Texte de la conférence de Carême « La finance est-elle éthique ? » du 11 mars 2012
Avec M. Jean-Pierre JOUYET, président de l’Autorité des Marchés Financiers et P. Gaël GIRAUD s.j., théologien.
Dans le domaine de la finance de marchés, la question éthique revêt aujourd’hui une acuité particulière, alors que les pays développés et l’Europe en particulier traversent une grave crise économique et financière aux conséquences multiples. Dans ce contexte, au regard de leurs compétences respectives, les conférenciers inviteront à s’interroger sur le sens à donner à cette crise et aux leçons qui peuvent en être tirées afin de redéfinir des valeurs éthiques, collectives et individuelles. L’une de ces leçons, à leurs yeux, consiste en une meilleure collaboration des acteurs financiers avec leurs autorités de tutelle afin qu’une réforme de la régulation financière puisse être mise en place, qui permette de mettre la finance au service du bien commun. Ils appelleront également à donner un sens à l’aventure collective que représente l’Europe et à s’interroger sur une redynamisation possible du projet européen édifié pas à pas depuis quelques décennies.
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Les conférences seront publiées dans un livre à paraître le dimanche 1er avril 2012 aux éditions Parole et Silence.
M. Jean-Pierre JOUYET, président de l’Autorité des Marchés Financiers
La Finance est-elle éthique ?
Eminence,
Monseigneur,
Mon Père,
Frères et sœurs,
Mesdames, Messieurs,
C’est un grand honneur d’être invité à m’exprimer dans ce haut-lieu, unique et sacré, et de m’inscrire dans cette tradition, plus que centenaire, des conférences de Carême de Notre-Dame.
Nous traversons une crise grave, économique et financière mais qui ne peut se réduire à une somme de dysfonctionnements techniques et de déséquilibres conjoncturels.
Cette crise, dont les autres facettes sont sociales, écologiques, et éthiques, est avant tout anthropologique parce qu’elle remet en cause la manière dont l’homme est pris en considération.
Face à cette crise, l’initiative apparaît plus que jamais nécessaire. Mais que serait l’initiative sans finalité réfléchie ?
Car sans une bonne compréhension du monde que nous voulons, sans aspiration à un développement plus juste et harmonieux, nous avons, somme toute, la finance que nous méritons.
Nous ne pourrons freiner les errements actuels et sans doute futurs que si nous comprenons la logique économique qui sous-tend le monde d’aujourd’hui.
Les mécanismes financiers ne relèvent ni de lois intangibles, ni du simple bon sens gestionnaire. L’ordre ou le désordre des marchés relève d’institutions que nous pouvons contribuer à transformer ou à réformer.
Le Cardinal André Vingt-Trois dans son dernier ouvrage, pose la question centrale : « Quelle société voulons-nous ? ». Il n’est point de réforme possible sans vision du bien commun, de la solidarité qu’elle implique mais aussi sans engagement de tous : citoyens, acteurs économiques et responsables politiques.
Nous vivons une mutation humaine, technique, financière, philosophique et religieuse sans précédent.
Nous devons nous éveiller au monde nouveau,
Ne craignons pas d’en être les acteurs,
Assumons-le.
Maîtrisons-le en sachant que le monde ancien ne sera pas restauré.
De là, trois questions se posent : Que maîtriser ? Comment maîtriser ? Au nom de quoi maîtriser ?
1 – Pour maîtriser ce nouvel environnement, il faut d’abord poser un diagnostic exact des désordres actuels.
La crise révèle la conjonction d’une excessive financiarisation de l’économie, d’un découplage entre l’économie réelle et une sphère financière et d’une explosion des dettes privées et publiques.
On assiste depuis 20 ans à un développement de fonds dans des proportions tout à fait extraordinaires liées, en partie, à l’abondance des liquidités. Cette nouvelle finance s’est, en outre, construite autour de marchés de moins en moins transparents. Elle a assuré aux opérateurs, parfois réglementées ; le plus souvent, non réglementés, des rendements élevés.
Le profit financier est d’autant plus important que l’opacité est grande. C’est là pour les autorités publiques le principal défi. En effet, alors que le capitalisme n’est qu’exigence de transparence sur les salaires, sur le coût du travail, sur les performances du service public, jamais le capitalisme financier n’a été aussi opaque, aussi impénétrable : les salles de marché et les fonds sont les véritables « sociétés secrètes du XXIème siècle ».
Bien sûr, il ne faut pas avoir une vision simpliste des marchés. Pour ma part, j’en viens à penser que s’il faut de plus en plus d’argent pour faire fonctionner l’économie, l’apport des marchés financiers à l’économie dite réelle est décroissant depuis plusieurs années ; la primauté du financier a conduit à des erreurs de perspective, détournant l’économie de son essence : celle d’assurer, avec le souci d’une constante amélioration, le meilleur pour l’être humain à tout le moins au plan quotidien.
Du diagnostic ainsi posé, trois constats se dégagent :
1) Premier constat : ces dérèglements ont conduit à mettre sous la tutelle des marchés et l’économie et la politique.
