-Vincent de Paul, modèle de parfaite humilité.
Source : https://r-s-v.org/chemin-de-saintete/serviteur-de-dieu-henri-planchat/
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