Messe avec les chrétiens d’Orient en rite gréco-catholique ukrainien
Le dimanche 12 juin 2023, pour la messe annuelle de L’Œuvre d’Orient, la Divine Liturgie était célébrée selon le rite gréco-catholique ukrainien par Monseigneur Hlib Lonchyna, administrateur de l’Éparchie de France, du Bénélux et de Suisse.
À l’issue de la célébration, Mgr Hlib Lonchyna et Mme Hélène Carrère d’Encausse, Secrétaire perpétuel de l’Académie française, ont remis le Prix littéraire de L’Œuvre d’Orient 2022.
Divine Liturgie dans le rite gréco-catholique ukrainien
en communion avec les Chrétiens d’Orient
Homélie de Mgr Hlib Lonchyna
Administrateur apostolique de l’éparchie
Saint Volodymyr le Grand de Paris
Église Saint-Sulpice, le 12 juin 2022
Dans le rite byzantin, le premier dimanche après la Pentecôte on célèbre la fête de Tous les Saints.
Le premier fruit du don de l’Esprit Saint, envoyé sur les apôtres, c’est la sainteté du peuple de Dieu.
En fêtant les Saints, nous reconnaissons cette réalité fondamentale : Dieu prend part à la vie humaine et nous donne la force pour devenir saints. Jésus a dit : « Si vous m’aimez, vous garderez mes commandements » (Jn 14,15). Eh bien, c’est l’Esprit qui nous sanctifie et nous donne la capacité de garder les commandements en aimant Dieu et en servant nos prochains. D’habitude, on pense qu’il est impossible d’être fidèle à tous les commandements, et de vivre comme Dieu nous l’ordonne.
Chers sœurs et frères, c’est absolument vrai ! C’est exactement ainsi !
Par lui-même, l’homme n’est pas capable de vivre selon l’évangile. Il ne peut le faire que par la grâce de Dieu, en faisant confiance à Dieu. Pour cela il faut avoir la foi.
Le Seigneur, en effet, « veut que tous les hommes soient sauvés » (1 Tm 2,4) - comme l’a déclaré Saint Paul.
Cela ne signifie pas que nous pouvons vivre n’importe comment puisque de toute façon tous entreront dans le royaume des cieux... Pas du tout.
Dieu donnera à ceux qui croient tous les moyens pour y arriver.
Le Saint, en effet, n’est pas celui qui ne pèche pas, mais celui qui se repent de ses péchés et cherche – avec l’aide de Dieu – à ne plus pécher. En dépit de nos résolutions les plus sincères, nous recommençons encore et toujours à pécher. Oui, ce n’est malheureusement que trop vrai. Mais Dieu reste avec nous, tout à côté de nous, pour nous soutenir à chaque instant et nous aider dans le combat spirituel qu’est la vie selon l’évangile qu’il nous demande de mener. Nous devons y croire et faire confiance à notre Seigneur.
Les Saints nous sont donnés comme exemples : ils sont la preuve même que c’est possible.
Aujourd’hui nous prions, à l’occasion de la Journée de prière pour les chrétiens d’Orient, pour les disciples du Christ, plus particulièrement dans ces nombreux pays du monde où les chrétiens sont victimes de guerre ou de désastres naturels. Nous prions spécialement pour une paix juste en Ukraine – victime d’une guerre cruelle et injuste. Saint Irénée de Lyon avait enseigné que « la gloire de Dieu, c’est l’homme vivant ». La guerre en Ukraine – mais en vérité toutes les guerres ! – c’est une injure à l’humanité, un crime contre les fils et les filles du Père.
Cherchons à soutenir nos frères et sœurs dans la foi. Grâce à L’Œuvre d’Orient, à qui je souhaite exprimer ici notre profonde reconnaissance ainsi qu’à son directeur Mgr Pascal Gollnisch, nous pouvons le faire en offrant nos prières, en nous informant du sort des victimes, et en proposant notre offrande, quel qu’en soit le montant.
En aidant les autres, nous prenons part à la communion des Saints.
Car les Saints sont nos amis ; ils nous soutiennent pour nous secourir, et ils nous accompagnent au quotidien sur le chemin qui mène au salut. En soulageant les victimes de la guerre et de la pauvreté, nous continuons l’œuvre de Jésus sur la terre, œuvre qui en effet émane de son incarnation et la rend visible.
La charité est toujours réciproque. Les pauvres ont besoin des riches pour survivre ; les riches ont besoin des pauvres pour éveiller leur détermination à faire le bien en solidarité avec les plus démunis.
La guerre fait ressortir ce qu’il y a de pire dans le genre humain : nous le voyons dans les crimes de guerre, les viols, la destruction massive perpétrée par l’armée russe en Ukraine. Mais, paradoxalement, la guerre révèle également ce qu’il y a de meilleur chez l’homme : résilience, courage, solidarité fraternelle qui va jusqu’au don de sa propre vie. Ce n’est pas une question qui se pose uniquement aujourd’hui, pour le temps présent : il y va aussi et surtout de notre avenir à tous. Dans un cimetière monastique en Ukraine, il y a une inscription qui dit : « Nous étions là où vous êtes maintenant ; un jour vous serez là où nous sommes maintenant ».
Les Saints vivent avec joie dans la joie de la vie de Dieu. Ils prient pour nous, pour qu’en persévérant dans la foi, nous tous, nous puissions connaître cette même joie. Chers sœurs et frères, merci pour votre participation à cette Divine Liturgie, pour votre soutien et votre générosité. Ensemble, rendons gloire au Seigneur, et remercions-le de nous avoir donné toute la cohorte des Saints (que nous fêtons aujourd’hui) pour nous servir d’inspiration. Prenons exemple sur eux, et manifestons de la bonté, de la charité et de la solidarité à l’égard de tous nos frères et sœurs en Christ.