La leçon de ces dernières années est qu’il y a désormais une rupture entre l’ordre démocratique et la puissance des marchés alors que, dans l’histoire, démocratie et économie de marché et d’échanges sont toujours allées de pair.
Désormais, les entreprises vivent au rythme des cours de bourse et sous la pression de la rentabilité attendue par les actionnaires, conduisant à des choix stratégiques souvent sans lien avec la recherche d’une performance de moyen terme.
Plus grave, les Etats sont de plus en plus sous la tutelle des marchés, comme le montre la dégradation plus fréquente de leur notation. Il faut sans cesse répondre aux attentes des marchés, les rassurer.
Or, ni le temps de l’entreprise ni le temps de la démocratie ne sont ceux des marchés : l’entreprise a besoin d’investisseurs de long terme acceptant le risque ; les processus démocratiques sont par essence longs, tandis que la finance réclame des engagements immédiats et lisibles.
Le danger réside dans la possible déconnexion entre le champ d’action national des autorités publiques et la dimension globale des marchés et de l’économie. On peut comprendre, dans ces conditions, la défiance, voire l’indignation des citoyens, car il y a bien une perte de contrôle, une perte de repères politiques face à des marchés qui ne remplissent plus leur fonction première : le financement d’une économie durable.
On est ainsi entré dans une économie de marché où nous observons des écarts considérables et croissants entre les rémunérations du travail et du capital ; où nous constatons des écarts plus importants entre les rémunérations du capital financier et du capital de l’entreprise ; où nous enregistrons des différences de rendements entre les institutions financières régulées - telles les banques – et les structures non régulées – tels les fonds.
D’où l’importance de bien définir l’espace de la régulation, de l’étendre à tous les acteurs financiers avant de la faire supporter par quelques-uns, fussent les plus importants. C’est toute la problématique de la réglementation qui pèse sur les banques alors que la finance de l’ombre ne cesse de prospérer.
2) Second constat : cette situation a conduit à déliter nos sociétés. Cela se traduit, d’une part, par un accroissement important des écarts de richesses principalement constaté dans les pays anglo-saxons, d’autre part, l’émergence d’une certaine élite financière qui délocalise ses activités au gré des avantages fiscaux et règlementaires procurés par tel ou tel pays.
Si l’on n’y prend garde, ce phénomène pourrait ébranler nos démocraties : d’une part, comme Pierre Rosanvallon le souligne, nous voyons bien que certaines élites sont tentées de « faire sécession » par rapport au peuple ; d’autre part, comme le souligne le Cardinal André Vingt-Trois, « l’équilibre de la société exige la correction des écarts disproportionnés de richesses ».
3) Troisième constat : cette globalisation des marchés s’est accompagnée d’une désintermédiation du financement de l’économie.
Ce rôle prépondérant des marchés par rapport au système bancaire ou par rapport au crédit a profondément modifié les modes de financement économiques traditionnels français et européen et a conduit à une certaine déstructuration du tissu industriel.
Ainsi, tend à disparaître un modèle de transformation économique et financière qui avait assuré, depuis 1945, une certaine économie sociale de marché, marque de l’Europe.
D’où les questions fondamentales adressées à l’Europe – et sans réponse jusqu’à aujourd’hui - :
Comment maintenir une véritable économie sociale de marché consubstantielle à la vision des pères fondateurs de l’Europe et surtout à l’adhésion citoyenne ?
Comment distinguer le bon Argent – l’argent utile – d’une Finance qui ne serait que spéculative ?
Comment retrouve-t-on des valeurs éthiques collectives et individuelles ? Le dérèglement financier que nous vivons n’étant que le reflet d’un vide éthique et du manque de solidarité collective.
2 – Il nous faut donc refonder l’ordre financier
Il nous importe aujourd’hui d’adopter une attitude offensive visant à reprendre la main sur la régulation des marchés financiers.
« Faites-moi de la bonne politique et je vous ferai de la bonne régulation » pour reprendre une phrase célèbre.
La bonne politique, c’est celle qui pose des balises simples et stables, repérables et facilement contrôlables, c’est celle qui oriente, mais aussi permet l’application prompte et impartiale des décisions. C’est celle qui met la croissance et la discipline économique au cœur des priorités et ne se laisse pas fasciner par la puissance financière.
C’est bien d’une bonne politique, d’une vision rigoureuse de l’équité dont nous avons besoin aujourd’hui pour résister à ce que d’aucuns qualifient de dictature de fait des marchés.
A défaut, les citoyens en viendront à rejeter à la fois la finance dont l’utilité est indéniable, ceux qui la pratiquent, ceux qui l’organisent et la régulent qu’ils soient administrateurs ou politiques.
Le Financial Times, peu suspect d’esprit critique à l’égard des marchés, proclame lui-même que le plus grand défi des démocraties modernes est de se protéger contre la captation du pouvoir par les détenteurs de richesse. La réponse n’est plus technique, mais éminemment politique.
