Homélie de Mgr Laurent Ulrich - Messe au cours de laquelle sont admis les candidats au sacrement de l’ordre et rentrée du séminaire de Paris à Saint-Germain l’Auxerrois
Samedi 16 septembre 2023 - Saint-Germain l’Auxerrois (1er)
– Voir l’abum-photos.
– 23e semaine du Temps Ordinaire – Année A
- 1 Tm 1,15-17 ; Ps 112 ; Lc 6,43-49
C’est toujours compliqué d’interpréter cette parole sur le bon arbre qui produit de bons fruits, et le mauvais arbre qui produit de mauvais fruits. En dehors du sens immédiat, il faut savoir ne pas sur-interpréter et être attentif aux phrases qui suivent et qui invitent surtout à discerner. Ne pas chercher des figues sur des épines ni du raisin sur des ronces, c’est ne pas se tromper sur celui qui porte telles ou telles qualités : c’est une invitation à approfondir un vrai discernement. C’est là que nous sommes, avec vous qui allez être dans quelques instants admis parmi les candidats au ministère de prêtre. Nous sommes avec vous parce que, jusqu’à présent, vous avez été perçus, compris, discernés, comme capables de développer des aptitudes, des qualités propres au ministère de prêtre dans l’avenir, et il s’agit de cultiver ces aptitudes et ces qualités pour qu’elles produisent effectivement le fruit attendu sur chacun des arbres que vous êtes. Il s’agit de ne pas se tromper et d’entrer dans cette dynamique d’un vrai discernement, qui a déjà commencé, et qu’il vous est demandé d’approfondir dans les années qui viennent. Être capable de se dire que ces aptitudes que l’on a commencé à repérer chez vous puissent continuer à être développées, entretenues, bien soignées, capables d’être arrivées un jour à maturité, c’est le travail auquel vous êtes, aujourd’hui, invités.
L’autre image, de la maison fondée sur le roc, ressemble d’assez près à l’image de l’arbre, à condition que l’on se tourne du côté des racines : il s’agit de s’enraciner ; il s’agit de devenir de plus en plus capable de sentir qu’on est fondé sur le Christ lui-même. Comprendre que c’est nourrir une relation profonde avec Lui, qui vous a fait signe, qui vous a appelés, qui vous a invités à vous mettre en route, et qui aujourd’hui vous appelle à continuer cette route et à développer en vous le meilleur pour devenir, peu à peu et de plus en plus, son serviteur.
Être capable de fonder sur lui toute la relation et toute la dynamique qui vous entraînent maintenant, en écoutant bien sûr sa parole, en vous ménageant autant qu’il est possible, et le mieux possible, des temps de silence pour l’écouter, pour le rencontrer, pour lui parler, pour dire que cette parole de l’Evangile vous touche personnellement, vous fait entrer dans l’amitié avec Lui. En écoutant la parole de l’Église qui, au long des siècles, s’adapte, est capable de parler à une époque d’aujourd’hui et à des hommes d’aujourd’hui ; en écoutant la parole de l’Église qui s’est exprimée assez clairement pour l’Église universelle dans le Concile Vatican II, dans les textes magistériels d’aujourd’hui ; en prenant connaissance de cette tradition de l’Église jusqu’à aujourd’hui. En se mettant au service des plus humbles, non pas en accomplissant déjà des actes de ministère, mais en reconnaissant qu’ils se feront toujours dans cette relation avec les plus humbles et les plus simples des enfants de Dieu, des disciples du Seigneur, des hommes et des femmes qui marchent à la suite du Seigneur, des hommes et des femmes qui cherchent à être au service aussi eux-mêmes, mais qui sont parfois dans l’humilité, dans l’oubli.
En vous mettant dans la disposition de participer à la prière de l’Église : la liturgie que nous connaissons, la liturgie que vous vivez au séminaire, celle que vous vivez dans les paroisses que vous fréquentez, dans les communautés chrétiennes. La liturgie qui fait grandir en vous le désir de prier, comme le Christ prie et comme il nous apprend à le faire.
Tout cela, ce sont, en effet, des choses qui doivent être développées en vous, qui doivent être développées en nous encore, bien sûr. Le discernement ainsi grandira, vous écouterez la parole de l’Église pour vous, la parole de vos formateurs, qui vous invite à vous laisser transformer à l’image du Christ et à l’image du prêtre qui sert les autres. Vous vous conformerez à ce que dit l’apôtre Paul dans la première lecture : travaillez l’humilité d’être serviteur du Christ. Il faut de la patience pour se laisser transformer et se laisser être à l’image de Lui. Mais vous n’oublierez jamais les premiers mots que nous avons entendus dans la première lecture de la lettre à Timothée : « Bien aimé ». Vous êtes des bien aimés du Seigneur, comme chacun d’entre nous. Toujours il est là, pour nous le redire. Toujours il est là, pour inviter ses serviteurs à le redire aux autres. Nous sommes bien aimés du Seigneur nous-mêmes, et ceux que nous touchons, ceux qui sont touchés par Lui et qui s’approchent de Lui grâce à nous, ou à travers notre personne, à travers le service de notre ministère, celui auquel vous vous préparez. Être capable de toujours offrir à ceux que nous rencontrons la grâce du Seigneur, de la montrer et de dire à chacun : toi aussi tu es un bien aimé, voilà à quoi vous vous préparez jour après jour.
+Laurent Ulrich, archevêque de Paris