Du jeûne communautaire

Paris Notre-Dame du 18 février 2021

Comme chaque année, plusieurs paroisses proposent une semaine de jeûne communautaire au cœur du Carême. Tradition chrétienne par excellence, jeûner entre paroissiens facilite l’exercice et réveille la vie spirituelle. Tour d’horizon, de St-Hippolyte à St-Jean-Baptiste-de-la-Salle.

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Six jours de jeûne complet : aucune nourriture solide, mais on boit, « à volonté » – tisanes, jus de légumes, jus de fruits (en quantités calculées). Tel est le programme de jeûne proposé à la paroisse St-Hippolyte (13e) avec le P. Tanneguy Viellard, vicaire, formé à la méthode du docteur et thérapeute Otto Buchinger (1878-1966). Avec une préparation spécifique et quelques précautions médicales pour les futurs jeûneurs de moins de 75 ans, qui, ce mercredi soir du 10 février, réunis en visioconférence par le vicaire, s’informent pour mieux se lancer dans ce jeûne communautaire de Carême, du jeudi 11 au mercredi 17 mars au soir. Soit deux semaines avant Pâques. Le P. Viellard a lui-même découvert cette méthode en 2018, alors qu’il « recherchait un renouveau spirituel ». Son accompagnateur, curé à Paris, lui parle alors des bienfaits de la méthode Buchinger. C’est après l’avoir expérimentée seul et en retraite, qu’il propose aux paroissiens de sa communauté, de le vivre ensemble durant le Carême. Après une première expérience dans sa paroisse « FMPV » (Fraternité missionnaire des prêtres pour la ville) d’Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), il réitère à St-Hippolyte. « Cette méthode thérapeutique permet de renouer avec notre héritage chrétien, avec une certaine sagesse médicale, tout en étant ancré dans l’expérience de Jésus au désert », explique le jeune vicaire. Et de le vivre « en Église » : par la messe quotidienne, des retrouvailles chaque soir en « visio » ou en présentiel, pour un partage sur l’Évangile du jour et un échange fraternel, pour confi er ses intentions… Mais aussi, en soutenant financièrement une œuvre caritative, avec l’équivalent de ce que chacun aurait dépensé en continuant à manger. « Ici, explique encore le P. Viellard, le jeûne n’est pas un but en soi mais un moyen.

Ma privation de nourriture me rappelle que l’homme ne vit pas seulement de pain mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. Par cet acte de jeûne, je manifeste ma conviction, je fais de la place pour Dieu et pour les autres. Mon jeûne incarne ma prière : j’offre tout mon corps au Seigneur. » « Beaucoup témoignent des fruits du jeûne communautaire, remarque de son côté Raphaëlle, paroissienne de St-Jean-Baptiste-de-la- Salle (15e). Plus de temps pour prier, plus connectés à Dieu, plus présents aux autres... Il y a aussi une vraie grâce partagée de joie et de fraternité. » Depuis quatre ans, en lien avec le curé de la paroisse, la jeune femme a lancé une semaine de jeûne communautaire avant la Semaine sainte. D’une vingtaine la première année, ils sont passés à une soixantaine. Du lundi au samedi soir suivant, ce jeûne consiste à se nourrir essentiellement de pain – 250 grammes par personne et par jour fournis par une boulangerie partenaire – tout en se retrouvant chaque soir pour prier et partager. « Personnellement, ajoute Raphaëlle, j’en tire des grâces de paix intérieure assez fortes. Étonnamment, c’est une semaine où je suis très concentrée au travail, et plus facilement dans la joie. Je sens que j’ai plus de place en moi, ce qui favorise des petites lumières intérieures, des éclairages. » Des grâces missionnaires aussi, dont d’autres participants au jeûne témoignent, indique l’organisatrice : « Souvent, cette démarche interpelle notre entourage personnel ou professionnel. Le renoncement physique provoque comme un déploiement. »

Laurence Faure @LauFaur

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