Cycle 2016 – La terre, quels droits pour quelle justice ?
Nous oublions souvent que tous les hommes et tous les êtres de l’univers sont unis par de multiples liens invisibles. Aussi notre propre corps est-il constitué d’éléments de la Terre. Son air nous donne le souffle et son eau nous vivifie comme elle nous restaure (François, Laudato Si’, n° 2). « Loué sois-tu mon Seigneur pour soeur notre Mère la Terre » (saint François d’Assise). Dans le récit de la genèse, Adam vient de « adamah » qui signifie « terre » (Gn, 2,7), l’espèce humaine est elle-même tirée de la terre.
« Grande et belle est notre Terre, notre « maison commune ». Ainsi les biens de la terre ne sont pas de simples moyens à la discrétion de l’homme mais méritent respect et sont destinés au développement et au bien de tous : l’homme est invité à « cultiver et garder » le jardin du monde (Gn, 2,15).
Mais aujourd’hui, la Terre et les pauvres souffrent et implorent. Nous avons progressivement pris conscience de l’ampleur des dévastations infligées au monde de la nature, par le comportement d’hommes indifférents aux exigences de l’ordre et de l’harmonie de la terre ainsi que de la justice entre les hommes. Les menaces sur la terre sont multiples qui affectent les hommes, en particulier les plus pauvres : pollution, réchauffement climatique, épuisement des ressources naturelles comme l’eau potable, enfin perte de la biodiversité.
Le 12 décembre 2015 195 États ont conclu un accord historique prenant acte du danger mortel pour l’humanité que représente le réchauffement climatique
Face à ces graves menaces, le législateur a réagi en introduisant le droit de l’environnement qui a pour objet de protéger la nature face aux droits individuels. Mais la simple réparation et la limitation des dégâts écologiques paraissent insuffisantes. « Notre maison brûle et nous regardons ailleurs » (J. Chirac). Dans l’encyclique Laudato Si’, le Pape François nous invite à une véritable transformation du rapport de l’humanité à la nature comme de celui qui régit les relations entre les hommes eux-mêmes. Il prône une écologie intégrale.
La terre ne nous appartient pas. Il y a une destination commune des biens qui nous sont confiés. Ainsi l’exploitation de l’eau ou bien encore des terres agricoles doit être pensée en fonction de cette écologie intégrale. La terre devient sujet de droit.