Homélie de Mgr Laurent Ulrich - Messe à Notre-Dame de Lourdes à l’occasion de la Fête de Notre Dame de Lourdes

Samedi 11 février 2023 - Notre-Dame de Lourdes (20e)

– Fête de Notre Dame de Lourdes

- Is 66,10-14c ; Cantique de Judith ; Ap 21,1-5a,6-7 ; Jn 2,1-11
D’après transcription

Frères et Sœurs,

Que c’est beau de vous voir si nombreux, si fervents, pour acclamer le Seigneur, rendre grâce de tout ce qu’il fait pour nous, toujours, depuis des siècles et aujourd’hui encore, par l’intercession de la Vierge Marie, et de sainte Bernadette que nous fêterons la semaine prochaine !

Dans les lectures que nous venons d’entendre, nous pouvons retenir les signes qui sont donnés. Le premier des signes que Jésus a faits, c’est ce changement de l’eau en vin aux noces de Cana. Mais il y a déjà beaucoup d’autres signes qui sont manifestés dans les lectures qui précèdent. D’abord, le signe du lait : le lait des consolations, le lait de la douceur, le lait qui est offert par Dieu comme un signe de sa bonté, le lait qui coule et qui nourrit, le lait qui est aussi douceur pour la peau. Voilà ce lait des consolations : c’est une image qui est donnée au peuple d’Israël depuis longtemps et que le prophète Isaïe a du plaisir à évoquer, cette douceur de la présence et de la tendresse de Dieu.

Et puis, plusieurs fois, est signifiée l’image de l’eau. On se rappelle le récit de la création du monde dans le livre de la Genèse. Dieu qui sépare les eaux du dessus des eaux du dessous, pour que nous ne soyons pas submergés, noyés par ces puissances fortes qui peuvent aussi donner la mort, mais pour que nous soyons au contraire abreuvés et que nous soyons désireux de recevoir l’eau qui nourrit, qui abreuve, qui étanche la soif, mais aussi comme le fleuve et comme le torrent, qui déborde et qui est le fleuve de la paix. C’est le mot que le prophète Isaïe emploie : « la paix déborde comme un torrent ». Et l’eau qui coule irrigue, elle apporte la joie et la paix partout.

Et puis il y a, bien sûr, dans l’évangile, le signe de l’eau changée en vin. Qu’est-ce que cela ajoute ? L’eau est nécessaire, bien sûr, l’eau est bonne pour la vie. Mais le vin apporte la joie. Et l’évangile ne renonce pas à évoquer cette image du vin qui apporte la joie. L’évangile d’aujourd’hui ne renonce pas à dire que la joie apportée par le vin c’est vraiment le signe de la présence de Jésus. C’est parce que Jésus est là que l’eau est changée en vin. C’est parce que Jésus est là que la joie s’installe dans le cœur des personnes qui sont présentes aux noces de Cana. Il manquait la joie de la présence de Jésus. Jésus dit à sa mère : « Mon heure n’est pas encore venue ». Cela veut dire le moment de donner ma vie jusqu’au bout ce n’est pas encore maintenant, mais, dès maintenant, je peux donner le vin de cette joie qui sera répandue sur l’humanité tout entière au jour où je donnerai ma vie sur la croix ; mais, dès maintenant, dès le moment du premier signe de Jésus, on annonce que la joie vient dans le cœur des hommes parce que Jésus se donne, parce que Jésus offre sa vie, en présence de Notre Dame, en présence de sa mère la Vierge Marie. C’est ainsi que nous sont transmis tous les dons de Dieu.

La douceur du lait, la paix qui coule au milieu de l’humanité comme un fleuve, comme un torrent qui déborde, l’eau qui abreuve et nourrit, et le vin qui apporte la joie de la présence du Seigneur à toute l’humanité, depuis toujours et jusqu’à la fin des temps : c’est cela que nous sommes venus chercher auprès de la Vierge Marie, auprès de la grotte de Lourdes, auprès de l’eau de Lourdes. Tous ces signes du lait, de l’eau, du vin, sont rassemblés à Lourdes. Nous pouvons entendre la beauté de tous ces signes dans l’eau qui coule à Lourdes de la source que la Vierge Marie a indiquée à Bernadette. Et nous attendons, en recueillant l’eau de Lourdes, que se réalise pour nous, pour tous ceux pour qui nous prions, la bonté de Dieu, sa miséricorde, sa douceur, le fait qu’il nous nourrisse et qu’il nous abreuve, le fait qu’il soit pour nous la source véritable de la joie permanente.

