« Un peuple de paix » à Paris
Paris Notre-Dame du 5 septembre 2024
Du 22 au 24 septembre, se tiendra, à Paris, la Rencontre internationale pour la paix, organisée par Sant’Egidio, à l’invitation, cette année, de Mgr Laurent Ulrich, archevêque de Paris. Une rencontre qui a lieu tous les ans, depuis 1986, afin de réunir un « peuple de paix » venant du monde entier. Décryptage avec Valérie Régnier, présidente de Sant’Egidio France.
Paris Notre-Dame – Quelle est la genèse de cette Rencontre internationale pour la paix, qui fête cette année sa trente-huitième édition annuelle ?
Valérie Régnier – Il faut remonter au 27 octobre 1986, lors de la première rencontre convoquée par le pape Jean-Paul II, à Assise (Italie). Souhaitant s’associer à l’Année internationale de la paix, décrétée par les Nations Unies, le pape choisit de réunir – et c’est une première dans l’Histoire – pas moins de 130 responsables religieux du monde entier, pour une journée de prière pour la paix à Assise, ville de saint François, connu pour être un homme de paix. Le monde est alors marqué par la guerre froide, la menace nucléaire, et, déjà, par un conflit au Moyen Orient. Lors de son discours conclusif, le pape a rappelé que la paix n’est pas seulement l’affaire de spécialistes, ni même de gouvernants, mais bien de tous. Sant’Egidio – qui était présent sur place, en charge de la délégation musulmane – a reçu cette phrase avec responsabilité, comme une invitation à poursuivre l’esprit d’Assise, en organisant chaque année ces rencontres pour la paix, de ville en ville, à la manière d’un pèlerinage.
P. N.-D. – Cet esprit d’Assise, comment se manifeste-t-il concrètement ?
V. R. – Le format des rencontres s’est élargi, à la fois dans son format, en basculant sur trois journées au lieu d’une, mais aussi en s’ouvrant au monde de la culture, de la politique et de la société civile et en laissant une grande place à toutes les pauvretés qui frappent le monde. Si tu veux la paix, aime les pauvres ; c’est la grande conviction de Sant’Egidio. En mettant les pauvres au cœur de nos rencontres, on veut combattre la résignation à la guerre, qui est mère de toutes les pauvretés, soigner les blessures du monde et ainsi retrouver le chemin de la paix.
P. N.-D. – La rencontre a pour thème cette année « Imaginer la paix ». Est-ce que la paix est vouée à n’être que le fruit de notre imagination ?
V. R. – « Imaginer », ici, ne se rapporte pas au rêve, ou au songe, mais bien à l’action concrète de planifier, concevoir, préparer, à notre échelle, la paix. Nous ne sommes pas naïfs ; le monde entier est en guerre – on peut même parler, comme le pape François, d’une guerre mondiale en morceaux. Le mot « paix » est même banni du vocabulaire courant. Imaginer la paix, c’est déjà poser un acte de résistance et donner un cap d’espérance. Concrètement pour chacun de nous, cela veut dire faire croître la compassion dans le cœur de la société. D’abord par la prière ; ensuite par la solidarité, ici et là-bas, au plus près des populations en zone de conflits. C’est ce que nous faisons depuis cinquante-six ans, sur de nombreux théâtres de guerre, et actuellement en Syrie, en Ukraine et dans plusieurs pays d’Afrique.
P. N.-D. – Comment s’articuleront ces trois jours de rencontre ?
V. R. – Le rassemblement commencera par l’assemblée inaugurale au Palais des Congrès, le dimanche 22 septembre ; elle réunira de nombreux représentants des institutions – et notamment le président de la République française, Emmanuel Macron –, des Églises chrétiennes – comme Mgr Laurent Ulrich, archevêque de Paris, mais aussi le patriarche chaldéen, Mgr Louis Raphaël Sako, ou encore l’archevêque de Canterbury, Mgr Justin Welby –, du judaïsme, de l’islam, du bouddhisme, de l’hindouisme et des religions asiatiques, mais aussi du monde économique, politique et culturel – comme Amin Maalouf, Secrétaire perpétuel de l’Académie Française, Jean-Yves Le Drian, ancien ministre, ou encore Andrea Riccardi, fondateur de Sant’Egidio. Vingt-et-un forums seront proposés durant trois jours, en plein centre de Paris, autour des questions émer¬gentes de notre temps, et notamment les thèmes de la paix et du désarmement, de la crise environnementale et des migrants, de la démocratie et de la solidarité. La rencontre s’achèvera sur le parvis de Notre-Dame, mardi 24 septembre, où un appel à la paix sera proclamé, et remis de manière symbolique aux ambassadeurs et aux gouvernants présents ; un message du pape François est aussi attendu.
Propos recueillis par Charlotte Reynaud
Informations et programme sur imaginer-la-paix-paris-2024.fr ;
événement gratuit sur inscription obligatoire.
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