Nous devons retrouver une régulation qui assure une organisation transparente des marchés où se confrontent offres et demandes ; où la liquidité de l’économie est assurée ; où les risques sont assumés par ceux qui les prennent et sont traités de manière à ne pas contaminer l’ensemble du système économique, d’où l’importance de la mise en place de véritables chambres de compensation au niveau européen. Le périmètre de cette nouvelle régulation doit couvrir l’ensemble des acteurs, y compris les fonds spéculatifs, les agences de notation, les opérateurs de marché.
Bref, nous ne devons plus avoir des semblants de marchés, mais de véritables marchés. C’est une condition indispensable à la croissance. Ne nous y trompons pas : le retour de la croissance dépendra en grande partie de la confiance que les salariés, les épargnants et les entrepreneurs auront dans le fonctionnement des marchés. Sans transparence, sans confiance, pas de croissance.
Pour remédier à la crise financière économique et morale que nous traversons, nous devons comme autorités publiques ou religieuses, comme citoyens, nous comporter en sachant que le nouveau modèle de développement sera plus sobre en utilisation de ressources naturelles. Nous devons aussi nous adapter en étant conscients que nous n’avons plus ni le monopole de savoirs technologiques, de la recherche, de l’innovation, que la valeur ajoutée se déplace de plus en plus vers d’autres puissances.
Nous n’avons pas encore collectivement assumé ces choix. Voilà le reproche légitime des marchés lorsqu’ils sanctionnent notre surendettement.
3 – Si nous savons ainsi qu’il nous faut reprendre la main sur les marchés, la question la plus cruciale est de savoir comment reprendre la main.
Il faut être clair : nous devons sauter le pas et agir au niveau européen. En continuant à penser et à réagir nationalement, non seulement nous laisserons la domination aux marchés, mais nous nous enfermerons dans des attitudes populistes, ce qui conduira immanquablement à défaire ce qui a été la construction politique la plus originale de l’histoire : l’union des peuples européens, symbolisée par la mise en commun d’une monnaie, l’euro. Avant d’être une construction communautaire, l’euro est avant tout un acte de foi politique.
Aujourd’hui, indépendamment de ce que sont ou ne sont pas nos convictions européennes, il me paraît certain que plus la crise s’approfondit, plus les risques de tensions entre nos peuples sont croissants, plus les risques de rejets de solidarité apparaissent clairement, plus les risques d’un certain déclin s’annoncent.
Afin de prévenir tous ces dangers et de manière plus pragmatique qu’idéologique, nous devons accepter un nouveau partage de souverainetés, non seulement monétaire et budgétaire, mais aussi économique et politique pour ceux et entre ceux qui ont accepté de partager cette monnaie et cette union.
L’heure d’une plus grande intégration économique et politique de l’Europe en réponse à la globalisation et à ses bouleversements a sonné pour deux raisons. Premièrement, il nous faut une masse critique suffisante pour peser face à ces nouvelles puissances économiques ou financières. Ni la France, ni l’Allemagne, ni l’Italie, ni aucune autre nation ne détiennent seules à terme suffisamment de pouvoirs pour cela. Deuxièmement, nous ne pourrons faire vivre nos valeurs et le modèle économique et social auquel nous sommes attachés dans un monde en profonde transformation que si les leviers d’action et de décision sont instaurés à l’échelon européen.
Ceci, bien-sûr, exige de penser une autre Europe davantage citoyenne et démocratique associant le Parlement européen et les parlements nationaux dans le contrôle des décisions.
Voilà ce que nous voulons construire.
***
En conclusion, maîtriser : oui, mais au nom de quoi ? La question qui nous est posée, quelle que soit notre responsabilité dans la société et dans l’Eglise se résume ainsi : subissons-nous la puissance effrénée d’une finance sans garde-fous dans une société sans repères ? Ou maîtriserons-nous notre destin collectif retrouvant ainsi sens et espoir ?
Pour cela, il nous faut allier justice et responsabilité, inventer de nouvelles solidarités. La justice, car sans elle, nous le savons depuis Saint Ambroise et Kant : aucune valeur ne reste à l’homme et aucun pacte social ne peut être construit. La responsabilité parce qu’elle est mère de l’initiative, de la vitalité, de l’engagement. De nouvelles solidarités pour affronter des pauvretés qui pour n’être pas nouvelles n’en sont pas moins plus radicales, pour reprendre l’expression des évêques de France.
Point de justice sans responsabilité, point de responsabilité sans solidarité.
Ce temps de Carême, propice au ressourcement, nous invite à écouter cette voix qui nous dit que le « souci de l’âme » de chacun devient inséparable du « souci de l’âme » de la Cité.
Chacun, et au premier chef le responsable politique, économique ou financier, doit se regarder dans la glace et se demander si ce qu’il fait est utile ou non au bien commun, si l’action conduite repose sur la justice et l’efficacité.
