« Si je n’ai pas la charité » : chronique hebdo #01 de Mgr de Sinety
« La charité n’est pas d’abord une affaire de mots et de discours, mais elle est actions et gestes. Chers amis, au cours des chroniques à venir je vous propose simplement d’être témoins de ces actes ensemble. » Découvrez la nouvelle chronique hebdomadaire de Mgr Benoist de Sinety, vicaire général du diocèse de Paris.
La charité n’est pas d’abord une affaire de mots et de discours, mais elle est actions et gestes. Chers amis, au cours des chroniques à venir je vous propose simplement d’être témoins de ces actes ensemble. Et de laisser ainsi nos cœurs, tout en se réjouissant, nous inspirer à chacun les gestes à poser et la force de les accomplir.
Vous le savez peut-être mais nous allons fêter cet hiver les 10 ans d’Hiver Solidaire. Dans 25 églises parisiennes, des dizaines de personnes vivant à la rue, sont ainsi accueillies pendant trois mois. Accueillies : pas juste hébergées, mais intégrées dans la communauté paroissiale. Les baptisés sont ainsi invités à se retrousser les manches pour préparer les repas, les partager avec leurs hôtes, poursuivre par des veillées de jeux et de discussions et, après une nuit réparatrice, se séparer après le petit-déjeuner. J’en ai vraiment entendu parler une première fois par un confrère d’une paroisse voisine de la mienne. Oh, bien sûr, je connaissais le projet, il avait été relayé par le diocèse. Mais je pensais qu’il était peu compatible avec le projet pastoral de notre église et j’avoue avoir botté en touches ! Jusqu’au jour où ce confrère nous partage en réunion de doyenné la joie qu’il a eu à se lancer dans cette aventure. Ce que la communauté en a tiré comme Bien. Sa joie et son enthousiasme était confondants.
Je regagnais mon presbytère en me disant que finalement, tout bien pesé, ce ne serait pas idiot de se poser la question… Quelques jours plus tard, un jeune homme demande à me voir. « Mon Père, il faut que dans notre paroisse, nous puissions nous aussi participer à Hiver Solidaire l’an prochain ! ». Il aura donc fallu deux témoins pour convertir mon cœur et l’aider à entendre cet appel. Je confiais donc la responsabilité de bâtir un projet pour l’hiver suivant, à ce jeune paroissien. En lui recommandant notamment de me dire de quelle surface et de quels moyens matériels il aurait besoin. Insistant aussi qu’avec un noyau il devait s’engager à palier en cas de défaillances des paroissiens pour assurer la permanence de la présence.
Il revint quelques semaines plus tard en me précisant l’emplacement où il pensait installer l’accueil : au rez-de-chaussée du presbytère. Devant mon air étonné il compléta l’explication : « c’est pour que vous ne puissiez pas nous éviter quand vous rentrerez le soir ! ».
L’hiver approchant, les annonces furent faites pour appeler les bonnes volontés. Cette année-là ce furent plus de 200 personnes qui se portèrent volontaires… et pour cela il fallait qu’au départ, un cœur se convertisse…