Pierre Goursat, un laïc au service de l’Église

Paris Notre-Dame du 27 mars 2025

Fondateur de la Communauté de l’Emmanuel, Pierre Goursat a été déclaré vénérable par le pape François le 18 décembre 2024, après la reconnaissance de l’héroïcité de ses vertus. Alors qu’une messe d’action de grâce a été célébrée à Notre-Dame de Paris le 24 mars, le P. Francis Kohn, postulateur de la cause de canonisation, revient sur la figure de ce laïc parisien.

Le P. Francis Kohn, prêtre de la Communauté de l’Emmanuel, du diocèse de Paris, est postulateur de la cause de canonisation de Pierre Goursat.
© D.R.

Paris Notre-Dame – À la fin de l’année dernière, le pape François a reconnu l’héroïcité des vertus de Pierre Goursat, le déclarant vénérable. Quel héritage a-t-il laissé à l’Église universelle ?

P. Francis Kohn – La cause de canonisation de Pierre Goursat a été introduite dans le diocèse de Paris début 2010. La reconnaissance, par le pape François, de ses vertus héroïques signifie que ce que Pierre a été et a vécu n’est pas simplement pour lui, pour une communauté, mais pour l’ensemble de l’Église. Alors que, dans les années 1970, il était très difficile d’adorer le Saint-Sacrement et il n’était pas de très bon ton d’être missionnaire. Pierre Goursat a forgé une spiritualité nouvelle – fondée sur l’adoration, la compassion et l’évangélisation – qui s’adresse au plus grand nombre : la sainteté dans la vie ordinaire. Il a été un artisan du renouveau du culte eucharistique et de celui du Sacré Cœur qui constituaient, pour lui, le cœur de la foi chrétienne.

P. N.-D. – Qui était Pierre Goursat ?

F. K. – Pierre Goursat est un vrai Parisien ! Né en 1914 à proximité de St-Philippe-du-Roule (8e), il a passé presque toute sa vie à Paris. Notons qu’il est né un 15 août, fête de l’Assomption, et mort le jour de la fête de l’Annonciation, le 25 mars 1991, signe d’une vie marquée par la Vierge Marie. Il se posera la question du sacerdoce mais il restera finalement, toute sa vie, laïc. Il est connu avant tout pour avoir fondé la Communauté de l’Emmanuel, dans le dernier tiers de sa vie, à 57 ans.

P. N.-D. – Comment en est-il venu à fonder cette communauté, lui qui était célibataire, parisien et plutôt contemplatif ?

F. K. – En 1971, il entend parler du Renouveau charismatique qui commence alors dans l’Église catholique et fait la rencontre de Martine Laffitte, interne en médecine. Lors d’une retraite spirituelle en février 1972, ils reçoivent l’« effusion de l’Esprit » et se mettent ensuite à prier ensemble chaque jour pendant plusieurs semaines. Début mai, ils invitent quelques personnes – dont je faisais partie – à se joindre à eux. Un an plus tard, nous étions 500. C’est ainsi qu’est né à Paris le premier groupe de prière qui n’avait pas encore le nom de Communauté de l’Emmanuel. Quand Pierre et Martine ont vu l’affluence des gens et des jeunes de tous horizons, ils ont voulu donner un nom à cette communauté naissante. Deux jeunes filles ont alors reçu dans la prière, de manière simultanée, cette même parole de l’Écriture, lue lors de la solennité de l’Annonciation : « Voici que la Vierge concevra, et elle enfantera un fils ; on lui donnera le nom d’Emmanuel » (Mt 1, 23).

P. N.-D. – Dans votre livre, vous évoquez les nombreuses épreuves qu’il a traversées. Quelles ont été les plus marquantes et comment les a-t-il vécues ?

F. K. – Toute la vie de Pierre Goursat a été marquée, dès son enfance, par la maladie et les épreuves. Ses parents se séparent assez rapidement après leur mariage. Bernard, son jeune frère dont il était très proche, meurt à l’âge de 10 ans. En 1933, Pierre contracte la tuberculose, ce qui l’oblige à interrompre ses études. À l’occasion de sa convalescence, il fait une expérience de conversion, qui lui fait prendre conscience de son orgueil et le décide à consacrer sa vie à Dieu, notamment par la voie de l’humilité. Très rapidement, il devient un adorateur, un priant mais aussi un évangélisateur. Sa mère, très malade, meurt assez prématurément en 1941. Malgré ces épreuves et une santé fragile, il a toujours fait preuve d’une véritable force d’âme, d’une espérance inébranlable et d’une grande compassion vis-à-vis des plus fragiles.

Propos recueillis par Mathilde Rambaud

Pierre Goursat, Francis Kohn. Éditions Emmanuel, 496 p., 2025, 25 €.

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