Remerciements de Mgr Laurent Ulrich à Mgr Bernard Podvin pour les conférences de carême

Le moment est venu d’exprimer à Mgr Bernard Podvin une grande reconnaissance pour ce qu’il nous aidés à marcher, pendant ces cinq semaines de carême, à la recherche de ce que nos yeux distinguent encore mal, de ce que le monde au sens de l’évangéliste saint Jean ne sait pas discerner : la nouveauté, le neuf que Dieu ne cesse de faire pour nous, devant nous, avec nous.

Nous qui ne sommes que cendres, mais cendres aimées de Dieu, comme le dit volontiers le pape François. Quand le feu va toujours de la flamme jaillissante à la cendre inerte, Dieu fait revivre la cendre, ranime les braises et danser à nouveau la flamme ; chemin de carême, de la cendre du mercredi à la flamme de la nuit du samedi. Rien n’est jamais perdu pour Dieu, dit le cantique ! Je commence à me convertir, disait cette centenaire que vous alliez visiter. Si l’être extérieur va vers sa ruine, dit l’apôtre, l’être intérieur se renouvelle de jour en jour.

Qui pourrait mieux dire ? vous l’avez dit avec saint François de Sales que vous aimez parce qu’il vous montre depuis si longtemps, dans votre vie, le chemin, la route qui vous change, qui nous change : Dieu fait du neuf aujourd’hui, dans les cœurs qui se laissent réconcilier par sa grâce. Et dans le retournement des cœurs.

Il faut bien vous croire sur parole, et je le fais volontiers, parce que moi aussi le Seigneur m’a permis de voir tant de facettes de la vie de son Église, qu’il aime renouveler quotidiennement. Vous nous l’avez dit : Si vous avez le privilège de visiter l’Église en France, comme j’en ai le bonheur, vous la croisez éprouvée, affectée, sonnée, sidérée.
Mais aussi résiliente dans sa dignité baptismale, et ravivée par la fraîcheur catéchuménale, par les Journées Mondiales de la Jeunesse, par la Parole. Et je me permets d’ajouter : par les sacrements, par la rencontre des pauvres, des souffrants, des isolés, des étrangers, en un mot par le sacrement du frère.

Vous nous avez cité cette petite fleur cueillie dans le jardin des pères de l’Église, de ceux qui scrutent la Parole de Dieu, qui parfois dans la solitude se heurtent à des mots qui ne leur disent rien. Et, se levant vers un frère pour lui en demander le sens, rencontrent l’ange qui les éclaire : le fait d’aller vers l’autre quémander sa lumière plait tant à Dieu, avez-vous dit.
Le fait de sortir de soi.
Le fait de recevoir la Parole, les uns des autres.

Mais pour pouvoir faire cette démarche, il faut humilité et douceur : faites que ce soit le cœur de votre cœur, dit François de Sales. Et la nouveauté se trouve justement là ; c’est tellement inattendu dans notre monde, dans notre cœur même… que c’est cela qui crée du neuf !

Croyons-nous que Dieu, quand il nous appelle, éveille en nous une nouveauté qui n’est autre que venant de Lui ? qui n’est autre que Lui-même, venant chez nous, prenant place à notre table ?
Nous laisserons-nous surprendre par ce don qui nous éveille à la vie ? Oh oui, nous voulons vraiment nous laisser surprendre, même si nous demeurons maladroits. Allez, que le Seigneur nous donne encore cet autre signe bientôt : retrouver Notre Dame telle que, de mémoire d’homme en ce jour, personne ne l’a vue ! La retrouver pour y célébrer avec ferveur le mystère de ce Seigneur qui nous accueille sans cesse tels que nous sommes et nous invite à devenir tel qu’Il est, Lui : non point naïfs ou candides, mais jamais rassasiés de l’amour qu’Il offre, toujours étonnés de sa nouveauté. Capable de transformer un visiteur en pèlerin ébloui par ce don ; et capable de transformer un chrétien trop habitué en admirateur du chemin d’un autre qui découvre ce mystère de Dieu donné, souffrant, mourant et ressuscité, vivant au cœur du monde et au cœur de notre cœur. La pierre angulaire, encore ignorée de tant de visiteurs, les attend, venez-vous de dire.

Merci de nous avoir accompagnés, cher Bernard, de nous avoir jalonné ce chemin. Joyeuse Pâque pour vous et pour nous !

Mgr Laurent Ulrich,
archevêque de Paris

– Voir Conférences 2025.