Homélie de Mgr Laurent Ulrich - Messe des confirmés à La Madeleine

Samedi 5 octobre 2024 - La Madeleine (8e)

 Voir l’album-photos de la célébration.

- Gn 2,18-24 ; Ps 127 (128), 1-2,3,4-6 ; He 2,9-11 ; Mc 10,2-16

L’exemple de Jésus qui accueille les enfants est une indication forte et renouvelée qu’il accueille tout homme, toute femme, qui va à sa rencontre et qui le cherche. C’est pourquoi aussi il est dit, dans la Lettre aux Hébreux dont nous avons lu un passage juste avant : « Tous ont même origine, c’est pourquoi Jésus n’a pas honte de les appeler tous frères. » Nous sommes frères et sœurs de Jésus et nous avançons sur le chemin en sachant qu’il nous accueille fortement. Et, surtout, vous qui avez été confirmés dans les mois qui précèdent, le Seigneur vous accueille et marche à côté de vous, comme il marche à côté de nous tous, nous le savons.

Aujourd’hui, il vous est proposé de venir célébrer avec tant d’autres qui ont reçu la confirmation au cours de l’année écoulée et de marquer ainsi cette étape de l’entrée dans la vie d’un chrétien qui a reçu tout ce qui est nécessaire pour qu’il avance - avec le baptême, la confirmation et l’eucharistie, et en sachant qu’il va pouvoir marcher avec le Seigneur et avec les sacrements qu’il nous donne. L’eucharistie renouvelée régulièrement, le sacrement de la pénitence, mais aussi les sacrements qui s’ensuivront pour la vie à venir, le sacrement du mariage peut-être, le sacrement de l’ordre peut-être, le sacrement des malades dans les situations où il est rendu nécessaire. C’est cela que vous commencez à expérimenter, jeunes qui avancez dans la vie chrétienne. Et tout à l’heure, à la sortie de l’eucharistie, on vous remettra un petit livret qui vous donnera quelques indications à la fois pour prier et pour vous engager.

Je n’insiste pas beaucoup sur tout ce qui est proposé ici dans ce livret, mais je voudrais que vous puissiez approfondir ce qui est là, de telle sorte que vous puissiez vraiment être des priants et des jeunes qui s’engagent évangéliquement au service des autres. Prier, s’engager et être un témoin qui va sur la route, la route de la vie, à la rencontre des autres, et manifeste qu’il est heureux d’être chrétien.

Pour cela nous avons des moyens qui nous sont donnés, et je retiens le moyen de la prière, et tout spécialement le texte que nous disons en général à la messe du dimanche mais que nous pouvons dire à d’autres occasions, le texte de la profession de foi : « Je crois en Dieu ». Il est dans ce livret, vous le retrouverez à l’occasion et vous pourrez le prendre comme une prière, pas simplement comme une affirmation de la foi, comme si c’était quelque chose qu’on apprend par cœur pour dire « voilà à quoi je crois. » Mais c’est une prière par laquelle nous rejoignons le Seigneur qui vient vers nous. « Je crois en un seul Dieu, » disons-nous. Il y a deux formules : « Je crois en Dieu » et « Je crois en un seul Dieu ». Celle qui commence par « Je crois en un seul Dieu » est un texte qui a été écrit et adopté dans l’Église au cours de l’année 325, cela fera donc 1700 ans l’an prochain. Et au cours de l’année qui vient, nous nous arrêterons sur ce texte du Credo de Nicée et de Constantinople, du nom de deux conciles qui ont fixé cette définition de la foi catholique. Nous disons « je crois » : dire cela c’est déjà entrer dans une prière et dans une relation avec le Seigneur. « Je crois » cela veut dire : « j’ai confiance en toi Seigneur. » Ce n’est pas simplement « je crois ce que l’on m’a dit », mais c’est beaucoup plus que cela : « j’ai confiance en toi Seigneur, j’aime avoir confiance en toi. »