Il nous faut repenser le rapport au matérialisme, au tout argent. L’argent n’est plus une valeur car il n’existe plus de repère dans son utilisation, sa distribution, son rôle. D’où un nouvel argent symbole du triomphe de la cupidité.
Comme nous y invite Saint-Paul, le propre du chrétien n’est-il pas d’« espérer contre toute espérance » ? D’accepter des solutions imparfaites, mais avec ses propres responsabilités de consommateur, d’épargnant, de professionnel, de régulateur, de politique, de chercher à contribuer à une évolution équilibrée, juste et pérenne de l’humanité.
C’est pourquoi, les autorités publiques mais aussi spirituelles doivent dénoncer les excès nés de la cupidité, de l’individualisme. Mais elles doivent également concilier quête de justice et exigence de responsabilité, d’effort pour chacun et pour la collectivité.
Les moments difficiles requièrent toujours plus de volonté, de bonnes volontés, et non l’exaltation d’une laïcité de combat face aux sentiments religieux.
En ces temps de crise et de montée des populismes, aucune autorité politique digne ne peut raviver les querelles entre civilisations et stigmatiser la religion, quels que soient les rites et les pratiques de chacune, comme l’a récemment rappelé Monseigneur Dubost.
Un large œcuménisme n’est pas un archaïsme. Plus l’appel aux instincts retentit, plus la démagogie se substitue à la démocratie, plus l’obscurantisme, y compris financier, s’étend, plus l’éthique recule.
Ne restons pas frileux : dénonçons les dérives et les non sens économiques et financiers. N’hésitons pas à dépasser nos frontières traditionnelles, notre propre souveraineté, notre propre personne.
Soyons animés de grands désirs, ayons de l’amplitude dans notre action, comme le dit Saint Ignace de Loyola dans ses écrits, « Le bien est d’autant plus divin qu’il est universel ».
P. Gaël GIRAUD s.j., théologien
La finance est-elle étique ?
Les Écritures nous invitent à prendre soin de la Création : “Et Dieu vit que tout cela était bon” (Gn 2). Nous avons appris qu’elle est aussi fragile : nos modes de vie, de production, de consommation hérités de la Révolution Industrielle ne sont pas compatibles avec le respect de cette Création, en particulier avec la finitude des ressources énergétiques fossiles et avec la lenteur de reproduction des énergies renouvelables. La Conférence épiscopale d’Allemagne, dans sa déclaration Der Schöpfung verpflichtet (Obligés par la Création [1]) de mai 2011, nous encourage à participer à l’extraordinaire conversion à laquelle nous convoque le défi énergétique. Conversion à un mode de vie sobre, au sein d’une économie décarbonée et d’institutions justes, soucieuses des plus pauvres.
Dieu nous a placés dans un jardin magnifique. C’est à nous qu’il confie la tâche de cultiver ce jardin. Il y a pourtant un obstacle majeur qui nous ralentit beaucoup dans nos efforts, et ils sont nombreux, pour prendre soin de notre planète. C’est la finance dérégulée.
De la libération d’Égypte au Veau d’or.
Les trois décennies d’après-guerre ont été, pour nous, comme une sortie d’Égypte : une libération et une reconstruction menées par une génération héroïque. Les années 1980 ont été l’époque d’un bouleversement dont nous ne mesurons que maintenant l’importance : nous avons insensiblement abandonné le projet des Lumières de construction d’une société autour de l’État et de la société civile, par la culture et le dialogue, pour tenter cette opération inouïe d’organiser l’Europe autour de marchés que nous pensions auto-régulés. Pour ce faire, nous avons dérégulé la sphère financière, lui permettant de prendre des dimensions et d’accumuler une puissance encore inconnues dans l’histoire. Petit à petit, certains de nos décideurs, nos hauts fonctionnaires, nos économistes, nos journalistes se sont laissé convaincre que les marchés financiers pouvaient constituer la seule source de financement de l’économie et, finalement, le moteur de notre prospérité. Certes, des responsables chrétiens ont pris la parole pour dénoncer cette dérive : en France, Michel Albert [2] est de ceux-là. Ils ne furent pas écoutés.
Qu’avons-nous fait, sinon transférer aux marchés financiers les attributs que la théologie classique attribuait à Dieu ? N’avons-nous pas déclaré que les marchés sont “omnipotents”, “omniscients”, qu’ils veulent toujours le plus grand bien de tous ? N’aurions-nous pas construit un Veau d’or : ces marchés financiers anonymes, auxquels, croyons-nous, il conviendrait de tout sacrifier aujourd’hui, comme autrefois au dieu Moloch [3] ? Comment se fait-il que nous ayons sacrifié l’idéal européen aux rapports de force marchands ? Je l’ai dit d’emblée : à l’origine, la Création est bonne, et elle n’est pas violente. Comment avons-nous pu ériger la concurrence dérégulée, cet autre nom de la violence, en fondement du lien social, alors que nous croyons, dans la foi, que la violence n’est pas à l’origine, qu’elle est seconde ? Peut-être beaucoup de nos politiques étaient-ils intellectuellement dominés par les financiers de la City, de Wall street et de Francfort ? Peut-être le sens des responsabilités de beaucoup de décideurs a-t-il été anesthésié par les perspectives de profit formidables que la finance pouvait promettre ?
