Les catholiques ukrainiens en France

Paris Notre-Dame du 28 janvier 2016

P. N.-D. – Depuis 2014, l’Ukraine est confrontée à un grave conflit. Quels sont les liens de l’éparchie Saint-Volodymyr-le-Grand (équivalent d’un diocèse pour les catholiques ukrainiens de rite byzantin résidant en France, Belgique, Luxembourg, Pays-Bas et Suisse) avec ce pays en situation difficile ?

Mgr Borys Gudziak, évêque de l’éparchie Saint-Volodymyr-le-Grand.
© Céline Marcon

Mgr Borys Gudziak – La plupart de nos fidèles entretiennent des liens réguliers avec des membres de leurs familles qui vivent en Ukraine. Notre communauté essaie d’aider ceux qui souffrent de la guerre : outre les nombreux morts et blessés, il y a deux millions de déplacés. Nous prions pour eux et nous leur dédions certaines quêtes de nos célébrations, par exemple pour l’achat d’ambulances. Face à cette situation difficile, notre éparchie essaie de s’inspirer des saints Boris et Hlib (les fils de saint Volodymyr le Grand, assassinés en 1015) qui prônaient une révolution pacifiste. Nous voulons, par exemple, œuvrer pour le rapprochement entre les Ukrainiens et les Russes en organisant des rencontres dans notre Maison diocésaine, située à Vincennes (Val-de-Marne).

P. N.-D. – Quelle est l’histoire des catholiques ukrainiens en France ?

Mgr. B. G. – Les Ukrainiens sont principalement arrivés dans ce pays après la Première Guerre mondiale et après la Seconde Guerre mondiale, pour des raisons politiques ou économiques. En 1937, une mission nationale pour les catholiques ukrainiens est créée à Paris et, en 1943, une église leur est confiée dans le 6e arrondissement ; elle est devenue plus tard la cathédrale St-Volodymyr-le-Grand, du nom du saint prince qui a baptisé le peuple ukrainien en 988. En 1960, un exarchat apostolique (province dépendant d’un patriarchat) est créé par le Saint-Siège pour les membres de cette communauté résidant en France. En janvier 2013, il est élevé, par le pape Benoît XVI, au rang d’éparchie de l’Église gréco-catholique ukrainienne, qui observe le rite byzantin. Selon les estimations, actuellement, dans l’Hexagone, vivraient environ 50 000 à 60 000 Ukrainiens, issus de diverses croyances.

P. N.-D. – Quelles sont les spécificités de la spiritualité de votre éparchie ?

Mgr. B. G. – Le chant tient une place importante dans notre vie de prière. Notre liturgie est ainsi entièrement chantée. Les icônes sont très visibles dans nos espaces liturgiques et nos maisons. Elles ne sont pas réalistes mais symboliques : leur but est d’offrir une porte d’entrée vers le mystère divin. Plus généralement, la spiritualité orientale fait davantage appel aux sens et est moins rationnelle que la spiritualité occidentale. Qu’est-ce que cela signifie aujourd’hui d’être un gréco-catholique ukrainien à Paris ? L’exemple de l’apôtre Pierre est inspirant. C’était un simple pêcheur qui est arrivé à Rome en tant qu’immigré, avec peu d’argent. Son parcours ressemble à celui de la majorité de nos fidèles. Nous sommes une Église pauvre pour les pauvres. • Propos recueillis par Céline Marcon

Éparchie Saint-Volodymyr-le-Grand :
01 43 28 42 39 ; http://ugcc.fr
Cathédrale St-Volodymyr-le-Grand :
51 rue des Saints-Pères (6e) ; 01 45 48 48 65 ;
http://fr.ugcc-cathedrale-paris.org.ua

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