Pour moi, cette formule est si forte qu’elle est dans ma devise d’évêque : « La joie de croire ». Croire, avoir confiance en Dieu, est pour moi source d’une joie profonde et quotidienne. Depuis longtemps j’expérimente que la foi est une source de joie profonde, parce que je sais que je suis aimé de Dieu et parce que je sais que l’amour de Dieu ne s’applique pas qu’à moi égoïstement mais à tous ceux que Dieu fait vivre. Il est celui qui donne la vie, il est celui qui maintient en vie, il est celui qui permet à tout homme, à toute femme, de se dire « je suis simplement heureux de vivre et d’être avec d’autres. » Il y a des moments difficiles dans la vie mais le fait d’être dans la confiance en Dieu nous rend plus fort, plus vivant, plus aimant des autres, même quand ils nous causent des troubles et des difficultés.

Dans le monde d’aujourd’hui avoir confiance, avoir confiance en Dieu, c’est un instrument et une arme pacifique, une arme pour vivre. Dans le monde où nous sommes il y a plutôt de la méfiance et de la défiance. On est toujours prêts à critiquer, toujours prêts à soupçonner et à se demander ce qu’il y a derrière ce que dit celui-ci, ce que fait celui-là : est-ce qu’il n’y a pas une intention mauvaise ? Est-ce qu’il n’est pas en train d’essayer de me contourner ou de me gruger ? Tant de défiance dans la vie n’aide pas à vivre. Et dire qu’on a confiance en Dieu, c’est capital.

D’autre part, dans ce Credo on dit que Dieu est à la fois : Père, et Fils et Saint-Esprit, c’est-à-dire pour la personne même de Jésus, qui est Dieu, qui est l’égal de Dieu, qui ne se fait pas l’égal de Dieu mais qui l’est. Et, en même temps, il manifeste un amour profond et une confiance permanente dans son Père. Et, entre le Père et le Fils, il circule en permanence un Esprit d’amour et de confiance : c’est grâce à cela que nous pouvons grandir dans la confiance en la vie, dans le Seigneur, dans les autres. Voilà ce que nous affirmons.

Nous affirmons aussi dans le Credo que la souffrance, le mal qui touche les hommes se sont des faits mais qu’on peut les affronter avec la force que Dieu donne. Parce que Jésus lui-même, homme parmi les hommes et vrai Dieu, a affronté le mal, la souffrance, il a guéri des hommes et des femmes et il ne cesse de guérir. Il a pacifié des relations au cœur de l’humanité et il ne cesse de le faire encore aujourd’hui. Il a dit des mots qui retournent la vie et qui font changer la vie des hommes et des femmes de tous les temps, qui les rendent meilleurs, plus ouverts. Et nous disons qu’il a fait cela à travers les souffrances jusqu’à la mort. Il a montré qu’il nous était fidèle, il a montré qu’il était fidèle à Dieu son Père, il a montré qu’il était capable d’aimer, même au milieu des souffrances les plus grandes qui le préparaient à la mort. Mais il nous conduit à travers cela, jusqu’à la vie. Il nous ouvre le Ciel, il nous donne une espérance formidable, il nous permet de ne pas nous arrêter aux soucis, aux obstacles, aux défaites qui arrivent dans nos vies, il permet de toujours, avec courage et confiance, affronter les circonstances difficiles de l’existence.

Vous le voyez, dire « Je crois en Dieu » ce n’est pas simplement le texte d’une affirmation, d’un manifeste qu’on montrerait pour dire : « Voilà ce qui est notre ligne de conduite ! ». Mais nous disons en prononçant ces mots : « Seigneur Dieu, j’ai confiance en toi, je t’aime, je sais que tu peux me faire grandir dans la vie, dans l’amour des autres, au milieu même des difficultés, et que tu me conduis avec les autres jusqu’à la vie qui ne finit pas. »

C’est un acte d’amour que nous faisons quand nous récitons ce Credo. Nous allons le faire après quelques instants de silence.

Que le Seigneur nous permette de vivre toujours alimentés par cette foi vive, cette foi qui se traduit dans la prière, dans la réception des sacrements et qui la renforce, cette foi qui nous amène jusqu’à la vie éternelle avec les autres.

+Laurent Ulrich, archevêque de Paris

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