Podcast “Sur cette pierre” : l’indulgence
Les indulgences plénières font partie de la tradition de l’Église depuis des siècles. Dans cet épisode, le Père Sébastien Waeffler nous aide à comprendre ce qu’est une indulgence plénière, à quelles conditions elle est accordée et ce qu’elle signifie pour notre vie spirituelle.
De la liturgie au patrimoine, en passant par la mission et l’enseignement, cette série est une invitation à franchir la porte de l’église et plonger au cœur de l’Église.
Écrit et enregistré par le Père Sébastien Waeffler
Musique : Prélude en Do, BWV 45, Gosse Hulzinga – MusOpen
Tous droits réservés Église catholique à Paris
Podcast disponible sur les plate formes :
– Spotify
– Soundcloud
Les indulgences
Comme durant chaque année jubilaire, cette année 2025 est marquée par un retour virgule dans la plupart des médias, de la notion d’indulgence. Car en effet à l’occasion de l’année jubilaire, le pape François, a proposé aux chrétiens de recevoir une indulgence plénière. Il en donne lui-même l’explication dans la bulle d’indiction de l’année jubilaire 2025.
Voici ce que le pape écrit :
« L’indulgence […] permet de découvrir à quel point la miséricorde de Dieu est illimitée. Ce n’est pas un hasard si, dans l’Antiquité, le terme « miséricorde » était interchangeable avec le terme « indulgence », précisément parce que celui-ci entend exprimer la plénitude du pardon de Dieu, qui ne connaît pas de limites.Le Sacrement de Pénitence nous assure que Dieu pardonne nos péchés. Les paroles du psaume reviennent avec leur force de consolation : « Il pardonne toutes tes offenses et te guérit de toute maladie ; Il réclame ta vie à la tombe et te couronne d’amour et de tendresse ; […] Le Seigneur est tendresse et pitié, lent à la colère et plein d’amour ; […] Il n’agit pas envers nous selon nos fautes, ne nous rend pas selon nos offenses. Comme le ciel domine la terre, fort est son amour pour qui le craint ; aussi loin qu’est l’orient de l’occident, Il met loin de nous nos péchés » (Ps 103, 3-4.8.10-12). La Réconciliation sacramentelle n’est pas seulement une belle opportunité spirituelle, mais elle représente une étape décisive, essentielle et indispensable sur le chemin de foi de chaque personne. C’est là que nous permettons au Seigneur de détruire nos péchés, de guérir nos cœurs, de nous élever et de nous étreindre, de nous faire connaître son visage tendre et compatissant. En effet, il n’y a pas de meilleure façon de connaître Dieu que de se laisser réconcilier par Lui (cf. 2 Co 5, 20), en savourant son pardon. Ne renonçons donc pas à la Confession, mais redécouvrons la beauté du sacrement de la guérison et de la joie, la beauté du pardon des péchés ! »
Le pape François poursuit :
« Cependant, comme nous le savons par expérience personnelle, le péché “laisse des traces”, il entraîne des conséquences : non seulement externes dans la mesure où il s’agit des conséquences du mal commis, mais aussi internes, dans la mesure où « tout péché, même véniel, entraîne un attachement malsain aux créatures, qui a besoin de purification soit ici-bas, soit après la mort dans l’état qu’on appelle purgatoire ». Il reste donc, dans notre humanité faible et attirée par le mal, des “effets résiduels du péché”. Ceux-ci sont éliminés par l’indulgence, toujours par la grâce du Christ, qui est, comme l’a écrit saint Paul VI, « notre “indulgence” ».
L’indulgence vient comme délier cet attachement, cette fascination, cette attirance qui sont les effets résiduels du péché. Elle est donc pour les vivants une aide, une force, un soutien pour ne plus retomber systématique dans les péchés qui nous attirent le plus comme elle est un soulagement pour l’âme des défunts.
Pour prendre un exemple, je citerais Augustin qui relate le vol d’une poire. Saint Augustin, avant sa conversion, n’a pas besoin de voler une poire pour manger, car il confesse qu’il jettera aux porcs les poires volées sans presque y avoir toucher. Il l’a commis ce vol dit-il : « parce que cela [lui] faisait plaisir d’accomplir ce qui était interdit. » C’est l’attachement malsain créé par la recherche de ce plaisir que l’indulgence plénière élimine.
Alors de même que le péché est un acte, de même que la confession est un acte, de même l’indulgence est un acte. Un acte qui se déploie en plusieurs éléments qui n’ont pas toujours été bien compris.
Le premier élément est spirituel : il s’agit de se repentir du mal commis. Et donc de se confesser pour demander pardon à Dieu de ce mal commis. Puis il s’agit de vivre la joie d’être pardonné en montrant son attachement à l’Eglise qui déploie la grâce de Dieu dans le monde. On fait cela en priant aux intentions du saint Père (par exemple un Notre-Père ou un Je vous salue Marie) et en communiant sacramentellement. La communion, comme son nom l’indique, dit et réalise bien notre union au Christ et à son corps qui est l’Eglise.
Enfin, c’est le dernier élément, le plus matériel qui soit, celui qui va marquer le plus que nous vivons incarnés dans un monde de matière, il s’agit d’accomplir une œuvre. Cela est très varié.
Pour l’année jubilaire 2025 cela peut être aller dans un lieu de pèlerinage choisi par l’évêque ou bien passer l’une des quatre portes saintes à Rome. Mais cela peut aussi consister à visiter des personnes malades, isolées, en fin de vie, ou visiter une catacombe chrétienne, participer à une mission d’évangélisation, lire la bible pendant au moins une demi-heure, etc. La liste publiée par Paul VI est très longue.
À partir du IIIe siècle on a pu proposer de participer financièrement à la construction des églises et notamment, à partir du XVIe siècle et sur proposition du pape Léon X à la reconstruction de la basilique saint Pierre. Soyons honnêtes, c’est effectivement une œuvre de piété que de participer à financer la construction d’une église. Les esprits critiques y ont vu la vente des bienfaits de la grâce et ont appelé cela la vente ou le commerce des indulgences. S’il y a probablement eu parfois des abus dans la proposition des actes de piété à accomplir dans le cadre de la réception d’une indulgence, que cela ne nous empêche pas d’accomplir aujourd’hui la démarche utile pour recevoir cette grâce, et pourquoi pas– dans un regard de miséricorde et de paix sur notre histoire – de prier pour ceux qui ont manqué de charité.