Et c’est pour cela qu’en cette fête de Notre-Dame de Lourdes - dans cette église Notre-Dame de Lourdes de Paris - en pensant à tous les pèlerins de Lourdes, les pèlerins du monde entier, les pèlerins du diocèse de Paris, les pèlerins que vous êtes, que vous avez été, que vous serez -, nous sommes heureux de venir recueillir auprès de la Vierge Marie cette eau qui dit toute la bonté, la douceur et la miséricorde du Seigneur pour le monde dans lequel nous sommes. Il y a tellement d’intentions que vous portez dans votre cœur, que nous portons ensemble dans notre cœur ! D’abord, bien sûr, parce que c’est Lourdes, l’intention permanente pour tous ceux qui vivent l’épreuve de la maladie. Tant de personnes vont à Lourdes avec, non pas forcément l’espoir de guérir, mais la certitude d’être tenus par la main du Christ, la main de la Vierge Marie, la main de sainte Bernadette, pour affronter les épreuves de la maladie, quelles qu’elles soient, et trouver là la douceur de la bonté du Seigneur qui se manifeste à Lourdes. Et qui se manifeste dans la tendresse de tous pour les malades qui sont à Lourdes, ou qui, ne pouvant y être, rejoignent Lourdes par la pensée, la prière et parfois, ou souvent, par le canal des radios et des écrans de télévision.

Nous pensons non seulement aux malades qui sont nos proches, aux malades qui sont, parfois, nous-mêmes, mais nous pensons aussi à toutes les angoisses de nos frères et sœurs pour leur avenir, pour l’avenir du monde, pour l’avenir de cette maison commune dans laquelle il nous est parfois difficile de vivre. Cette Terre qui nous a été donnée pour qu’elle soit belle et bonne et qui est parfois bien défigurée et pour laquelle nous craignons. Et je pense aussi à l’eau qui, peut-être, ne nous manque pas encore chez nous, mais qui manque à tant d’autres populations dans le monde, ou qui n’est plus une eau bonne. Nous pouvons porter cette prière devant le Seigneur aussi, pour que la Terre soit bonne à tous, pour que la Terre soit fraternelle à tous les hommes, pour que la maison que nous habitons ensemble soit une maison de paix, de bonheur, de justice, de douceur fraternelle.

Bien sûr, nous pensons aussi à tous ceux et celles qui subissent les affres de la guerre, de la guerre civile, ou des pouvoirs politiques qui les enserrent dans des projets douloureux, dangereux. Et puis, aujourd’hui, parce que nous y sommes invités par notre Église, nous pouvons prier pour le respect de la vie. Hier, nous avons été invités à prier toute la journée, en cette veille de la fête de Notre-Dame de Lourdes et du dimanche de la santé et des malades, pour le respect de la vie et pour que tous, et notamment ceux qui sont chargés de faire les lois, pensent que le respect de ceux qui souffrent mérite bien qu’on les accompagne pour vivre les moments difficiles de leur vie et non pas pour les congédier.

Et enfin, je vous invite à prier pour notre Église diocésaine de Paris, pour toutes les Églises diocésaines auxquelles, peut-être, nous appartenons, et auxquelles nous pensons parce que nous les aimons. Nous en faisons partie ou bien nous avons de la famille. Toutes les Églises diocésaines de France et d’ailleurs qui sont pour nous des mères qui nous enfantent dans la foi et qui nous conduisent : nous prions pour nos Églises.

Et puis je vais vous confier tout particulièrement une intention : j’ai déjà invité les prêtres du diocèse de Paris à se retrouver à Lourdes au mois de novembre, pendant trois jours. Alors je sais qu’ils sont joyeux de cette perspective, vers la mi-novembre, d’aller ensemble le plus nombreux possible. Alors ils vous laisseront un peu seuls ici pendant quelques jours ! Il faudra que vous acceptiez que, pendant quelques jours, ils soient ensemble pour aller prier Notre-Dame, pour aller prier le Seigneur, et leur confier encore aujourd’hui le ministère qu’ils vous rendent dans la joie du don d’eux-mêmes pour l’Église, pour vous tous.

Voilà tant d’intentions que nous pouvons faire monter vers le Seigneur par l’intercession de la Vierge Marie et de sainte Bernadette. En cette fête de Notre-Dame de Lourdes, que le Seigneur soit remercié de nous avoir conviés ce soir et qu’il accueille toutes nos prières.

+Laurent Ulrich, archevêque de Paris

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