Mercredi des Cendres : « L’homme ne vit pas que de pain »

Paris Notre-Dame du 8 février 2018

Si le mercredi des Cendres invite chaque homme à reprendre conscience de ses fragilités et de sa condition mortelle, il est aussi l’occasion, pour tout fidèle, de se rapprocher de Dieu. C’est ce qu’explique le P. Pascal Genin, curé de N.-D. de Lorette (9e) et membre de la Commission de la Pastorale liturgique et sacramentelle.

© Trung Hieu Do

Paris Notre-Dame – Que signifie le mercredi des Cendres ?

P. Pascal Genin – Les cendres sont un signe qui fait partie de la spiritualité biblique. Dans l’Ancien Testament, elles marquent un appel à la conversion : on s’habille d’un sac et on s’assoit sur des cendres pour se rappeler sa condition humaine. Elles évoquent la fragilité de l’existence humaine et, ainsi, la nécessité du salut de Dieu. « La grâce suppose le péché », comme le dit l’adage. La notion de Salut est difficile, c’est l’une des plus difficiles. Mais ce qui est sûr, c’est que si on n’a pas conscience de notre fragilité et du mal dans notre vie, on aura de la difficulté à se sentir concerné par la nécessité du Salut. En soulignant cette fragilité de l’existence humaine, ce geste des Cendres manifeste ainsi l’espérance du Salut qui, elle, sera célébrée avec Pâques. Ce mercredi des Cendres est d’ailleurs un rendez-vous avec Pâques. Ce n’est pas un « îlot » déconnecté, mais avant tout le début du Carême.

P. N.-D. – Nous vivons au sein d’une société où l’homme peut se sentir surpuissant. Dans ce contexte, qu’est-ce que les Cendres ont à nous dire ?

P. G. – Il y a deux dimensions, selon moi, à prendre en compte. D’abord, une dimension anthropologique : le mercredi des Cendres est une invitation au renoncement, à la mesure, à ne pas se laisser complètement submerger par le monde sensible et nos appétits un peu désordonnés ; à renoncer à un confort un peu trop bourgeois, à redécouvrir que l’homme ne vit pas que de pain. À cette dimension anthropologique, s’ajoute cependant la dimension d’acte de foi. Sans cela, les Cendres ne seraient qu’une sorte d’ascèse qui pourrait très bien s’inscrire dans une spiritualité bouddhiste. Il y a quelque chose de plus profond que cette volonté, contemporaine, de sortir d’une consommation excessive. Il s’agit de ce geste d’offrande à Dieu. En nous privant de nourriture, nous renonçons ainsi à un besoin légitime de notre vie pour le donner à Dieu dans l’espérance du Salut. C’est un acte de foi.

P. N.-D. – Pourquoi Dieu aurait-il besoin d’une telle offrande ?

P. G. – Je ne suis pas sûr qu’il en ait besoin. Mais toute relation d’amour aspire à donner. Jeûner est une manière d’offrir quelque chose à Dieu. Nous sommes dans une relation de don. Je suis toujours étonné de voir le nombre de chrétiens qui peuvent prendre le temps de venir à la messe pour le mercredi des Cendres, qui est pourtant en semaine. Je crois que cela fait partie des étapes spirituelles de l’année. Probablement parce qu’il y a une vérité spirituelle dans ce Temps du carême qui correspond à une vraie espérance : celle de vivre quelque chose de spécial avec Dieu. Dieu agit, bien sûr, quand il veut, mais les Cendres et le Carême sont un vrai rendez-vous avec lui.

Propos recueillis par Isabelle Demangeat

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