Podcast “Sur cette pierre” : le Credo
Dire le Credo, c’est proclamer ce en quoi nous croyons, ensemble et à haute voix. Dans cet épisode, le Père Sébastien Waeffler, curé de Paris, nous plonge au cœur de cette profession de foi. Pourquoi le récite-t-on ? Que signifient ces mots transmis depuis les premiers siècles de l’Église ? Entre liturgie et catéchèse, ce podcast éclaire la richesse spirituelle et théologique du Credo.
De la liturgie au patrimoine, en passant par la mission et l’enseignement, cette série est une invitation à franchir la porte de l’église et plonger au cœur de l’Église.
Écrit et enregistré par le Père Sébastien Waeffler
Musique : Prélude en Do, BWV 45, Gosse Hulzinga – MusOpen
Tous droits réservés Église catholique à Paris
Podcast disponible sur les plate formes :
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Le Credo
Quelle curieuse idée que le Credo !
Je parle de ce texte, je devrais dire « ces textes », que l’on récite chaque dimanche à la messe avec la même solennité que si l’on adressait une prière à Dieu.
C’est également un incontournable des pèlerinages. On le dit solennellement, arrivés au dimanche, parfois à bout de souffle à l’issue d’une semaine de travail. On le dit solennellement, arrivés au lieu de destination de notre pèlerinage, surtout si c’est à Rome, parfois à bout de souffle si le pèlerinage nous a semblé physiquement éprouvant.
Il y a un lien, car de même qu’après avoir traversé une semaine entourés d’amis et de collègues souvent non-croyants, nous aimons redire notre foi le dimanche ; de même, après avoir traversé le monde à évangéliser et qui ne croit pas beaucoup, nous aimons redire notre foi, accompagnés de tous ceux qui effectuent avec nous ce pèlerinage. La démarche est la même. Elle consiste à se rappeler ce qui fait notre joie, le cœur de ce que je crois.
Littéralement, CREDO est un verbe latin qui signifie : « Je Crois ».
Le CREDO est encore appelé « symbole de la foi », d’un terme – symbole – en grec Σύμβολον/sumbollon dérivé du verbe συμβάλλομαι / sumballomai, qui signifie « mettre ensemble, rassembler » car ce texte rassemble les chrétiens autour d’une même foi. A l’origine cela désignait un vase ou un plat en terre cuite cassé en 2. Chaque cocontractant d’un contrat, souvent commercial, conservait l’un des morceaux avant de se séparer et de mener ses affaires ailleurs, parfois au loin. A une époque où les visioconférences n’existaient pas, dans l’Antiquité, cela permettait d’envoyer un fondé de pouvoir rencontrer son cocontractant et traiter en son nom. Si les 2 morceaux rassemblés s’emboitaient parfaitement, le fondé de pouvoir était identifié et pouvait engager la parole du commerçant absent. De la même manière, le CREDO rassemble et identifie les disciples du Christ.
Au début du IVe siècle de notre ère, la foi chrétienne est libéralisée – c’est l’édit de Milan en 313 – et les disciples de Jésus peuvent enfin de rencontrer au grand jour et discuter de leur foi librement et sans crainte d’être persécutés. Et l’on discute en se rendant compte qu’autour de la méditerranée, dans l’empire romain, quelques divergences d’opinion co-existent. Il ne s’agit de problèmes mineurs. On croit ici que Jésus est Dieu et homme, là qu’il est seulement homme, ailleurs qu’il aurait été divinisé par le Père le jour de son baptême, ou encore à un autre moment. Les discussions sont tellement vives que la stabilité de l’empire s’en trouve menacée.
L’empereur, Constantin, décide alors en 325 de convoquer pour la première fois de l’histoire du monde tous les évêques de l’univers à une assemblée délibérante (consilium en latin qui donnera le mot Concile ou Sun-odos en grec qui donnera le mot synode). Le but de cette assemblée étant de se mettre d’accord sur un texte qui rassemble (συμβάλλομαι / sumballomai) tous les chrétiens autour de la même définition de la foi. Ce texte sera complété quelques années plus tard à Constantinople (en 381) pour donner le texte du CREDO, car ce sont les premiers mots de ce texte, qui est substantiellement le texte que nous disons encore aujourd’hui. Ce texte a joué un rôle essentiel et fondamental pour maintenir l’unité de l’Église depuis l’antiquité.
En occident un autre texte va se répandre peu à peu, sans doute à partir du Ve siècle. Ce texte est peut-être issu de la profession de foi baptismale qui était proclamée dans l’Église de Rome, peut-être est-il issu d’un texte ayant court d’abord en Gaule transalpine/narbonnaise ( au sud de la France d’aujourd’hui ). Ce qui est sûr, c’est qu’il est appelé Symbole des Apôtres car il réunit des vérités de foi contenues dans les textes de l’Écriture, transmis par les Apôtres, c’est-à-dire les évangiles et les lettres du nouveau Testament.
Hier comme aujourd’hui le CREDO, que ce soit le symbole de Nicée ou celui des Apôtres, permet aux chrétiens (catholiques, protestants, orthodoxes, de se rassembler autour d’une même foi, de dire l’unité de la foi chrétienne, donc de rassembler les disciples du Christ et d’affermir leur foi autour de quelques éléments essentiels et communs.
Il est donc particulièrement bon de pouvoir partager ces mêmes mots, sans les modifier, partout dans le monde, auprès de Pierre, l’Apôtre qui a reçu mission de nous affermir dans la foi, ou bien chaque dimanche, loin de Rome, dans nos paroisses car ces mots, les mêmes partout dans le monde, rassemblent tous les chrétiens qui se reconnaissent alors membres d’une même famille.