Podcast “Sur cette pierre” : le pèlerinage
L’Église nous invite, quand nous le pouvons, à vivre une démarche de pèlerinage — à Rome, à Lourdes, à Jérusalem ou dans un sanctuaire proche de chez nous. Dans cet épisode, le Père Sébastien Waeffler nous éclaire sur le sens spirituel du pèlerinage : pourquoi partir ? Que signifie cette marche pour notre foi ? Une invitation à reprendre la route, le cœur ouvert.
Pourquoi part-on en pèlerinage ? Entre liturgie et catéchèse, ce podcast éclaire la richesse spirituelle et théologique du pèlerinage.
De la liturgie au patrimoine, en passant par la mission et l’enseignement, cette série est une invitation à franchir la porte de l’église et plonger au cœur de l’Église.
Écrit et enregistré par le Père Sébastien Waeffler
Musique : Prélude en Do, BWV 45, Gosse Hulzinga – MusOpen
Tous droits réservés Église catholique à Paris
Podcast disponible sur les plate formes :
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Le pèlerinage chrétien
En cette année jubilaire, l’église nous propose de faire une démarche de pèlerinage par exemple vers Rome, si nous en sommes capables physiquement et si nous en avons les moyens à la fois en temps et en argent. On peut même s’interroger pour savoir pourquoi il est intéressant sur le plan spirituel de se mettre en route physiquement vers un lieu particulier. D’où vient donc cette idée si surprenante ?
Le christianisme n’est pas la seule religion à connaître une démarche de pèlerinage. Déjà les religions antérieures connaissaient tant en Orient qu’en Occident cette démarche qui consiste à quitter son logement et ses habitudes pour retrouver des coreligionnaires en un lieu spécifique. Sans doute faut-il reconnaître que la foi chrétienne des origines a été influencée par l’expérience juive de l’Antiquité et les grands pèlerinages annuels jusqu’à Jérusalem. On cheminait à Jérusalem afin d’offrir des offrandes au seigneur qui étaient présents à l’intérieur du Saint des saints du temple de Jérusalem. Ainsi souvenons-nous du pèlerinage de Marie et Joseph à Jérusalem où ils offrent un couple de tourterelles après la naissance de Jésus pour rendre grâce de cette naissance, pour remercier le Seigneur d’voir déployer la vie dans leur foyer.
Très tôt les chrétiens ont décidé d’aller prier sur des lieux emblématiques de la foi. Ainsi on a gardé la trace à la Bibliothèque nationale de France, à Paris, d’un chrétien qui habitait Bordeaux et qui est allé en 333, c’est-à-dire peu de temps après la découverte du Saint sépulcre, d’aller prier sur le lieu de la résurrection.
Et c’est sans doute là l’explication de l’une des raisons d’être des pèlerinages chrétiens. Le lieu. Ce chrétien est allé prier sur le lieu de la résurrection de la chair. Il y est allé avec son propre corps. Je veux dire par là qu’un pèlerinage nous renvoie toujours d’une manière ou d’une autre a notre propre corps,1 corps qui est source de joie mais également parfois de souffrance ; un corps qui peut être en bonne santé ou qui peut être malade ; bref un corps qui dit tout à la fois notre joie de vivre et la quasi-certitude, je devrais dire la certitude, de devoir passer par la mort avec notre propre chair avant d’espérer ressusciter. En cela aller prier sur le lieu de la résurrection de la chair nous rappelle que notre propre chair est destiné à ressusciter.
Et si nous pouvons aller en pèlerinage ailleurs que sur le lieu de la résurrection, ailleurs qu au saint-sépulcre, nous allons toujours vers un lieu qui nous rappelle tout à la fois la joie de vivre et notre désir de vie comme également notre espérance en la résurrection. Lorsque nous connaissons quelqu’un de malade ou que nous sommes malades nous-mêmes, nous pouvons aller prier par exemple en pèlerinage à Lourdes. Et si nous y allons en espérant la guérison, nous savons que nous recevrons la guérison par excellence au jour venu, c’est-à-dire que nous ressusciterons même si nous avons à passer par la mort.
Lorsque nous allons prier sur la tombe d’un apôtre ou d’un grand saint, nous allons d’abord nous recueillir en nous rapprochant spirituellement de ce que cet apôtre a vécu : une vie totalement engagée à la suite du Christ, jusque dans sa propre chair. La dimension corporelle est la dimension essentielle d’un pèlerinage. D’une manière ou d’une autre on engage toujours son corps Pour dire notre espérance en la résurrection à la suite du Christ dans un pèlerinage.
Pour le dire En d’autres termes, je ne vois pas comment on pourrait faire un pèlerinage en visioconférence !
La conséquence de cela, c’est que pour faire un pèlerinage on doit nécessairement quitter son logement, ainsi que son emploi du temps ordinaire. Il s’agit de quitter ses habitudes pour se mettre à la suite du Christ. Ce qui est vécu concrètement dans le corps est également vécu spirituellement dans son âme. De même que les disciples du Christ il y a 2000 ans quittaient leur maison pour se mettre à la suite de Jésus, nous quittons aujourd’hui notre maison pour nous mettre à la suite de Jésus dans une démarche de pèlerinage. Certain dirait que l’on quitte sa zone de confort, Je préfère considérer que l’on va pour un temps donné consacrer toute son existence à notre foi chrétienne et à faire une rencontre approfondie avec Dieu durant ce temps. Je vais donc consacrer du temps, au sens le plus littéral à Dieu. Le sens le plus littéral c’est à dire rendre sacré une partie de mon temps.
Ainsi le pèlerinage mobilise tout à la fois l’espace et le temps, que j’habite l’un et l’autre par mon corps, pour approfondir ma relation à Dieu.
Il n’est pas étonnant que dans la foi chrétienne, une foi tout orientée par la résurrection de la chair, les pèlerinages aient connu et connaissent encore un fort engouement de la part des disciples du Christ.
Alors que ce soit pour aller au Saint-Sépulcre ou bien auprès des tombeaux des apôtres à Rome, pour dire votre espérance de la guérison à Lourdes ou bien dans le sanctuaire le plus proche de chez vous, n’hésitez pas à vivre pleinement votre vie de disciple du Christ en faisant un pèlerinage prochainement !