Interview de Mgr Laurent Ulrich par Le Figaro

Le Figaro – 23 juin 2023

Entretien réalisé par Claire Bommelaer et Françoise Dargent.

LE FIGARO. - Vous révélez aujourd’hui le nom des deux lauréats pour le mobilier et les assises de Notre-Dame de Paris. Est-ce une manière de renouer avec l’art sacré ?

Mgr ULRICH. - On a dit parfois que l’Église avait perdu sa relation aux artistes ; mais l’annonce des deux lauréats pour le mobilier liturgique et les assises se fait précisément le jour où le pape François reçoit 200 artistes, afin de réaffirmer qu’on ne peut exprimer le mystère chrétien sans eux. À Notre-Dame de Paris, le recours à l’art est affirmé depuis le départ. Il n’a pas simplement eu lieu quand l’évêque Maurice de Sully a décidé de construire la cathédrale, ou quand l’architecte Eugène Viollet-le-Duc a entrepris sa restauration, au XIXe siècle. C’est pourquoi, lorsque certains m’ont mis en garde, craignant l’intervention de personnes n’ayant pas la foi ou qui auraient été animées de mauvaises intentions, je n’ai pas écouté. Les artistes du XXIe siècle portent leur époque, mais aussi la souffrance face à une cathédrale qui a brûlé et l’espérance de sa renaissance.

Un préprojet d’aménagement intérieur avait circulé en 2021, créant immédiatement une polémique. Quelle a été votre méthode pour avancer sans heurts ?

À mon arrivée, j’ai découvert un dossier dans une phase transitoire, qui avait été en effet précédé d’une polémique. Le choix avait sans doute été trop vite fait. Il était nécessaire de reprendre les choses paisiblement. J’ai créé un comité artistique pour conduire avec moi une consultation afin de choisir le mobilier liturgique et les assises. Soixante-neuf artistes et designers ont répondu à la consultation pour le mobilier liturgique et sept - cinq pour le mobilier liturgique et deux pour les chaises - ont été retenus en janvier dernier. Il y a eu ensuite plusieurs mois de discussion. Le calendrier était tendu, mais cela a créé un état d’esprit positif. Tout le monde devait pouvoir exprimer son avis et être écouté dans un climat serein. Trois auditions se sont déroulées et, à la fin, c’était ma responsabilité d’archevêque, en tant que maître de la liturgie pour ce diocèse, comme le prévoit le concile Vatican II, de trancher. Il reste l’étape de la présentation, le 13 juillet prochain, devant les membres de la Commission nationale du patrimoine et de l’architecture (CNPA). Nous avons travaillé en amont avec eux, afin de s’assurer au maximum de leur assentiment.

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