Podcast “Sur cette pierre” : les œuvres de miséricorde
Les œuvres de miséricorde sont au cœur de l’Évangile et de la vie chrétienne. Elles nous invitent à déployer notre foi dans le monde de manière concrète. Et particulièrement en cette année jubilaire. Mais quelles sont-elles ? Quelle différence entre les œuvres matérielles et spirituelles ? Dans cet épisode, le Père Sébastien Waeffler nous rappelle ces gestes précis que l’Église nous propose de poser dans une démarche de charité.
De la liturgie au patrimoine, en passant par la mission et l’enseignement, cette série est une invitation à franchir la porte de l’église et plonger au cœur de l’Église.
Écrit et enregistré par le Père Sébastien Waeffler
Musique : Prélude en Do, BWV 45, Gosse Hulzinga – MusOpen
Tous droits réservés Église catholique à Paris
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Les œuvres de miséricorde
À l’occasion du jubilé de la miséricorde en 2015, le pape François, qui est mort récemment, a remis au goût du jour les œuvres de miséricorde en les inscrivant au centre de la démarche jubilaire de 2015.
Et il faut dire ce qui est, beaucoup avaient oublié jusqu’à l’existence de ce terme « d’œuvres de miséricorde », sans oublier fort heureusement de les pratiquer sans le savoir, un peu comme monsieur Jourdain qui faisait de la prose sans le savoir.
Les œuvres de miséricorde sont directement issues de la méditation de l’enseignement du Christ qui nous invite à déployer notre foi dans le monde de manière concrète, c’est-à-dire en ouvrant à l’avènement du Royaume des cieux. Toutes ces œuvres de miséricorde travaillent à l’avènement du Royaume des cieux parce qu’elles creusent et déploie en nous l’amour de Dieu et l’amour du prochain.
Ces œuvres se répartissent en 2 grands ensembles : d’une part les œuvres de miséricorde corporelles, qui consiste à agir dans le monde conformément à l’enseignement de Jésus, singulièrement lorsqu’il parle du jugement dernier. Et d’autre part les œuvres de miséricorde spirituelles qui ont été discernées dans les premiers siècles de l’église en méditant les écritures et dont la liste définitive, jusqu’à aujourd’hui, est établie par saint Thomas d’Aquin.
Voyons les œuvres de miséricorde corporelle selon l’Évangile du Jour du Jugement (Mt. 25:34-40) : « Nourrir l’affamé, abreuver l’assoiffé, accueillir l’étranger, vêtir les démunis, soigner les malades et visiter les prisonniers ». La septième œuvre, « ensevelir les morts », a été ajoutée au XIIe siècle et ratifiée en 1220 par Raymond de Peñafort. Elles sont mentionnées partiellement dans l’Ancien Testament, notamment dans le Livre d’Isaïe, et la visite aux prisonniers est aussi indiquée dans l’Épître aux Hébreux.
Plusieurs personnages bibliques illustrent les œuvres corporelles de miséricorde :
• Abraham accueille les trois anges (Genèse).
• Élie multiplie la farine et l’huile pour la veuve de Sarepta (livre des Rois).
• Tobie ensevelit un compagnon de captivité (livre de Tobie).
• La parabole du Bon Samaritain.
Je ne saurais trop vous conseiller si vous allez à Naples d’aller voir la magnifique peinture du Caravage qui illustre chacune de ces 7 œuvres de miséricorde. Le tableau est conservé au conservé au Pio Monte della Misericordia à Naples. C’est presque un jeu de reconnaître les 7 œuvres tant il est vrai que dans le clair-obscur propre au Caravage on a parfois du mal à toutes les repérer.
Alors si vous n’allez pas à Naples dans les prochains jours mais que vous habitez à Paris ou dans la région parisienne vous pouvez également voir un tableau représentant les 7 œuvres de miséricorde dans le déambulatoire de l’église sainte Élisabeth de Hongrie dans le quartier du temple dans le 3e arrondissement de Paris. Les œuvres sont peut-être plus identifiables et l’artiste moins connu, mais elles vous permettront de les visualiser et qui sait, si vous avez une mémoire visuelle, de les retenir pour mieux les pratiquer.
Je les cite à nouveau : Les sept œuvres de miséricorde corporelle sont donc [5] :
1. donner à manger aux affamés ;
2. donner à boire à ceux qui ont soif ;
3. vêtir ceux qui sont nus ;
4. accueillir les pèlerins les sans-abris ;
5. assister les malades ;
6. visiter les prisonniers ;
7. ensevelir les morts.
Quant aux œuvres de miséricorde spirituelles, il s’agit d’aider à la marche vers le Royaume des cieux non plus de manière corporelle mais par le Conseil et la parole. Elles aussi sont au nombre de sept [5] :
1. conseiller ceux qui sont dans le doute ; c’est non seulement l’accompagnement spirituel mais c’est donner de bons conseils pour aider à faire le bien et à choisir le bien. Il ne s’agit pas d’être moralisateur mais plutôt d’être un soutien et un ami qui va cherchez le bien et aider à le discerner pour pouvoir le pratiquer.
2. enseigner les ignorants ; Là aussi la formulation est un peu surprenante, mais ce qui est derrière le terme d’enseigner les ignorants c’est le fait de ne pas garder son savoir pour soi et de le partager largement.
3. avertir les pécheurs ; Non pas à la manière de la chanson interpétée par Jacques Dutronc : « fait pas ci fait pas ça, viens ici, mets toi là, attention prends pas froid, ou sinon gare à toi ». Il s’agit d’avertir pour que l’homme de bonne volonté puisse comprendre l’enjeu de ses actes, la laideur du péché et la beauté de sa vocation à la sainteté. Ainsi, s’il le veut, il pourra se détacher des ténèbres et choisir le chemin de la sainteté.
4. consoler les affligés ;
5. pardonner les offenses ; Et c’est bien compliqué parfois, mais ainsi, nous serons semblables à notre Père qui est dans les Cieux.
6. supporter patiemment les conversation des personnes ennuyeuses ; Evidemment, cela prête à sourire, mais nous savons bien que cette œuvre nous engage réellement dans la sainteté.
7. Et enfin, prier Dieu pour les vivants et pour les morts.
Bref, entre les 7 œuvres de miséricorde corporelle et les 7 œuvres de miséricorde spirituelles, le choix est vaste pour faire le bien et œuvrer à l’avènement du Royaume des Cieux. Surtout que nous ne sommes pas contraints à choisir une seule œuvre et que l’on peut s’exclamer comme sainte Thérèse de Lisieux : « Mon Dieu, je choisis tout. » Je ne veux pas être une sainte à moitié… »