Aujourd’hui, pour beaucoup d’entre nous, l’amertume est immense. Athènes vit aujourd’hui un drame humanitaire, dont, souvent, nous ne mesurons pas la gravité [4]. Face à un tel désastre, la colère ne manque pas de surgir. Il importe, dès lors, en tout premier lieu, de résister à la tentation de la violence, du repli nationaliste ou autoritaire. L’Idée régulatrice européenne ne doit pas être abandonnée au motif que certains financiers ont tenté de la détourner à leur profit, notamment en spéculant sur la Grèce et un certain nombre d’autres pays. Il s’agit, aujourd’hui, de commencer véritablement l’édification d’une Europe politique guidée par le projet des Lumières, lequel s’enracine ultimement dans la Sagesse biblique [5]. C’est dans ce sens que la Commission des Épiscopats de la Communauté Européenne vient d’appeler, le 12 janvier dernier, à une plus grande intégration et solidarité budgétaires au sein de la zone euro [6].
Le secteur bancaire et les marchés financiers doivent pouvoir jouer un rôle, limité, certes, mais important, au sein de nos économies. Il ne s’agit pas de leur dénier leur fonction, ni de diaboliser l’usage raisonné de l’argent. Mais de comprendre que l’argent, le secteur bancaire, le système financier ne sont que des instruments au service du bien commun, et qu’ils n’ont rien de sacré. Dès lors, quand un instrument remplit mal sa fonction, il faut le changer. Sortir de la sacralisation du Veau d’or requiert de nous une véritable conversion du cœur. L’or, ça ne se mange pas. C’est le constat amer que Moïse impose aux siens lorsque, descendu du Sinaï, il choisit de faire fondre le Veau d’Or et d’en faire boire la poudre mélangée à de l’eau (Ex 32, 20). Les actifs financiers, non plus, ça ne se mange pas. Et les programmes informatiques qui matérialisent, aujourd’hui, l’essentiel de notre monnaie ne “parlent pas” (Ps 115,9). Il nous faut renoncer à la sidération idolâtre dans laquelle nous plonge la sphère financière depuis une génération. Pour nous sortir de l’hypnose, Saint François d’Assise s’y prend d’une manière forte, lui qui était fils de marchand, en comparant l’argent au “crottin du diable” ! Ce qu’il veut nous faire entendre par là, c’est que, plutôt que de palper l’or, il vaut mieux, à la suite du Christ, toucher les lépreux et les exclus. C’est en se risquant à une vraie rencontre avec les laissés-pour-compte de notre société, avec les “petits du Royaume” (Lc 10, 21), en travaillant à les réintégrer dans notre société, que chacun de nous pourra apprendre à mettre fin à sa propre complicité, au moins passive, sans laquelle les financiers n’auraient jamais pu construire les jeux mortels qui menacent désormais de déchirer le lien social européen [7]. Car les professionnels de la finance ne sont pas les seuls à s’être laissé envoûter : nous tous sommes fascinés par les sortilèges des marchés. Le risque de faillite de l’Europe aura au moins ce mérite : nous faire sortir de la folie qui croit que de simples paris d’argent peuvent rendre notre monde plus prospère [8]. Une fois sortis de la sidération, nous pourrons alors de nouveau désirer (de-siderium) autre chose que de consommer toujours davantage et toujours plus vite. Autre chose que la saturation du ventre, du sexe, de l’intelligence, du pouvoir... Alors le Ciel pourra s’ouvrir à nouveau, et nous pourrons faire l’expérience que Celui que nous désirons au plus profond de nous mêmes, est déjà là, parmi nous. À la manière du mystérieux jardinier de Marie-Madeleine (Jn 20, 14-15).
Cela veut dire : consentir à chercher Dieu au désert dans lequel nous sommes entrés en sortant de l’Égypte totalitaire et de la guerre - le désert de la démocratie où tout est à construire ensemble, par la parole échangée. Le désert, justement, où l’on rencontre Dieu. Le temps liturgique du carême, qui est le nôtre aujourd’hui, n’a pas d’autre sens : “je l’enverrai au désert et je parlerai à son cœur” nous dit le prophète Osée à propos de sa bien-aimée (Os 2, 16). C’est une manière, pour Dieu, de nous dire que c’est là qu’il vient à notre rencontre, que c’est au désert qu’il nous attend pour changer notre cœur de pierre en cœur de chair. Le Seigneur ne nous abandonne pas, de même qu’il n’a pas abandonné son peuple au désert, même après que ce peuple l’eut rejeté. Je puis témoigner que je rencontre des banquiers courageux, dont certains sont chrétiens, qui ont compris qu’il nous faut changer de système financier. Et qui réfléchissent au modèle de la banque de demain, qui organisent des places financières structurées par des codes déontologiques sérieux. Je rencontre aussi beaucoup de jeunes, des étudiants notamment, qui veulent travailler dans le secteur de l’économie sociale et solidaire, et, surtout, qui sont impatients d’amorcer la transition écologique dont nous avons besoin. Car ils veulent contribuer à sauver la belle Création qui nous a été confiée ; car ils sont solidaires des générations futures. C’est à eux tous que notre avenir appartient. Ils sont le signe que l’Esprit continue de travailler notre corps social avec la patience amoureuse qui le caractérise. En s’appuyant sur ce travail de Dieu déjà à l’œuvre parmi nous, chacun de nous peut entendre l’appel à la conversion et croire qu’un chemin est possible à construire en Europe et dans le monde. Être chrétien, c’est refuser la fatalité, et nous ne sommes pas plus condamnés à un destin tragique aujourd’hui que nous ne l’étions hier, même aux heures les plus sombres de notre histoire.
