« Si je n’ai pas la charité » : chronique hebdo #16 de Mgr de Sinety

« Comment ceux qui ont eu la chance, le privilège, de rencontrer le Christ, de se laisser appeler par lui, et qui veulent ainsi être disciples, oui, comment ceux- là pourraient-il conditionner chez leur frère, cette rencontre à autre chose que le simple désir de crier vers le ciel et d’ouvrir son cœur ? » Mgr Benoist de Sinety est vicaire général du diocèse de Paris.

« Si je n’ai pas la charité » : chronique hebdo #16 de Mgr de Sinety

Sur le dessin, une petite dame pieuse, à genoux sur le prie-Dieu, sous les voûtes de son église, les yeux levés vers le ciel la bouche entrouverte. Son auteur, le dessinateur Sempé, lui fait dire ces quelques mots : « j’ai tellement confiance en vous que, la plupart du temps, je vous appelle Docteur ».
Il est vrai que le médecin diagnostique et prescrit des remèdes. Mais il sait, comme chacun de nous, que son diagnostic peut parfois être fragile, et que les remèdes, s’ils permettent de guérir provisoirement ou de soulager, ne sont en aucun cas la promesse de l’éternité.

Le pape a souvent répété que l’Église devait être une sorte d’hôpital de campagne. C’est-à-dire un refuge pour tous ceux qui souffrent, qui se sentent abandonnés, qui ont cette impression qu’on les tient à distance de la source à laquelle ils voudraient boire. Un hôpital, c’est-à-dire un asile, un lieu ouvert à tous, où l’on ne demande ni papier, ni pedigree particulier. Un lieu où chacun de ceux qui rentrent sait que l’on prendra soin de lui, qu’on l’écoutera, qu’on le considérera. Un hôpital en fait, qui n’a pas grand-chose à voir avec les hôpitaux que nous connaissons, qui sont souvent tiraillés par des exigences qui mettent à mal le lien humain, quels que soient par ailleurs la qualité et le dévouement de ceux qui y travaillent.

La charité nous oblige : si nous avons foi dans l’amour, c’est-à-dire en Dieu, nous devons lutter de toutes nos forces, en commençant par nous convertir un peu plus nous-mêmes, afin que nos églises, nos communautés chrétiennes, quelles qu’elles soient, puissent véritablement être ces hôpitaux de campagne : c’est-à-dire des lieux ou nul ne soit empêché de se sentir accueilli. Comment ceux qui ont eu la chance, le privilège, de rencontrer le Christ, de se laisser appeler par lui, et qui veulent ainsi être disciples, oui, comment ceux- là pourraient-il conditionner chez leur frère, cette rencontre à autre chose que le simple désir de crier vers le ciel et d’ouvrir son cœur ? Afin qu’ils comprennent que le Christ est bien celui qui les prépare, jour après jour, non pas simplement à être en bonne santé, mais à vivre pour l’éternité.

Mission 2015-2018

Chroniques “Si je n’ai pas la charité” de Mgr Benoît de Sinety