Homélie de Mgr Laurent Ulrich - Messe en la basilique Sainte-Clotilde pour la paix en Terre Sainte

Mardi 17 octobre 2023 - Basilique Sainte-Clotilde (7e)

« Nous sommes invités par le Patriarche de Jérusalem à prier tout particulièrement pour la paix, et ne pas oublier la paix qui doit s’acquérir partout et dans tous les cœurs bien sûr. »

– 28e semaine du temps ordinaire – Année A

- Rm 1, 16-25 ; Ps 18a (19), 2-3, 4-5ab ; Lc 11, 37-41

Nous sommes invités par le Patriarche de Jérusalem à prier tout particulièrement pour la paix, et ne pas oublier la paix qui doit s’acquérir partout et dans tous les cœurs bien sûr.

Pour cela, je vous propose juste quelques petits points de réflexion. D’abord, il nous est nécessaire de ne pas être victimes de l’actualité immédiate, de ne pas oublier les autres zones de conflit. Il n’y a pas seulement Israël et la Palestine ; ce conflit-là ne peut pas cacher ceux dont nous nous entretenons aussi assez souvent, mais qui passent depuis la semaine dernière au second plan : l’Ukraine et la Russie, l’Arménie, le Haut-Karabagh et l’Azerbaïdjan ; et en interne aussi : la Syrie, le Liban, et des conflits intérieurs partout ailleurs dans le monde. Je pense à la République centrafricaine, je pense au Niger, au Burkina-Faso, au Mali… et bien d’autres endroits que je ne cite pas. Mais nous ne pouvons pas simplement être victimes de l’actualité aux yeux de laquelle un événement chasse l’autre et on oublie.

Ensuite, se souvenir que tous ces conflits ont une histoire, et parfois une archéologie lointaines. Même si on les juge vains, ces conflits, inutiles, dangereux, sans chercher à les justifier, ont des explications, et parfois nous ne connaissons pas suffisamment les situations pour pouvoir porter des jugements hâtifs.

Troisièmement, il faut évidemment encourager tous ceux qui ont pouvoir sur les nations à rechercher des solutions. Les solutions sont toujours provisoires parce que l’histoire n’engendre pas spontanément la paix mais bien plus facilement le conflit et la guerre - le conflit est normal mais la guerre pourrait être évitée - et donc encourager tous ceux qui ont quelques pouvoirs sur les nations à chercher ces solutions. Nous prions pour cela bien sûr.

Et encore, il nous faut ne pas maltraiter les paroles qui paraissent être un peu lointaines, qui prennent les problèmes de plus loin. Nous les considérons, nous, comme des paroles prophétiques parce qu’elles invitent l’humanité tout entière à se considérer comme une grande et unique famille de Dieu, comme une unique et grande famille remplie de frères et de sœurs.

Je rappelle que, parmi les paroles prophétiques, pas simplement celles d’aujourd’hui, mais celles de toujours, qui sont celles de l’Église et d’autres bien sûr, mais celles de l’Église en particulier, l’invitation permanente à nous considérer comme une seule humanité, une seule famille humaine, à nous considérer tous comme frères et sœurs fait que le pape Jean-Paul II disait des guerres - des guerres extérieures que nous connaissons sous le nom de guerre - sont toujours des guerres civiles, sont toujours des guerres fratricides. On peut estimer que cette parole est une parole généreuse et un peu vaine : elle est pourtant celle qui nous oblige à chercher des solutions et à soutenir ceux qui cherchent ces solutions qui, pour être provisoires, n’en sont pas moins nécessaires.

+Laurent Ulrich, archevêque de Paris

Voir l’article Prier pour la paix en Terre sainte

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