Homélie de Mgr Laurent Ulrich - Messe de l’Assomption de la Vierge

Lundi 15 août 2022 - Église de Rennes-sur-Loue, paroisse d’Arbois (Jura)

 Fête de l’Assomption de la Vierge

Cette fête de l’Assomption de la Vierge Marie nous dit que la mère de Jésus a définitivement une place particulière dans l’Histoire du salut de toute l’humanité voulu depuis toujours par Dieu. Non seulement elle a été choisie parmi les femmes pour permettre à Dieu de venir au milieu des humains et sur notre terre, non seulement elle a été témoin, et comme la première parmi les témoins, de la vie, de la passion, de la mort et de la résurrection de ce Fils, mais désormais elle est la première des vivants à entrer dans la lumière et la joie de Dieu pour toujours. Ainsi elle est bien la première en chemin, et la première arrivée dans ce royaume promis. Elle est la mère des croyants, et même si elle n’est pas la mère de tous les vivants, elle est mise à ce rang de première, de modèle, et de protectrice.

Sur de nombreuses statues de petits sanctuaires, de modestes oratoires de nos villes et de nos campagnes, comme les siècles passés les ont construits, et les siècles suivants les ont entretenus et rénovés régulièrement, on peut lire ces inscriptions latines qui décrivent ce rôle qui lui est assigné : ‘Posuerunt me custodem’, ils m’ont placée là comme gardienne, gardienne de notre foi, de notre espérance, de notre charité ; ou bien ‘Monstra te esse matrem’, montre-toi comme une mère, montre-nous comme tu es notre mère.

Ces formules sont là comme un témoignage formidable et transmis de génération en génération de la confiance que nos pères ont placée dans la Vierge Marie. Et nous recevons ce témoignage très vigoureux et réconfortant ; pourvu que nous sachions à notre tour le transmettre. Qu’il nous dise que la puissante miséricorde de Dieu est capable de prendre corps dans une vie humaine comme celle, toute simple et modeste, d’une jeune fille, d’une femme, d’une mère dans un petit coin de notre terre, et dans une époque marquée comme beaucoup d’autres par des événements difficiles et inquiétants.

C’est bien pour cela que nous allons lire et écouter de nouveau la lettre pastorale de Mgr Saliège, archevêque de Toulouse pendant la Seconde Guerre mondiale, lettre qu’il a écrite et publiée le 23 août 1942, un mois après la Rafle du ‘Vel d’hiv’, il y a donc juste 80 ans. Mgr Saliège a senti monter en lui et dans le peuple une colère irrépressible contre le sort inadmissible qui était réservé aux Juifs. Le sens de la justice humaine, la parole de Dieu qu’il méditait sans cesse, la confiance dans la prière de Notre-Dame, l’espérance que la révolte contre la violence porterait un fruit de justice et de paix, la lutte contre l’antisémitisme, tout cela justifiait le courage de cette parole qui résonna loin, au-delà des limites du diocèse de Toulouse ; oui c’est bien à Notre Dame qu’il confiait ce message : Notre Dame priez pour la France, écrit-il. Elle remplissait son rôle de gardienne et de mère en soutenant la prière et la lutte contre ces injustices, contre cette rage insupportable. On peut être étonné de la virulence du propos, mais il le méritait bien. Il faut surtout rendre grâce à Dieu que la foi qu’Il met en nous, qu’Il a mise dans la Vierge Marie avec toute la douceur maternelle que nous lui connaissons, soit capable de susciter une telle protestation.

Mgr Saliège demandait que sa lettre soit lue sans commentaire ; j’en ai mis un quand même, mais c’était juste pour en rappeler l’histoire. Écoutons ce message de foi, et de confiance dans la prière de la Vierge Marie.

+Laurent Ulrich, archevêque de Paris.

 Lire la Lettre pastorale sur la personne humaine “Et clamor Jerusalem ascendit” du cardinal Jules Saliège du 23 août 1942.

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