Famille, écologie, miséricorde

Paris Notre-Dame du 3 septembre 2015

Frédéric Louzeau, coordinateur au Collège des Bernardins des manifestations autour de la question du climat, directeur du Pôle de recherche au Collège des Bernardins.
© Céline Marcon

P. N.-D. – La famille, l’écologie et la miséricorde sont trois thèmes sur lesquels le pape a invité les catholiques à s’engager. Quel lien peut-on établir entre eux ?

P. Frédéric Louzeau – Le pape François a lancé plusieurs grands « chantiers » pastoraux pour les années à venir : deux sessions du Synode des évêques sur la famille en octobre 2014 et 2015, une encyclique majeure sur l’écologie parue le 18 juin, une Année jubilaire extraordinaire de la miséricorde entre le 8 décembre 2015 et le 20 novembre 2016. Le triptyque famille-écologie-miséricorde forme en quelque sorte la feuille de route que François propose à l’Église et à l’humanité. Pour être franc, cela donne un peu le tournis ! Face à l’ampleur de la tâche, nous pourrions être enclins à choisir prioritairement un axe parmi les trois. Or, je pense qu’il s’agit d’une seule et même conversion missionnaire, dont la fécondité repose justement sur l’articulation des trois thématiques.

P. N.-D. – À quelle conversion missionnaire sommes-nous ainsi appelés ?

P. F. L. – Partons de l’écologie. Dans l’encyclique Laudato si’, le pape François fournit un discernement très aiguisé des racines du désastre écologique actuel. Les innovations technologiques et économiques ne suffiront pas, nous dit-il, à surmonter la crise environnementale. Il nous invite à changer d’abord notre regard sur la planète terre : nous devons apprendre à la considérer non plus comme un objet de domination et d’exploitation, mais comme notre sœur et notre mère ! Saint François d’Assise nous est proposé comme modèle, lui qui donnait à chaque créature, si petite soit-elle, le nom de frère ou sœur. Mais où pouvons-nous expérimenter ce que c’est qu’une sœur ou un frère ou une mère, et comment bien se comporter avec eux, si ce n’est justement dans la famille ? Et si les relations familiales demeurent abîmées et blessées, comment espérer que notre rapport à la nature puisse être lui aussi guéri ? Si l’évangile de la famille, auquel le Synode veut nous rendre davantage sensible, est véritablement une bonne nouvelle, c’est-à-dire une transformation positive pour les relations mutuelles entre les hommes, il le sera également pour la manière dont ils traitent la création.

P. N.-D. – Et qu’en est-il de la Miséricorde divine ?

P. F. L. – Faisons un pas de plus comme nous y invite François en décrétant un jubilé de la Miséricorde. Sur quoi les hommes peuvent-ils s’appuyer pour construire des familles qui mettent en œuvre une écologie à la fois humaine et environnementale ? Pour l’Évangile, le modèle et la source des relations familiales se trouvent précisément dans la miséricorde de Dieu à l’égard de l’humanité et de toute sa création. Comme votre Père est miséricordieux, soyez miséricordieux (cf. Lc 6, 36), avec vos semblables comme avec toute créature ! Si nous arrivons un tant soit peu, avec la puissance de l’Esprit, à imiter la miséricorde du Seigneur dans toutes nos relations, si nous reflétons davantage le visage du Christ dans nos familles et par nos comportements, l’annonce de l’Évangile n’en retentira qu’avec plus de force et plus de joie ! La famille et l’écologie, envisagées sous la lumière de la Miséricorde divine, sont aujourd’hui les enjeux prioritaires de la nouvelle évangélisation. • Propos recueillis par Ariane Rollier

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