Jeudi saint : la fête de la fraternité sacerdotale

Paris Notre-Dame du 2 avril 2015

Mgr Jérôme Beau, évêque auxiliaire de Paris et président du Collège des Bernardins.
© Pauline Quillon

P. N.-D. – Pourquoi les chrétiens célèbrent-ils le Jeudi saint la fête du sacerdoce ?

Mgr Jérôme Beau – L’Église y commémore le soir où le Christ a institué l’eucharistie et le sacerdoce par ces mots : « Faites ceci en mémoire de moi. » Désormais, à chaque messe, le prêtre dit, in persona Christi, les paroles mêmes de Jésus. Aussi, le soir du Jeudi saint, chaque prêtre revit-il la fête de l’institution de sa propre ordination sacerdotale. Il y puise à la source la joie de donner le Christ dans le sacrement et de manifester la charité de Dieu à chaque baptisé. Ce jour-là, l’Église tout entière se réjouit avec eux du trésor du sacerdoce qui leur donne l’eucharistie et la Parole. Elle y trouve l’élan pour partager cette joie au monde.

P. N.-D. – Pourquoi les prêtres sont-ils réunis pour cette fête ?

Mgr J. B. – L’Église demande que tous les prêtres de chaque diocèse se retrouvent autour de leur évêque pour célébrer la messe chrismale, où ils renouvellent ensemble leur promesse sacerdotale et réaffirment leur union au Christ, la fidélité à la Parole de Dieu et aux sacrements. Pour des raisons d’ordre pratique, à Paris, cette célébration a lieu, non pas le jeudi même, mais la veille, le mercredi. Les prêtres renforcent ainsi le presbyterium. Ce terme désigne, sur un diocèse, l’ensemble des prêtres attachés à la communion autour de leur évêque. Lorsqu’un presbyterium vit dans l’unité, il accomplit la prière du Christ, lors de sa prière sacerdotale : « Père, fais qu’ils soient un, comme toi et moi sommes un. » En effet, le signe de l’amour, qui a reçu la mission de tenir la place du Christ.

P. N.-D. – Quels fruits spirituels les prêtres tirent-ils de cette célébration commune ?

Mgr J. B. – Les prêtres se rappellent que le sacerdoce ministériel est reçu de Dieu, et non des hommes. Ils en tirent également la joie de la fi délité et de la communion avec la communauté. Les prêtres plus âgés, ou fêtant leur jubilé sacerdotal, sont souvent très heureux de vivre cette messe chrismale qui leur rappelle le long chemin de fidélité au sacerdoce qu’ils ont vécu durant leur vie. En outre, cette communion rappelle qu’aucun membre du presbyterium n’a la plénitude du sacerdoce qui reste une mission reçue et un service à accomplir dans la communion de l’Église.

P. N.-D. – Est-ce la seule occasion où ils peuvent vivre cette fraternité ?

Mgr J. B. – À Paris, les prêtres sont facilement absorbés par leurs nombreux services. Mais depuis quelques années, ils ont une autre occasion de se rencontrer. Sous l’impulsion de Mgr André Vingt-Trois, les prêtres de Paris passent ensemble une journée autour de leur archevêque. Cette année, nous nous rendrons vendredi 10 avril à Alençon, sur les pas de Louis et Zélie Martin. Nous rendrons grâce ensemble pour le don du sacerdoce qui nous est fait, et nous prierons pour les familles, en pleine session inter-synodale. • Propos recueillis par Pauline Quillon

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