À quoi ressemble notre Terre promise ? Quelle sera la couleur de l’oasis, du jardin où “coulent le lait et le miel” (Ex 3, 8) auquel nous aspirons ? Une société post-carbone en est sûrement l’une des caractéristiques, parmi d’autres. Le plus court chemin qui y mène pourrait bien être un grand programme européen de réindustrialisation verte, financé, par exemple, par la Banque Européenne d’Investissement. Nous avons les ressources de l’intelligence pour faire de l’Europe le leader de la transition écologique. Une politique de transition énergétique et climatique n’exige aucune révision des Traités européens. Elle permettrait de créer massivement des emplois, de réduire notre dépendance au pétrole, d’améliorer par conséquent la balance commerciale européenne, et de limiter notre production de gaz à effet de serre [9]. Le secteur privé aura beaucoup de mal à financer un tel programme de transformation ; la Banque Européenne d’Investissement devra donc créer de la monnaie pour soutenir la mutation de notre industrie, notre agriculture, notre logement, nos services, nos transports, vers un monde moins polluant et moins dépendant du pétrole. La Banque Centrale Européenne, à Francfort, a déjà créé plusieurs milliers de milliards d’euros pour sauver les banques. Et cela n’a pas provoqué d’inflation. Ne peut-on pas créer de la monnaie, cette fois, pour aider l’Europe à s’engager vers une société “verte” ? Dans la parabole des talents (Mt 25, 1-14), le Maître crée de la monnaie ex nihilo, ces fameux talents (pecunia dei) qui, si nous les investissons intelligemment, peuvent rapporter cent pour un. Alors, qu’attendons-nous ?
Le Christ pauvre et nu, aujourd’hui.
Nous attendons, en vérité, que les professionnels de la finance de marchés, leurs créanciers et leurs actionnaires, consentent à lâcher le Veau d’Or. Tant que la finance dérégulée promettra des rendements de 15% par an, l’épargne ne pourra pas être investie dans un programme d’industrialisation verte qui ne sera rentable que dans le temps long. L’épargne, pourtant abondante en Europe, restera captée par le casino international des marchés. C’est donc à nous, en France, en Europe, au sein de la société civile, dans nos Églises, d’exiger du politique qu’il prenne les mesures qui s’imposent pour réguler les marchés financiers. En Allemagne, face à la déroute des banques classiques, des grands groupes industriels comme Siemens et Volkswagen ont créé leur propre banque commerciale : une banque véritablement au service de l’industrie. Quand la France industrielle comprendra-t-elle que les marchés dérégulés risquent de la conduire à sa perte ?
Le Conseil pontifical Justice et Paix, à l’automne 2011, a demandé des réformes très claires. [10] Primo, la mise en place d’une taxe sur les transactions financières. Si nous l’avions fait en 2008, le problème des dettes publiques en Europe serait aujourd’hui réglé. Cette taxe est aujourd’hui soutenue à juste titre par la France. Secundo, la séparation des métiers de la banque d’investissement et de la banque de dépôt. La Grande-Bretagne est plus avancée que l’Europe continentale sur cette réforme fondamentale contre laquelle les banques françaises sont vent debout. Tertio, la recapitalisation des banques sous condition : cela veut dire que, contrairement à ce que nous avons fait en 2008, lorsque l’État vole au secours d’une banque privée en faillite, il doit entrer dans son Conseil d’Administration pour garder un droit de regard sur l’usage qui sera fait de l’argent du contribuable.
Déjà, en 1931, le pape Pie XI nous avertissait en des termes vigoureux, dans son encyclique Quadragesimo Anno. Il n’hésitait pas à dénoncer “la concentration des richesses, [...] l’accumulation [...] d’un pouvoir économique discrétionnaire, aux mains d’un petit nombre d’hommes qui d’ordinaire ne sont pas les propriétaires, mais les simples dépositaires et gérants du capital qu’ils administrent à leur gré. (113)” “Cette concentration du pouvoir et des ressources [...], estimait-il, est le fruit naturel d’une concurrence dont la liberté ne connaît pas de limites ; ceux-là seuls restent debout, qui sont les plus forts, ce qui souvent revient à dire, qui luttent avec le plus de violence, qui sont le moins gênés par les scrupules de conscience. [...] La libre concurrence s’est détruite elle-même, conclut le pape ; à la liberté du marché a succédé une dictature économique” (117). Cette dictature, ce n’est pas celle du collectivisme soviétique, auquel Pie XI consacre des pages tout aussi cinglantes, mais c’est bien celle des financiers.
