Actualité : Le Collège des Bernardins à l’unisson avec l’Ukraine

Paris Notre-Dame du 17 mars 2022

Devant l’urgence de l’épreuve que traversent l’Ukraine et l’Europe, une soirée de solidarité et de dialogue était organisée le 12 mars au Collège des Bernardins. L’objectif : témoigner de la réalité du conflit et mobiliser les acteurs présents ce soir-là, afin d’apporter une réponse temporelle, intellectuelle et spirituelle, en fraternité avec le peuple ukrainien.

© Mathilde Morandi

En ce 17e jour depuis le début de la guerre en Ukraine, grand et petit auditorium du Collège des Bernardins affichent complet. Dans les rangs de cet auditoire de plus de trois cents personnes, nombreux sont ceux qui arborent un vêtement jaune ou bleu ou plus discrètement un ruban bicolore épinglé sur le revers d’une veste ou d’un corsage. « Dans un contexte où les bombes pleuvent, nous avons souhaité être au plus près de ceux qui espèrent et qui croient, pour que la paix soit possible, toujours ! », lance Laurent Landete, directeur général du Collège.
Imaginée dans la foulée d’une manifestation pour soutenir la paix en Ukraine, il a fallu seulement neuf jours à un petit noyau formé autour d’Antoine Arjakovsky, historien et spécialiste de l’orthodoxie et directeur de recherche au Collège des Bernardins, pour organiser cette conférence qui affichait déjà complet seulement quatre jours après son lancement. Un engouement des Français qui réjouit la fille de l’organisateur, Mathilde Arjakovsky, 27 ans, qui a vécu pendant dix ans en Ukraine et dont c’est un peu la deuxième patrie : « Il fallait que l’on contribue », explique la jeune Française aux origines paternelles russes. « Nous voulons mettre en place un cercle de réflexion en soutien à l’Ukraine, il faut des actions concrètes mais aussi nourrir une réflexion sur le long terme pour reconstruire l’Ukraine en Europe. »

Urgence et perspectives

Sous l’image projetée de la colonne de l’indépendance de la place Maïdan à Kiev, une première table ronde commence après une minute de silence de l’assemblée. Parmi les trois acteurs associatifs présents, une association d’aide médicale d’urgence (Aide médicale et caritative France-Ukraine – AMCFU), de coopération franco-ukrainienne (À travers l’Europe pour l’Ukraine), ainsi que l’association confessionnelle l’Œuvre d’Orient. Cette dernière « avait soutenu en 2019 la création de la commission “Vérité justice et réconciliation” », rappelle Antoine Arjakovsky où deux cents intellectuels universitaires et religieux, dont Mgr Éric de Moulins-Beaufort, s’étaient réunis pour établir un plan de paix en dix propositions pour l’Ukraine et la Russie dans le contexte de la guerre menée dans le Donbass. Et l’historien de poursuivre : « Aujourd’hui, nous faisons le constat que le diagnostic était bon mais qu’il faut reprendre ce travail. Il est aussi important de répondre à l’urgence que d’établir une continuité et des perspectives pour l’Ukraine. Nous invitions les personnes présentes ce soir à reconstruire l’avenir et la paix en Ukraine. »

Une salle à l’unisson

Au terme des tables rondes et des allocutions applaudies par les auditeurs, c’est au tour de la pianiste ukrainienne Natacha Kudritskaya de monter en scène. À l’écouter parcourir pour conclure le dernier mouvement de la sonate au Clair de Lune, après l’abattement et la tristesse du premier mouvement, il semble que la riposte s’organise : les doigts remontent à vive allure le clavier en un crescendo de notes qui s’envolent et frappent au cœur de leur cible avec fermeté. Pour Janik et Jean-Claude, 78 et 87 ans, venus à l’invitation du Collège des Bernardins qu’ils soutiennent, « c’est une surprise de voir une nation comme l’Ukraine se lever ». Arborant un ciré jaune, Anne, 68 ans, a œuvré dans une association en Ukraine pour construire des orphelinats. Pour elle, la convergence de l’aide et des volontés « comme toutes les petites notes sous les doigts de la pianiste Natacha, forment un grand morceau collectif ».

Mathilde Morandi

Les chrétiens d’Orient

Ukraine