Homélie de Mgr Laurent Ulrich - Messe de clôture du Pèlerinage VTT Paris-Montmartre 2023 en la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre

Vendredi 14 juillet 2023 - Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre (18e)

– 14e Semaine du Temps Ordinaire – Année A

- Gn 46, 1-7.28-30 ; Ps 36 (37), 3-4, 18-19, 27-28ab, 39-40 ; Mt 10, 16-23
D’après transcription

Parlons d’abord un peu des deux textes que nous venons d’entendre. L’histoire de Jacob, qui vient en Égypte parce que c’est la famine chez lui. Il y vient avec toute sa famille : quelques-uns de ses enfants, qui y étaient déjà, sont repartis le rechercher, lui, le père âgé, avec le dernier enfant. Et ils vont retrouver l’un des autres enfants qui était déjà là-bas, mais pour une raison tout à fait mauvaise qu’il avait été vendu comme esclave par ses frères. Voilà que Jacob revient avec toute sa famille et va s’installer en Égypte pour des années et des années, des générations, pendant longtemps… pour dire que les affaires de migrations humaines sont des affaires bien anciennes, qui existaient bien avant notre histoire à nous. Il y a des hommes de toutes les époques qui ont dû quitter leur pays de naissance pour aller ailleurs, pour des raisons notamment économiques : parce qu’ils ne peuvent plus vivre là où ils sont, ils vont chercher à vivre ailleurs.

Mais c’est bien l’histoire, très importante ici, d’une rencontre du vieux père avec son fils, déjà arrivé sur place en Égypte, depuis longtemps, qui a trouvé une belle place, qui était un adjoint du pharaon. Et voilà qu’ils se retrouvent, au terme d’une histoire qui est une histoire humaine, une histoire humaine toute simple : des familles séparées par la migration et par l’histoire de la vie des familles, c’est quelque chose qui arrive à toutes les époques. Et voilà que ce rapprochement de famille joue en faveur de Jacob et de tous ses enfants. Ils se retrouvent dans un lieu qui va être plus hospitalier pour eux pendant les siècles qui vont suivre. C’est une histoire longue qui commence ici, de l’installation d’un peuple sur une terre étrangère. Mais cette histoire montre aussi que le peuple des enfants de Jacob, ces grandes tribus, ils sont capables de découvrir que Dieu est là, avec eux, tout au long de ces histoires difficiles qu’ils ont à vivre. C’est la première chose que je voulais dire en racontant rapidement l’histoire que certainement vous avez déjà entendue une fois ou l’autre, au moins. Mais c’est une histoire qui fait partie de notre tradition et qui nous dit : on peut, dans toutes les circonstances de la vie, dans des moments extrêmement difficiles, dans des moments de souffrance, dans des moments de séparation, découvrir Dieu qui vient à notre secours et qui ne nous oublie pas. Il n’est pas absent de nos vies sous prétexte que nous sommes en voyage, que nous sommes affrontés à des difficultés, qu’il y a de la souffrance dans nos vies.

La deuxième chose, dans l’Évangile : Jésus envoie ses apôtres en mission et leur donne quelques instructions. Il leur dit : vous êtes venus avec moi, vous avez accepté de me suivre, vous allez maintenant partir en avant de moi, pour annoncer les belles choses que je vous ai déjà dites, l’Évangile, mais cet évangile qui est fait pour la vie. C’est un évangile qui est fait pour que les hommes vivent les uns avec les autres et sous le regard de Dieu, avec grande justice, avec un respect mutuel. Cet évangile n’est pas très facile à annoncer. Pourquoi ? Parce qu’il y a dans le cœur de l’homme des choses dures, des choses qu’on a du mal à nommer. Parce qu’on est capable de ne pas aimer ses voisins ; on est capable de se battre contre les autres hommes ; on est capable de ne pas entendre la voix de Dieu qui invite à la paix, au salut, à la vie avec Lui, à la vie entre nous. Et donc vous allez annoncer l’Évangile et ce ne sera pas facile pour vous, je vous l’annonce. Ne croyez pas que tout cela va être toujours facile, et donc ne vous découragez pas.

Annoncer l’Évangile c’est une bonne nouvelle pour nous-mêmes, pour les apôtres, et pour ceux qui le reçoivent. Et c’est une bonne nouvelle qui nous transforme, nous, qui nous fait du bien, mais elle n’est pas toujours bien acceptée. Et donc vous aurez à combattre intérieurement, à garder la fidélité, à garder ce désir de vivre avec le Christ et le faire vivre avec Lui. Alors ne vous inquiétez pas, dit Jésus, cela n’est pas si facile que ça, mais c’est tellement beau et bon pour vous et pour ceux à qui vous allez vous adresser, qu’il ne faut pas vous décourager. C’est cela que Jésus nous dit ici.

Je mets cela en rapport avec ce que vous venez de vivre. Parce que ce que vous venez de vivre, vous savez que c’était beau, c’était bon, mais il y a des moments qui n’étaient pas très faciles, il y a eu des moments où vous vous êtes peut-être découragés. Et puis je sais que vous avez médité sur les mystères douloureux. Je me suis dit : quand même, on ne leur facilite pas le pèlerinage, de méditer sur ce qui est douloureux dans la vie, et notamment douloureux dans la vie de la Vierge Marie qui vous a accompagnés durant ce temps.
Vous allez me redire les mystères douloureux sur lesquels vous avez médités : l’agonie de Jésus au Jardin des oliviers, la flagellation, le couronnement d’épines, le portement de croix, la crucifixion. Et bien Jésus nous a donné cet exemple que, pour annoncer l’Évangile, il a dû souffrir. Jésus il a vécu cela ! Et vous avez prié avec Jésus qui vit cela : lui-même nous a montré le chemin de ne pas se décourager, avec le désir de vivre en chrétien et d’être témoins de Lui.

Alors, je vous invite simplement à retenir cela : la vie chrétienne est un appel à une vie belle et bonne pour tous, mais elle n’est pas forcément bien acceptée par tous. Et voilà pourquoi nous pourrions, nous-mêmes, être découragés sur le chemin de cette vie. Mais nous savons que le Christ a vécu cela avant nous et qu’il le vit avec nous chaque jour. C’est pour cela que vous avez médité les mystères douloureux. Ce n’est pas pour dire : il y a 2000 ans Jésus a vécu, et puis maintenant où est-il ? Il y a 2000 ans il l’a vécu et, tous les jours, il le vit avec nous, et il nous invite à dépasser les peurs, les inquiétudes qui sont dans nos vies, à vivre à sa façon.
Pendant ce temps de vacances qui arrive, vous aurez présent à l’esprit, j’espère, ce temps de méditation que vous avez vécu, et vous vous préparerez à garder toujours cette fidélité à Jésus. C’est pour cela que nous pourrons lui rendre grâce et lui demander son aide pour nous, chaque jour.

Soyez heureux d’être fidèles à Jésus, soyez heureux de savoir qu’Il vous est fidèle.

+Laurent Ulrich, archevêque de Paris

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