L’éclairage des églises
« On n’éclaire pas une église pour “faire joli”, ni seulement pour y voir clair, mais pour exprimer ce que les paroles ne peuvent dire.
On n’éclaire pas non plus une liturgie comme au théâtre où la lumière est là pour faire entrer dans l’imaginaire ; la lumière de l’église, elle, au contraire, est là pour révéler le réel, faire entrer dans le réel, le lieu de communion de la créature avec le créateur. »
Jean-Marie Dutilleul, Les Chroniques d’Art Sacré, n°60.
Outre les nécessités fonctionnelles, le but de l’éclairage d’une église est de favoriser la joie, la communion, le recueillement, de dire quelque chose du mystère du lieu, du mystère de l’Église.
La symbolique de la lumière est forte pour les chrétiens, puisque Jésus-Christ dit de lui-même : « Je suis la Lumière du monde, qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres ».
Il y a une grande richesse de moyens aujourd’hui pour apporter la lumière dans l’architecture :on peut presque tout faire avec la lumière fabriquée qui jouera avec celle du jour, lumière rasante révélant un relief ou la matière d’une paroi, lumière chaude, lumière froide, lumière visible dans sa source ou seulement dans ses effets, lumière cachée, ou diffuse, en faisceau, en halo, dirigée, modelée, éclatante, douce, vibrante.
L’éclairage doit servir l’usage, et les qualités du lieu, (son caractère, sa fonction, ses proportions, son architecture), dans le but défini par la liturgie qui s’y déroule : la manifestation du mystère de l’Église, en ce lieu, pour ce temps, pour ce peuple rassemblé.On peut tout faire, aujourd’hui, avec l’éclairage électrique.
Pourtant, il est essentiel de respecter aussi la lumière naturelle :
– La lumière du jour, qui dépend du temps et de la météo, mais qui a toujours fait l’objet d’un traitement spécifique de la part des concepteurs des édifices.
– La lumière du feu, de la flamme vive, (cierges, des bougies et des veilleuses), à cause du symbolisme des gestes de la liturgie et de la dévotion, qui y sont attachés, dans une optique pastorale, pour le bien spirituel des personnes.
Le programme
Le programme d’éclairage obéit à certains critères invariants. S’il est dommage, en rénovation, de se limiter à une réfection et une mise aux normes de sécurité des matériels en place, il convient de mettre au point avec les concepteurs et techniciens concernés un vrai cahier des charges qui définit :
– le principe d’éclairage et la hiérarchie des éclairements.
– la modulation des éclairages selon les temps et lieux : éclairage de fêtes, éclairage réduit, éclairage courant de sécurité (penser aux seuils, marches, obstacles divers), d’ambiance, de circulation, d’accueil, d’information ...
– le niveau d’éclairement adapté suivant les lieux (direct, indirect, par lustres, spots, rampes, projecteurs, vasques.)
– la position et le choix précis du matériel, (marque, modèle, forme) notant les distances à respecter, les points d’accroche possibles et tenant compte de l’accessibilité, de l’entretien, du coût d’installation et de remplacement, du style, du résultat à obtenir…
– le bilan des puissances mises en jeu.Les essais sur place sont impératifs avant de finaliser les choix ; ils font partie des exigences du programme. Le bilan de puissance doit être précisé.
Exigences d’une mise en lumière
Cette mise en lumière doit tenir compte des liturgies des différentes célébrations qui se déroulent au long de l’année dans l’ensemble de l’édifice, y compris les chapelles et la crypte, le cas échéant.
Révéler discrètement les espaces, l’architecture et les œuvres en évitant des écarts de luminances trop importants (de1 à 5 au maximum).
Éviter les luminances excessives, la formation de réflexions parasites et les effets stroboscopiques qui détournent l’attention.Créer une ambiance chaude, calme, et non spectaculaire qui respecte les rendus de couleurs.
Accentuer exceptionnellement quelques éléments majeurs (tabernacle, ostensoir…)
Protéger les biens cultuels (U.V. éclairement et dégagement de calories sont préjudiciables).
Permettre de façon uniforme la lecture des documents à des personnes de plus de 55 ans sans projeter d’ombre.
Libérer du champs de vision les appareils qui peuvent occulter des éléments majeurs (vitraux, mosaïques, œuvres d’art, lieux de dévotion…).
Intégrer les dispositifs en dissimulant au mieux les appareils et leurs alimentations. Permettre une maintenance aisée et de faible coût( matériel d’entretien). Si nécessaire, pouvoir être contrôlée en utilisant des variateurs ou des programmes préréglés très simples à utiliser.
Mettre en œuvre des systèmes et appareils simples et pratiques. Permettre à la lumière des cierges de conserver ses effets. Ne pas omettre les extérieurs principalement le porche et le lieu d’accueil. Permettre et contribuer à la sécurité des personnes et des biens.