Ils ont tout quitté pour Dieu
Paris Notre-Dame du 2 février 2017
Les consacrés ont des formes de vie belles et multiples, qu’ils soient engagés au sein d’instituts religieux, d’instituts séculiers ou dans l’ordre des vierges consacrées. À l’occasion de la Journée mondiale de la vie consacrée, le 2 février, Paris Notre-Dame s’est intéressé en particulier à la vie religieuse. Qu’est-ce qui pousse aujourd’hui des jeunes à se donner radicalement à Dieu ?
Sœur Félicité, 29 ans
Professe temporaire [1] au sourire lumineux, elle vit dans le monastère Notre-Dame de la Présence de Dieu (16e) des Petites sœurs de Bethléem.
« La sainte dont je porte le prénom me touche au cœur. Félicité était une martyre, elle incarne à la fois la joie d’être chrétien et la radicalité du don à Dieu. Déjà toute petite, la vie religieuse m’attirait. “Si Dieu existe, pourquoi vivre à moitié ?”, me demandais-je. Alors que j’étais étudiante dans une école de commerce, ma vie a basculé. Au retour d’une mission humanitaire, je suis tombée malade, j’ai failli mourir. Après avoir été miraculeusement guérie, je suis partie en retraite dans un Foyer de charité et j’en suis ressortie avec une joie profonde, qui ne m’a plus jamais quittée, et la certitude que j’étais appelée à une vie contemplative. Je suis entrée chez les Petites sœurs de Bethléem parce que cette communauté rejoignait ma soif d’absolu. Depuis cinq ans, j’y mène une vie solitaire, centrée sur l’adoration, la lectio divina, l’étude et la liturgie. J’essaie de me convertir jour après jour à l’amour de Dieu et de mes frères, en luttant contre le péché, comme l’orgueil. J’ai aussi le désir brûlant de l’intercession. Le monde a tellement besoin d’être élevé par Dieu. »
Frère Stéphane-Marie, 37 ans
Cet homme rayonnant, profès perpétuel [2], fait partie de la communauté des Fraternités monastiques de Jérusalem qui anime les offices liturgiques, en plein cœur de la ville, de l’église St-Gervais-St-Protais (4e).
« Jusqu’à l’âge de 15 ans, le Christ restait un concept pour moi. Au cours d’une retraite, j’ai pris conscience qu’il était un ami et qu’il m’invitait à marcher à sa suite. Au fil des années, j’ai reçu de nombreux autres “clins-Dieu”. Si ma vie d’étudiant était agréable, elle ne me comblait pas autant que le cœur à cœur avec Dieu. Au départ, je pensais au sacerdoce, et la vie monastique ne me semblait pas faite pour moi. J’ai finalement discerné que Dieu m’attendait aux Fraternités monastiques de Jérusalem et j’y suis entré en 2005. Je ne l’ai pas vécu comme un arrachement, bien au contraire. Aujourd’hui, outre les offices liturgiques et autres temps de prière, je travaille comme cuisinier à St-Hippolyte (13e) et j’anime un parcours catéchétique pour des jeunes. Avec le recul, je peux affirmer que c’est bien cette vocation qui me rend heureux. Dieu nous connaît mieux que nous nous connaissons nous-mêmes. Le Seigneur m’a appelé à la vie d’aventure à laquelle j’aspirais. Je ne m’ennuie jamais ! On n’a jamais fini de contempler Dieu, on n’a jamais fini d’apprendre à aimer. »
Petite Sœur Vera, 27 ans
Elle est l’une des sept jeunes sœurs de la communauté de petites sœurs de l’Agneau de Paris (6e).
Professe temporaire, elle accueille avec simplicité les visiteurs. « L’histoire de ma vocation, c’est surtout celle d’une amitié avec Jésus. J’ai expérimenté son amour pour la première fois lors d’un temps d’adoration, pendant l’adolescence. Au lycée, je me sentais insatisfaite, j’étais en quête d’une joie profonde. Le jour de ma confirmation, j’ai enfin pu la recevoir et j’ai alors compris que je ne pouvais la trouver que dans le Christ. À 18 ans, lors d’une retraite chez des petites sœurs de l’Agneau, après avoir lu l’appel de Lévi (Mc 2, 13-14), j’ai compris que Jésus posait aussi sur moi ce regard plein d’amour en me disant : “Suis-moi.” À ce moment-là, je faisais des études de lettres et j’avais peur de répondre à cet appel à le suivre d’un cœur sans partage. Mais dire oui à Dieu, pour moi, n’a pas été seulement un renoncement : ce fut un passage vers la lumière. Depuis six ans, je fais partie de la Communauté de l’Agneau. Avec les autres sœurs, nous louons Dieu dans la liturgie et nous nous imprégnons chaque jour de l’Évangile pour l’annoncer en nous faisant, comme Jésus, petits et mendiants. Nous frappons aux portes pour demander de la nourriture et annoncer par ce geste l’amour mendiant de Dieu. Beaucoup nous remercient de leur permettre de donner quelque chose. Nous sommes témoins de la quête de Dieu dans le cœur de chaque homme. »
[1] Le profès temporaire a prononcé des vœux religieux pour une période temporaire.
[2] Le profès perpétuel a prononcé des vœux perpétuels.