Message de Mgr Laurent Ulrich - Voyage à la rencontre des communautés chrétiennes de Terre Sainte

Vendredi 6 septembre 2024

Du 30 août au 5 septembre, accompagné de membres du conseil épiscopal, et en réponse à l’invitation du Patriarche latin de Jérusalem, le cardinal Pierbattista Pizzaballa, Mgr Laurent Ulrich, archevêque de Paris, s’est rendu dans plusieurs paroisses, crèches ou écoles et a visité des communautés religieuses francophones.

Du vendredi 30 août au jeudi 5 septembre, j’ai rendu visite, accompagné de membres du conseil épiscopal, au Patriarche latin de Jérusalem, le cardinal Pierbattista Pizzaballa, en réponse à une invitation que celui-ci m’avait faite en février à Paris : « Vous pourrez vous rendre dans une ou plusieurs paroisses, crèches ou écoles ; vous pourrez également visiter les communautés religieuses francophones qui vivent et servent notre Église depuis des décennies. Ce serait pour elles un soutien et un encouragement. »

C’est bien ce que nous avons fait : en nous rendant dans une école catholique où est enseigné le français et comprenant un tiers de jeunes musulmans ; dans une paroisse latine, au cœur d’un village chrétien où vivent aussi des orthodoxes et des grecs-catholiques, et ces trois communautés vivent en très bonne entente entre elles ; auprès de communautés religieuses recevant, en temps habituels, de très nombreux pèlerins, mais dont les agendas de réservation sont vides depuis octobre dernier. À Bethléem, nous avons retrouvé avec joie un monastère féminin voué à la prière selon un rite oriental sur cette terre si perturbée. Et également les Filles de la charité de St Vincent de Paul qui accueillent dans une crèche des enfants abandonnés ou orphelins.

À Nazareth, ces mêmes Filles de la charité sont présentes depuis fort longtemps à l’hôpital « français », à la fois public et catholique ; hôpital de 160 lits, avec des services d’obstétrique, de pédiatrie et de gériatrie. C’est une très belle institution, aujourd’hui dirigée par un médecin chrétien et des équipes qui font preuve d’un grand courage. Cet hôpital, même s’il est connu pour être chrétien, est un de ces lieux auxquels peuvent faire appel et où se rencontrent toutes les communautés du pays. 

Nous avons fait visite au Nonce apostolique, au Consul général de France à Jérusalem, et nous avons rencontré, au cours de notre voyage, un conseiller de notre ambassade. Les autorités de notre pays, connaissant certes les difficultés inhérentes à ce type de déplacement, m’avaient bien encouragé dans ce projet et nous ont pleinement soutenus.

J’ai eu, nous avons eu, la grande joie d’un entretien avec le Patriarche lui-même, personnalité marquante du pays qu’il connaît et aime depuis plus de trente ans. Nous avons aussi pu retrouver l’un de ses vicaires patriarcaux, Mgr Rafic Nahra, évêque auxiliaire depuis trois ans, auparavant prêtre de Paris.

De ce voyage, avec les membres du conseil épiscopal, je retiens qu’il est possible d’aller en Terre Sainte aujourd’hui. Nous voulions le faire et nous l’avons fait : nous avons senti que nous étions attendus et reçus avec gratitude.

Ceux qui habitent sur cette terre peuvent être tentés de la quitter parce que la vie quotidienne y est douloureuse et angoissante. Mais beaucoup disent qu’ils veulent rester, parce que là est leur vie, depuis longtemps et majoritairement depuis leur naissance. Ils savent qu’être avec le Christ, c’est être là où l’on vit, là où l’on souffre, là où l’on aime. Des visites les réconfortent dans leur intention de rester.

Nous avons vu des personnes lumineuses, déterminées et heureuses de ce qu’elles font, engagées dans leur service des autres : service éducatif, service hospitalier, service d’accueil d’enfants qui sans elles seraient sans avenir, service de la prière incessante et de l’intercession auprès du Seigneur.

Ces personnes font tout pour garder les liens établis avec des personnes, des familles qui ne peuvent plus se rencontrer du fait de la situation actuelle : il faut bien penser qu’un jour, ce sera le moment de renouer des fils. Il faudra être là, ce jour-là.

Nous avons participé à une magnifique célébration, présidée par le Patriarche, au cours de laquelle il a consacré le nouvel autel de l’église Notre-Dame de l’Arche d’Alliance, non loin de Jérusalem ; les religieuses qui retrouvaient à cette occasion une église complètement restaurée, avaient invité de nombreux amis, des voisins, chrétiens ou non, et des chrétiens de tout le pays. Joie immense et partagée.

Nous avons vu des moines simplement heureux, même en ces temps difficiles, de leur vocation à être témoins du Christ en milieu juif et habitant dans un village majoritairement musulman.

Nous avons vu une Église qui vit pleinement sa catholicité : en son sein se trouvent des familles arabes installées dans ce pays depuis toujours, des migrants et des professionnels venus pour de longs séjours de beaucoup de pays du monde, des fidèles venus du monde hébraïque et forment une communauté. Là comme ailleurs dans le monde, l’Église est un composé d’origines diverses quant à l’ethnie, quant à l’histoire, quant aux opinions : c’est le Christ qui les réunit et bâtit une communion, parfois ou souvent instable, mais infiniment précieuse.

Aux membres de cette Église, il est possible de montrer notre amitié, notre intérêt pour eux et pour tous. Face à une situation qui nous laisse désemparés, cet humble témoignage d’une vraie proximité fraternelle peut être une réponse. 

Il est possible de rendre visite à nos frères et sœurs de Terre Sainte, en se conformant, bien sûr, aux indications prudentes du Ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères. Des agences, notamment celles que connaissent bien nos Directions diocésaines de pèlerinages, pourraient mettre en place des propositions nouvelles, de groupes plus petits, de voyages plus courts, incluant une ou des rencontres fraternelles.

Il est possible de recueillir de l’information sur la vie de l’Église en Terre Sainte sur des sites comme celui du Patriarcat latin (où l’on retrouvera les prises de parole du Patriarche latin, particulièrement fortes : www.lpj.org), celui de la revue « Terre Sainte Magazine » (www.terresainte.net), celui des Franciscains (cmc-terrasanta.org), celui de l’Œuvre d’Orient (oeuvre-orient.fr). Cette dernière association, qui nous est bien connue, soutient là-bas des écoles, des hôpitaux et des mouvements. L’Ordre de Malte (www.ordredemaltefrance.org) et l’Ordre du Saint Sépulcre (www.ordredusaintsepulcre.fr) aussi. 

Vraiment, il nous appartient de prier pour ce pays qui nous est cher, de prier pour la fidélité des chrétiens qui s’y trouvent et veulent le servir avec charité et espérance.

† Laurent Ulrich
Archevêque de Paris

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