Aujourd’hui, dans le contexte des dettes publiques européennes, la parabole de l’intendant avisé, dans l’Évangile de Luc (Lc 16, 1-13) peut se lire ainsi : cet intendant, lui aussi, a mal géré l’argent qui lui avait été confié. En renonçant à exiger le remboursement d’une créance qui ne lui a rien coûté, en remettant une partie des créances de son maître, il restaure le lien social et protège la relation d’amitié qui le lie à d’autres. Aujourd’hui, être un “enfant de lumière avisé”, ce n’est pas jouer au casino sur des dark pools puis imposer des coupes sombres dans le budget des États pour échapper à sa propre faillite [11] ! C’est aider à faire en sorte que la zone euro n’implose pas. Inversement, lorsque je mets à genoux des pays entiers au motif qu’ils ne sont pas en mesure de rembourser une dette que j’ai moi-même gonflée en exigeant des taux d’intérêt exorbitants, ne suis-je pas en train de commettre un péché grave ?
Car, aujourd’hui, le Christ pauvre, assoiffé, nu et malade de l’Évangile (Mt 25), ce sont les chômeurs et les travailleurs précaires d’Europe, en particulier les 8 millions de Français qui vivent en dessous du seuil de pauvreté ; ce sont les 6 millions de Français - souvent les mêmes - qui souffrent d’exclusion bancaire. Ce sont en particulier les enfants pauvres. Entre 2007 et 2010, le taux de grande pauvreté des enfants de moins de 6 ans a augmenté de 40% en France…
Il n’est pas inutile de rappeler que créer de la monnaie ne coûte quasiment rien à une banque commerciale. Par définition, une banque prête de l’argent qu’elle n’a pas et qu’elle crée au moment même où elle le prête. C’est une simple opération d’écriture sur un ordinateur. Cette création sans coût, ou presque, s’apparente à la création ex nihilo de Dieu. Et elle peut, en effet, donner à certains banquiers le sentiment de la toute-puissance. Le P-DG de Goldman Sachs, Lloyd Blankfein, déclarait ainsi, en 2009 : “je ne suis qu’un banquier qui fait le travail de Dieu” [12]. Mais l’analogie avec le pouvoir créateur du Dieu de la Bible se tourne en sinistre parodie lorsque ces mêmes banquiers sont capables d’exiger que l’on saigne à blanc leurs débiteurs pour récupérer un argent qui ne leur a presque rien coûté. Au contraire, le Dieu d’Israël, Celui que le Christ appelle “Père”, crée et donne la vie gratuitement, pour rien, sans rien attendre en retour, dans une surabondance amoureuse.
Quid agendum ?
Dans ces conditions, que faut-il faire ? Avant tout, je crois que nous avons tous à réapprendre la dimension collective de l’exigence éthique : la morale de l’honnêteté individuelle ne suffit plus. Ne pas puiser dans la caisse est une condition minimale qui, même si elle n’est pas toujours respectée, demeure minimale. Il ne suffit plus d’obéir aux règles du jeu, il nous revient de réécrire ces règles quand celles-ci sont manifestement injustes ou quand elles conduisent au désastre. Concrètement, pour la plupart d’entre nous qui ne travaillons pas directement sur les marchés financiers, cela peut consister à prendre part aux campagnes contre les paradis fiscaux et pour la réforme du secteur financier, lancées par Le Pèlerin, le Secours catholique, le CCFD, le CERAS... Les professionnels de la finance, quant à eux, pourraient réapprendre à se soumettre aux autorités publiques en charge d’édicter les nouvelles règles du jeu. Se soumettre aux autorités [13], cela veut dire collaborer loyalement avec les régulateurs, en particulier avec l’Autorité des Marchés Financiers, dont le président, Monsieur Jean-Pierre Jouyet, va prendre la parole dans un instant. Déjà, la conférence des évêques de France nous y invitait dans sa déclaration du 21 juin 2010 : “Restaurer la confiance”. Il nous appartient de réguler la finance afin que celle-ci puisse de nouveau remplir le service qu’elle doit à la société [14]. C’est une condition sine qua non pour lancer notre vaste programme d’industrialisation verte, lequel est, sans doute, le meilleur moyen, pour l’Europe, aujourd’hui, d’échapper à la déflation à laquelle nous condamnent les plans d’austérité. Et aussi d’échapper au désespoir qui fait le lit des démagogies populistes : ce désespoir-là est celui-là même qui fit regretter l’Égypte au peuple hébreu qui se croyait abandonné dans le désert (Nb 11,3).
