« Doit-on dire l’Évangile à ceux qui ne nous le demandent pas ? »
« Évangéliser à la manière de Jésus, c’est finalement replacer au cœur de celui que vous rencontrez le goût d’une vie libre et digne. » Chronique audio de Mgr Bruno Lefevre Pontalis.
Regardez Jésus au matin de Pâques, seul dans la fraicheur du jardin. Va-t-il tirer Marie-Madeleine de son sommeil ? Va-t-il crier à ses oreilles ? Non, il est paisible. Marie-Madeleine le prend pour un autre et il reste calme. Lui, écoute ce qu’elle lui demande, de façon un peu triviale : est-ce toi qui a pris le cadavre ?
Elle se pose des questions à elle-même, enfermée dans ses propres angoisses. Alors, comme elle n’a rien demandé sur lui-même, Jésus ne lui annonce aucun Évangile sur lui-même. Il part de là où elle en est ; il lui parle d’elle-même, c’est cela qui la préoccupe ce matin-là. Il va lui dire qu’elle est, elle, une bonne nouvelle à ses yeux de ressuscité : « Marie », dit Jésus.
Et c’est elle qui se retourne. C’est d’elle que vient alors la demande. C’est d’elle que sort le beau nom de Jésus. Alors, et alors seulement, quand vient en elle le désir de Salut, Jésus l’évangélise. Et plus que cela d’ailleurs, il l’évangélise en la faisant elle-même messagère : « va et annonce ».
Nous voyons que cela valait la peine d’attendre qu’elle-même demande l’Évangile.
Vous voyez que dire l’Évangile sans qu’on vous le demande, ce n’est pas évangéliser à la manière de Jésus. Mais sa manière à lui est d’aller à sa rencontre, d’être là et de permettre que son cœur s’ouvre pour qu’elle fasse elle-même un chemin de reconnaissance et d’expérience de Dieu.
Évangéliser à la manière de Jésus, c’est finalement replacer au cœur de celui que vous rencontrez le goût d’une vie libre et digne, une vie de fils et de fille de Dieu. Et ensuite on se retire du souterrain de liberté qu’est la conscience de l’autre qui, s’il le désir fera librement place à l’amour.
Voilà qui est éclairant pour nous.