« Une unité est possible, au-delà de nos différences »

Paris Notre-Dame du 1er août 2024

Alors que les Jeux olympiques battent leur plein, rencontre avec Mgr Philippe Marsset, évêque auxiliaire de Paris et initiateur de Holy Games, le programme d’accompagnement des compétitions sportives de 2024 de l’Église catholique.

Mgr Philippe Marsset, évêque auxiliaire de Paris, est l’initiateur de Holy Games.
© Marie-Christine Bertin

Paris Notre-Dame – Depuis deux ans, vous travaillez sur le projet baptisé Holy Games (Jeux saints, NDLR) pour accompagner les Jeux olympiques. Alors que les olympiades ont commencé, que proposez-vous précisément ?

Mgr Philippe Marsset – L’objectif est de teinter les valeurs sportives des valeurs évangéliques, et de se saisir de cet événement pour approfondir le lien entre sport et foi, promouvoir la paix et montrer que l’Église est présente dans la vie des hommes. Le premier volet, c’est animer une aumônerie pour les sportifs ; elle est prévue dans les statuts du CIO et la demande, nous le savons, est très forte. En Angleterre, lors des Jeux de 2012, il y a eu 8 000 demandes d’accompagnements. Quarante-cinq aumôniers catholiques – hommes et femmes, laïcs ou consacrés – sont mobilisés pour cet événement (chaque jour, de 7h à 22h), dans un espace que nous partageons avec les protestants et les orthodoxes ; providentiellement, une entrée du Village olympique se situe à 50 m de l’église de St-Ouen-le-Vieux (Seine-St-Denis), où nous proposons, chaque jour, la messe en français et dans deux autres langues vernaculaires. À Paris, une partie des églises manifestent cette volonté d’accueil, en proposant des initiatives culturelles, solidaires, spirituelles et missionnaires. Un autre volet d’Holy Games est d’organiser des rencontres sportives et spirituelles tout au long de l’année ; en plus de créer du lien, c’est un bon moyen de toucher la jeunesse qui fréquente plus assidument les terrains de sport que nos églises. Enfin, nous avons aussi une attention toute particulière à la solidarité ; à la fois en proposant des places aux plus fragiles, en accompagnant les Jeux paralympiques et aussi en soutenant le maintien de services d’hébergement d’urgence ou de distribution alimentaire pendant les Jeux.

P. N.-D. – Vous parlez de promouvoir la paix, et c’est le sens de la trêve olympique. Comment vivre ce temps dans un contexte de clivages en France et de conflits dans le reste du monde ?

P. M. – Il faut laisser les portes ouvertes à Dieu, en lui offrant ce temps pour décliner la religion comme un facteur de paix, elle qui est souvent perçue comme source de tensions dans l’histoire du monde. Une concorde est possible. C’est ce que nous voulons montrer avec la rencontre interreligieuse qui se tiendra le 4 août sur le parvis de Notre- Dame, en présence des aumôneries des cinq confessions présentes sur le Village olympique. Il y a, dans les compétitions sportives, un esprit de communion qui transcende les clivages politiques et nous rappelle qu’une unité est possible au-delà de nos différences.

P. N.-D. – En tant que pasteur, quelle est votre espérance ? Quels fruits très concrets avez-vous pu observer ?

P. M. – Mon espérance, c’est que ces rencontres créent des liens concrets qui permettent de mieux nous connaître et d’éviter la peur de l’autre. Concernant les fruits concrets que j’ai pu observer, je voudrais d’abord souligner la grande joie des volontaires vécue dans cette mission. Monter Holy Games a permis de mener un travail intergénérationnel, avec une grande mobilisation des jeunes autour de ce projet ; on a pu également déployer, avec des colloques, une réflexion innovante sur la théologie du sport ; l’organisation de tournois sportifs entre prêtres a été un signe d’unité et de fraternité ; j’ai aussi l’espoir que l’effort que nous avons porté sur les différentes catéchèses – que ce soit à destination des volontaires, pendant les JOP, ou des collégiens et lycéens de l’enseignement diocésain, pendant l’année – portent du fruit et rejoignent ces jeunes. Enfin, la diffusion, dans Le Jour du Seigneur sur France 2 et sur KTO, de quatre messes animées par Holy Games permet de toucher un autre public.

P. N.-D. – Quel est l’avenir d’Holy Games ?

P. M. – C’est la première fois qu’un dispositif d’accompagnement spirituel d’une telle ampleur est proposé par l’Église. Ce modèle va désormais s’exporter à l’international, et nous recevons, en ce moment, la délégation envoyée par l’Église américaine pour les Jeux olympiques de Los Angeles, en 2028. Mais ce dispositif a vocation à perdurer même hors de toute compétition sportive, à la fois dans son accompagnement spirituel des sportifs de haut niveau, mais aussi dans son volet événementiel, en organisant des rencontres sportives et spirituelles, locales et nationales, afin d’avancer toujours « plus haut, plus vite, plus fort ».

Propos recueillis par Charlotte Reynaud

Holy Games

Focus