“ Vois-tu quelque chose Jérémie ? ” demande le Seigneur au prophète (Jr 1, 11). Comme Jérémie, nous pouvons lui répondre : je vois des armées qui vont fondre sur le royaume et le mettre en pièces. Cela, c’est ce qui nous menace si nous nous entêtons dans une logique financière mortifère. Mais avec Jérémie, nous pouvons répondre aussi : “je vois fleurir la fleur d’amandier”. Cela, au cœur de l’hiver, c’est l’espoir d’un printemps, d’une Résurrection, l’esquisse d’un jardin, d’une Terre promise. Elle est déjà là. À nous de la faire grandir...
Biographie M. Jean-Pierre Jouyet
Jean-Pierre Jouyet, né en 1954 à Montreuil-sous-Bois, préside depuis décembre 2008 l’Autorité des Marchés Financiers. Actuellement président du Conseil d’administration de l’Institut Pasteur et du Conseil de surveillance de l’Institut Aspen, il a été par le passé secrétaire d’Etat chargé des Affaires européennes (2007-2008) et chef du service de l’Inspection générale des Finances (2005-2007). Nommé à l’Inspection générale des Finances à la sortie de l’ENA, il est devenu par la suite directeur du Trésor de 2000 à 2004 et directeur adjoint du cabinet du Premier ministre de 1997 à 2000. Il a été directeur adjoint puis directeur de cabinet du président de la Commission européenne (1991-1995).
Par ailleurs professeur associé à l’Université Paris Dauphine, Jean-Pierre Jouyet est l’auteur de plusieurs ouvrages, dont N’enterrez pas la France, 2007 avec Philippe Mabille et "Nous les avons tant aimés", aux Editions Robert Laffont (2010).
Biographie P. Gaël Giraud
Le père Gaël Giraud, jésuite, né en 1970, est chercheur au CNRS en économie. Actuellement membre de l’Ecole d’économie de Paris, du conseil scientifique du Laboratoire d’Excellence ReFI (dédié à la régulation financière) et membre fondateur de l’observatoire européen Finance Watch, il enseigne en tant que professeur associé à l’ESCP-Europe et au Centre Sèvres (facultés jésuites de Paris). Avant d’entrer dans la vie religieuse, le P.Gaël Giraud, qui collabore à la commission « Famille et Société » de la Conférence épiscopale de France, a travaillé comme consultant scientifique pour différentes banques d’investissement.
Il est l’auteur de nombreux articles (notamment au sein de la revue Etudes et de la revue jésuite Projet) et de différents ouvrages. Récemment, il a publié La Théorie des jeux (Flammarion, 3e éd. 2009) et co-dirigé avec Sr Cécile Renouard Vingt Propositions pour réformer le capitalisme (Flammarion, 3ème éd. 2012).
[1] Der Schöpfung verpflichtet. Anregungen für einen nachhaltigen Umgang mit Energie. Ein Expertentext zu den ethischen Grundlagen einer nachhaltigen Enegieversorgung. Arbeitshilfen Nr. 245.
[2] Capitalisme contre capitalisme, Le Seuil, 1991.
[3] Jr 32.35, Lv 18, 21 ; 20, 2-5 ; 2 R 23, 10.
[4] Focus-on-line Cf. G. GIRAUD, C. RENOUARD et alii « La Grêce et le secteur bancaire européen », La Croix, 19 janvier 2012.
[5] Gerhard von Rad, Weisheit in Israel, Neukirchen-Vluyn : Neukirchener 1970.
[6] Une communauté européenne de solidarité et de responsabilité – déclaration des évêques de la COMECE sur l’objectif d’une économie sociale de marché compétitive dans le Traité de l’UE, COMECE, 12 janvier 2012.
[7] Cf. Christoph THEOBALD sj, “Du goût de vivre en citoyen – point de vue d’un théologien”, Etudes, 4161, janvier 2012, pp. 67-78.
[8] Cf. “L’Europe, entre faillite et reconstruction : année zéro”, Etudes, février 2011, p. 241-243.
[9] Cf. Alain GRANDJEAN, Propositions 7 et 8 in Vingt Propositions pour réformer le capitalisme, C. RENOUARD & G. GIRAUD (dir.), Flammarion, 3 éd. 2012.
[10] Pour une réforme du système financier et monétaire international dans la perspective d’une autorité publique à compétence universelle, Conseil pontifical Justice et Paix, octobre 2011.
[11] Cf. “Vers le krach des dettes publiques", Projet 4/2011 (n. 323), p. 79-86.
[12] Sunday Times, 8 novembre 2009.
[13] Cf. Gaston FESSARD sj, Autorité et bien commun, Aubier, 1969 ; Michel de CERTEAU sj, “Autorités chrétiennes”, Etudes, 2000/10 (Tome 393).
[14] Caritas in veritate. L’amour dans le concept de la vie sociale, 29 juin 2009, BENOÎT XVI, 65. Cf. Propositions 9 à 11 in Vingt Propositions pour réformer le capitalisme, op. cit.